La LICRA fait-elle du prosélytisme pour les Baha'i ?
L'enseignement du fait religieux à l'école fait débat. Les adversaires mettent en avant le danger de prosélytisme et refusent absolument que des intervenants extérieurs viennent faire la promotion de leur religion. Les partisans expliquent que les faits religieux sont des faits de société et qu'il est indispensable que les élèves et étudiants aient des connaissances communes, indépendamment de celles acquises dans leur environnement familial. Bref, que chacun sache quelles sont les bases du christianisme, de l'islam, du judaïsme, du bouddhisme, etc.. Ce qui lui permettra de mieux comprendre non seulement les enjeux politiques actuels, mais aussi l'histoire, l'histoire de l'art, etc..
L'exercice est ardu, car il faut éviter à la fois :
de resservir sans esprit critique1 l'image que les religions veulent donner d'elles-mêmes
de choquer des élèves (et leurs parents) à cause de même esprit critique.
Le document rédigé par la LICRA2 fait la part belle à cet enseignement du fait religieux. Sur 103 articles, 23 sont sacrés aux questions de religion, en plus des 5 consacrés aux mouvements politico-religieux.
Le premier, dans l'ordre alphabétique, est consacré aux Baha'is. Je précise tout de suite que je n'ai rien de particulier contre ces derniers, que je connais mal leur histoire et leur foi, mais ce choix me laisse perplexe.
La foi mondiale baha'i n'est pas une des religions dont on parle en France. Combien sont-ils ? Ont-ils été sous le feu des médias ? Probablement moins que les Témoins de Jéhovah. Pourquoi ne pas parler du bouddhisme, des Mormons ?
Les fidèles de cette religion sont persécutés en Iran, mais ce ne sont pas les seuls fidèles d'une religion persécutés dans le monde : rohingyas de Birmanie, Yézidis, etc..
Donc, si on voulait parler d'une religion à cause de son importance et des débats à son sujet dans la société française ou dans le monde, il y avait d'autres choix, une fois traités les « incontournables » : christianisme, islam, judaïsme.
La présentation est excessivement favorable, sans aucun recul, et sans l'ombre d'une seule critique. Je ne suis pas un forcené de la dénonciation des religions, mais je pense par exemple qu'on ne peut pas traiter par exemple du catholicisme sans évoquer quelques pages noires de son histoire et sans signaler que certaines prises de position actuelles de sa hiérarchie font débat.
Là, on nous présente une vision irénique des Baha'is, sans l'ombre de la moindre critique. Or, je ne crois pas qu'il existe une seule institution humaine qui soit parfaite. On a l'impression qu'une partie de l'article est inspirée d'une présentation des Baha'is par eux-mêmes.
Texte de la LICRA :
« Aujourd’hui, il concerne six millions de personnes réparties dans 235 pays, issues de toutes nationalités, toutes origines religieuses et tous milieux économiques. Accréditée à l’ONU en tant qu’ONG depuis 1948, la communauté internationale baha’ie bénéficie depuis 1970 du statut consultatif auprès du Conseil économique et social et depuis 1976 auprès de l’Unicef. »
Texte Baha'i3 :
« Après 170 ans d’existence, la foi bahá'íe compte six millions de croyants appartenant à plus de 2 100 groupes ethniques, et répartis dans plus de 235 pays et territoires dépendants, ce qui en fait la deuxième religion géographiquement la plus répandue[?] après le christianisme. Ses écrits sont traduits dans plus de 800 langues. »
J'aimerais connaître la liste des 235 pays, avec éventuellement les territoires dépendants (disparus du texte de la LICRA) où les Baha'is sont présents. Nauru ? Saint-Pierre-et-Miquelon ?
Alors, pourquoi eux, et pourquoi dans ces termes ?
Et que signifie « cette foi universaliste » ? Quelles est le contraire ? Le shintoïsme est-il universaliste ou non. Les éventuelles persécutions contre ses fidèles seraient-elles moins graves ?
1 Je pense principalement à la critique historique.
2 Qui vient d'être retiré du site du ministère de l'éducation nationale :