Guy Lemée : L’originalité de la démarche avait d’emblée attiré l’attention d’HCL et la soutenance de la thèse – à l’origine de ce premier opus – confirmé notre intérêt. Et puis, ne pas hésiter à interroger place et rôle des institutions, en particulier celle du Monde HLM ne pouvait qu’être salué dans ces colonnes. Enfin, affirmer que "résoudre politiquement le problème du logement en France est moins difficile qu’on ne s’est habitué à le penser" n’est certainement pas banal. Raison de plus pour prévoir d’accompagner, par quelques papiers futurs, l’ambition louable de l’auteur, non ?
(Rappel HCL 656) À paraître aux Editions de l’Aube au printemps prochain. L’auteur et HCL sont convenus d’un partenariat original avec cette publication, au bien joli titre, non ?
HCL : Pourquoi ce livre ?
François Rochon : Pour vous répondre par une anecdote déjà ancienne, HCL avait commenté au moment de la sortie d’un précédent livre que j’avais coordonné à la suite d’un colloque : « des actes auraient certainement suffi ». Je vous avais trouvé un peu dur à l’époque ! Aujourd’hui, je pense à nouveau que le livre est nécessaire, parce qu’en l’occurrence la thèse, clairement, ne suffit pas. Je l’ai soutenue le mois dernier à l’École nationale des Ponts et Chaussées. Environ 6 ans de recherche, à partir d’une douzaine d’années d’observation et de réflexions comme acteur du logement. Le mémoire final répond aux exigences académiques, pas à celles du monde professionnel, ni du débat public.
Ma motivation dans ce travail au long cours était bien d’écrire aussi pour les acteurs et les citoyens, en réponse à un engagement déjà ancien. La crise du logement est une réalité politique désormais installée. Je suis de ceux qui ne se satisfont pas de cet état de fait. Je vais peut-être choquer en disant cela, mais je crois que résoudre politiquement le problème du logement en France est moins difficile qu’on ne s’est habitué à le penser. En tout cas, l’équation est plus simple à résoudre que celle de l’effondrement du système de santé, de la guerre en Europe, ou encore de l’École inégalitaire!
Pour cela, il faut commencer par déconstruire méthodiquement la politique du logement. C’est ce que je propose dans le livre. On a trop souvent tendance à rajouter de la complexité en s’encombrant de nombreux sujets connexes au logement, lequel reste central dans nos vies. Je m’attache aux fondamentaux. J’en retiens une conviction très forte qui je pense recoupera celle de nombreux acteurs : le débat sur le logement est trop fragmenté, ce qui l’empêche d’avancer : l’enjeu de la période actuelle n’est plus d’approfondir l’analyse de chaque fragment, mais de les articuler.
Cette articulation doit être menée par et avec les acteurs eux-mêmes, donc à travers leurs organisations professionnelles. Il leur faut remettre à l’agenda le travail de production intellectuelle, stratégique et programmatique. Je rappelle que le secteur, en particulier le Logement social, a su faire très bien par le passé ce travail de coproduction de la politique du logement avec la haute administration et les politiques. En ce sens, mon livre s’inscrit dans une certaine tradition. Il a pour but de susciter, contribuer à ce débat.
En parallèle de la parution du livre, je compte d’ailleurs proposer une série d’articles qui partiront à la rencontre des acteurs.