Nous avions passé deux semaines en Iran en 2005. Nous avions depuis longtemps l'intention d'y retourner pour voir comment les choses avaient évolué.
Pendant quelques années, très peu de voyagistes ont proposé la destination, craignant sans doute que les touristes reçoivent des bombes israéliennes ou américaines sur la tête.
La situation s'étant détendue depuis l'élection du président Rohani et les négociations de Genève, la destination est de nouveau proposée par plusieurs organismes. Nous sommes partis avec ADEO.
Le but de ce billet n'est pas de décrire ce que nous avons vu, mais de faire part de mon incompréhension devant les « conseils aux voyageurs » prodigués par le Quai d'Orsay. Le ministère des affaires étrangères français utilise quatre couleurs : vert s'il n'y a pas de problèmes, jaune si « vigilance renforcée », orange pour « déconseillé sauf raison impérative », rouge pour « formellement déconseillé ».
Tout le territoire iranien est en orange, sauf les zones frontalières Est et Ouest, en rouge. Les motifs sont en gros les suivants :
Il faut éviter les manifestations, de prendre des photos des bâtiments publics et de l'espace public (y compris les rues!), des zones militaires1, les contacts avec la population, etc..
L'accès à Internet, au téléphone serait restreint.
Certaines formulations semblent dater de 2009, après les manifestations du « Mouvement vert » et leur répression.
En 2005, nous étions pratiquement les seuls sur les sites visités. En 2014, il y avait beaucoup plus de monde : Italiens, Britanniques, Allemands, gens de l'Extrême-Orient et aussi quelques groupes de Français.
Le tourisme national s'est aussi développé.
Le seul danger concret et réel que nous avons rencontré est lié à la circulation routière : les Iraniens, serviables et accueillants quand ils sont à pied, pratiquent le « chacun pour soi et Dieu pour tous » quand ils sont au volant, et ignorent les « droits du piéton », surtout les motocyclistes.
Nous avons pris ostensiblement des photos et personne ne nous a rien dit. Les contacts avec la population sont très faciles, et souvent à son initiative.
Anecdote : je suis assis un peu à l'écart du groupe, sur le rebord d'un bac à fleurs, à Téhéran. Un policier s'avance vers moi. Je me lève. Il me tend la main. Poignée de mains.
« Where are you From ?
- France
- Welcome, sit down »
Et il retourne régler la circulation !
Une telle scène est-elle possible en France ?
Il y avait parmi nous un accro à Internet. Il ne nous a pas signalé de problèmes de connexion particuliers. Les Iraniens utilisent massivement tablettes et smartphones. Les chaînes de télévision affichent leurs comptes Facebook et Twitter.
Nous avons échangé nos impressions avec un groupe de touristes français, qui nous ont :
- fait part de leur égale incompréhension des consignes du Quai d'Orsay
- de leur intention d'écrire pour marquer leur désapprobation
- raconté que les autorités de l'aéroport de Roissy ont refusé de fournir à leur avion (Iran Air) le carburant nécessaire pour le trajet, et que ce dernier a été obligé de faire escale à Ljubljana pour faire le plein !!
1Comme en France !!