Monsieur le Premier ministre,
Au cours de votre présentation « le moment de vérité », vous avez proposé parmi une piste d’économies pour le budget social de la nation : le « recyclage » des fauteuils roulants et des cannes anglaises des patients décédés. J’ai d’abord cru à une interprétation malveillante des wokistes, voire même des islamo-gauchistes, mais vous l’avez bien dit.
Quelle idée de génie !
C’est vrai que des assureurs préconisent, si vous avez eu un accident de véhicule avec des dégâts matériels, de faire faire les réparations en utilisant, si possible, par exemple des pièces de carrosserie recyclées. C’est bon pour le porte-monnaie de l’assureur et c’est bon pour la planète. Tout se passe alors entre l’assureur, l’expert et le carrossier. Alors, pourquoi ne pas en faire autant ?
Mais ce n’est pas si simple !
Je vous précise que suite à une ischémie, j’ai été amputé d’une jambe et je me déplace soit en fauteuil roulant manuel, soit avec des cannes.
Je suis donc particulièrement sensible à la question.
Commençons par les fauteuils roulants.
Il en existe de toutes sortes, des manuels ou à propulsion électrique, standard ou sur mesure. Les prix vont de quelques centaines à plusieurs milliers d’euro. Si les remboursements seront maintenant meilleurs, en principe à partir du 1er décembre 2025, cela n’a pas toujours été le cas. Les mutuelles et assurances complémentaires payaient le complément, ou pas.
Maintenant, réfléchissons aux modalités pratiques. Un patient décède à l’hôpital. On demande alors aux proches ou héritiers de récupérer ses affaires personnelles. Ils pourront éventuellement le donner à une association spécialisée dans la récupération du matériel médical. Au cas où vous ne sauriez pas, cela existe.
Va alors se poser, si votre proposition est retenue ; la question du fauteuil roulant du patient décédé, en principe sa propriété. Qui l’a payé ? Le patient, la Sécu, sa mutuelle, dans quelles proportions ? Il faudra alors trouver un support juridique pour assurer le transfert de propriété, définir le nouveau propriétaire, examiner s’il est réutilisable, assurer le stockage, la désinfection, etc.. Et finalement trouver un nouvel utilisateur. En principe, un patient a droit au remboursement d’un fauteuil tous les cinq ans. Qui des droits de celui qui aura hérité d’un fauteuil de 4 ans ? Bref, ce n’est pas évident.
Passons aux cannes anglaises.
Une paire de cannes anglaises neuves, ça vaut 30 euros. Tout ça pour ça !