Aujourd’hui, les organisations qui luttent contre le racisme sont partagées entre deux approches.
La première consiste à considérer d’abord le racisme comme un comportement individuel blâmable, comme le harcèlement sexuel, qui peut se rencontrer dans tous les groupes humains.
La seconde consiste à mettre l’accent sur son caractère systémique, le rôle des institutions publiques, en organisant les victimes du racisme, premières concernées par la lutte pour leur émancipation.
La première approche se considère comme universaliste, ses partisans estiment que la seconde est communautaire, voire communautariste. Leur combat se veut également féministe, laïque, opposé à toutes les discriminations, y compris celles fondées sur l’orientation sexuelle.
La seconde se veut politique, et considère que la première est morale, voire paternaliste : « Être raciste, c’est vilain !! Touche pas à mon pote ! »
Cette semaine, le président des États-Unis d’Amérique (je n’écris pas le président américain, par respect pour les Canadiens, Brésiliens, qui sont tout aussi américains) a décidé de reconnaître Jérusalem comme la capitale de l’État d’Israël, et d’y transférer l’ambassade de son pays.
Cette décision est contraire à toutes les résolutions des Nations Unies sur la question. Elle risque de déclencher une flambée de violences et de mettre à feu et à sang toute la région, voire plus.
Elle signe l’acte de décès du processus de paix initié par les accords d’Oslo en 1993, dont il ne restait plus depuis longtemps que le processus (on fait semblant de négocier pendant que la colonisation continue) sans la paix.
Un nouvel axe stratégique se dessine : États-Unis, Israël, Arabie Saoudite. Les gouvernements de ces trois pays sont influencés ou contrôlés par des forces religieuses dangereuses pour la paix du monde.
Les wahhabites saoudiens ont financé et continuent probablement de financer des mouvements terroristes, en diffusant également la version la plus sectaire et la plus rétrograde de la religion musulmane.
Les économies occidentales sont droguées à l’agent saoudien (et d’autre pays du Golfe persique), les États vendent les armes qui sont utilisées pour anéantir le Yémen. Si un jour, un commando yéménite ivre de haine s’en prend à un pays occidental, il ne faudra pas chercher pourquoi.
La coalition au pouvoir en Israël et largement majoritaire dans le pays s’appuie sur une interprétation littérale de la Bible hébraïque. Les partis religieux jouent un rôle de plus en plus important dans la définition de la politique intérieure et extérieure. Pour les non-religieux, le principe est le suivant : « Peu importe de savoir si Dieu existe, mais on est sûrs qu’il nous a donné ce pays ».
Cette même interprétation littérale (plus celle du Livre de l’Apocalypse) conduit les chrétiens évangéliques à soutenir l’entreprise sioniste, préalable nécessaire au retour du Messie, fut-ce au prix d’une guerre mondiale.
Les trois idéologies se sont fait également remarquer par leur mépris des femmes et leur sexisme.
Alors, on aurait pu penser que les « universalistes » réagiraient en fonction de leurs principes à cette décision dangereuse, et qu’ils ne laisseraient pas les « communautaristes » avoir le monopole de l’indignation, avec la gauche de gauche et les associations de soutien à la cause palestinienne.
J’ai cherché à savoir si c’était le cas, en consultant leurs sites Web :
La « Une » s’ouvre sur le processus de paix (réel celui-là) au Pays basque, dans lequel la Ligue s’est investie.
Les communiqués les plus récents (moins de deux semaines) portent sur :
le projet gouvernemental de tri des sans-abris (08/12/2017)
la baisse des APL (07/12/2017, 28/11/2017))
les mesures de l’état d’urgence déclarées contraires à la constitution (04/12/2017)
l’exploitation de l’or en Guyane (01/12/2017)
la situation au Maroc (30/11/2017)
la question des archives (28/11/2017)
l’emprisonnement de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri (28/11/2017)
En tête de la « Une » :
Un communiqué dénonçant le stage syndical organisé par Sud Éducation 93 (21/11/2017)
Une enquête sur l’état des lieux des discriminations en France (23/11/2017)
L’esclavage en Libye
une lettre ouverte à la députée FI Danièle Obono, coupable de complaisance envers Houria Bouteldja.
Un hommage à « Johnny l’antiraciste » (07/12/2017)
Le racisme dans le sport (07/12/2017)
une campagne avec l’ESDES (Catho de Lyon)
Le communiqué le plus récent (23 octobre 2017), dans la rubrique dédiée est consacré au 45ème anniversaire de la loi Pleven
Bref, la Palestine est presque rayée de la carte, mais n’est plus non plus dans le viseur des « universalistes »
Alors, ils ont piscine depuis quelques jours ?
Mais ils ont eu le temps auparavant de dénoncer les « méchants communautaristes ».
Outre la lettre ouverte à Danièle Obono, SOS-Racisme a publié une tribune d’un « musulman laïque » qui enfile les contre-vérités.
La LICRA a dénoncé Houria Bouteldja, Sud-Éducation 93, un prédicateur de l’UOIF (les propos qui lui sont reprochés sont effectivement scandaleux).