A Toulouse, un journaliste de La Dépêche du Midi aux ordres de mystérieux informateurs.
Quelle ne fut pas la surprise des militant-e-s du DAL Toulouse31 et ses sympathisant-e-s de découvrir le titre d'un article de La Dépêche : « Au Ramier, le DAL prélève 5 euros d'adhésion aux sans abris ». Cet article au titre racoleur signé Jean Noël Gros explique en fait que les adhérents du DAL Toulouse31 payent une cotisation annuelle, ce dont l'association ne s'est jamais cachée. Elle est d'ailleurs de 20 euros pour ceux qui ont au dessus du SMIC, 10 euros pour ceux qui sont en dessous, et soumise à décision interne pour certains cas comme celui des habitant-e-s du Ramier qui campent sur l'île depuis des mois. On ne comprend pas trop au départ l'intérêt d'un tel article. C'est comme découvrir que les adhérents de la CGT payent une cotisation à leur syndicat ou que Les Restos du Coeur fonctionnent avec des dons de particuliers…. De plus, lorsque J.N Gros nous a contacté, il n'a jamais précisé qu'il souhaitait faire un article sur la question mais avoir des informations sur une rumeur….
D'où venait cette dernière ? « Des services sociaux de la ville » qui « ont entendu » « de la bouche d'une Rom » qu'elle aurait payé 5 euros pour avoir un logement selon l'article… C'est l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours…Mais qui est l'informateur qui se cache derrière les « services sociaux de la ville » ?
Imaginons la scène, un travailleur des services sociaux de la ville apprend que les adhérents du DAL y payent une cotisation, il se dit que c'est un scoop, il appelle M. Gros qui pense pareil : scoop ! Des adhérents d'une association y payent une cotisation ! Cela mérite un bel article avec un titre fidèle aux informations obtenues et mesuré : « Au Ramier, le DAL prélève 5 euros d'adhésion aux sans abris » !
Autrement dit, il faut chercher les mystérieux informateurs ailleurs, suivez notre regard : qui est en train de bloquer sur le dossier du Ramier car il y existe une mobilisation des habitant-e-s soutenus par le DAL ?
Cet essai de décrédibiliser le DAL pour J.N Gros et ses informateurs rate son objectif tant l'argument de l'adhésion fait flop, le fond de l'article est en revanche assez révélateur de la manière qu'ils ont de penser les pauvres.
« Est-ce normal de demander de l'argent à des sans-abris? » demande le journaliste, ne pouvant percevoir les sans-logis que comme des assistés à qui les associations viennent faire la charité. C'est mal connaître la situation de nombreux sans-abris qui travaillent, ou se débrouillent pour survivre dignement, et qui oui choisissent de payer une cotisation dans une association de lutte collective défendant leurs droits.
Le vrai scandale financier ce n'est pas l'adhésion qu'ils payent pour appartenir à une association de lutte collective, mais que les impôts auxquels nous participons ne permettent pas de mettre les gens à l'abri. Par ailleurs l'association DAL n'est pas une association de bénévoles qui font la charité mais une association de mal-logés et solidaires qui luttent ensemble.
Plus loin le journaliste ajoute : « Ceux-ci ont adhéré comme un seul homme puisque la cinquantaine de Roms recensés sur les 150 à 200 personnes présentes dans les campements de l'île a réglé la cotisation annuelle. » On comprend bien le non dit de cette phrase: le DAL ne défendrait que les Roms. Cela est totalement faux, d'abord car contrairement à ce qui est écrit les adhérents du Ramier sont loin d'être tous Roms, mais ça il faudrait que le journaliste fasse un peu son travail pour le savoir… Ensuite nous défendons tous les mal-logés, sans distinction d'origine et de nationalité. Nous n'avons aucune leçon à recevoir de personne sur la défense de nos compatriotes face au logement, quand les autres parlent et essaient de diviser, nous on réunit et on agit.
Voici donc les deux balles à blanc tirées par M. Gros et ses mystérieux informateurs : le DAL est méchant car il fait payer une adhésion aux sans abris, le DAL ne défend que les Roms. Ce à quoi nous répondons que nous sommes très fiers de ne pas être une association d'assistanat mais de lutte collective, et que nous sommes aussi fiers de défendre tous les mal logés y compris les Roms. La charité et le paternalisme ne sont pas notre credo.
Nous espérons que cet article poubelle de J.N Gros puisse lui rapporter un jour un scoop délivré par ses informateurs, comme l'annonce d'une nouvelle augmentation des impôts locaux ou du tarif des cantines scolaires.
En attendant nous allons , une fois n'est pas coutume, faire de l'assistanat avec M. Gros en lui proposant un beau thème de fond pour son prochain article : enquêter sur la manière dont depuis des années des politiques officieuses de préférence nationale s'appliquent dans le logement social et l'accueil des sans-abris. S'il fait bien son travail il s'apercevra que cette politique n'a rien changé aux problèmes des sans-abris et mal-logés bien au contraire, de plus en plus de personnes de toutes origines se retrouvent dans la rue (145 000 selon FAP) alors que 2,12 millions de logement sont vacants en France (Insee) et 4344 réquisitionnables à Toulouse selon la Préfecture… Là il y a peut être du scandale à gratter. Encore faudrait il faire du travail de terrain et d'information….
En attendant nous vous invitons à découvrir l'oeuvre du BHL de La Dépêche du Midi :
http://www.ladepeche.fr/article/2015/09/19/2180008-ramier-dal-preleve-5-e-adhesion-abri.html
Mais aussi la situation des habitants du Ramier dans les vidéos d'une de nos sympathisantes :
DAL Toulouse-31-No Vox International
Un toit c'est un droit !