A la une de France 3 Lorraine ce jeudi 4 février 2021.
Trois petites communes des Côtes de Toul (Meurthe-et-Moselle) se sont mabilisées pour créer un Regroupement pédagogique intercommunal (RPI) : Bruley, Lagney et Pagney-derrière-Barine. Depuis la rentrée 2020, l'école accueille 170 élèves répartis en 8 classes. La réalisation du projet a coûté un peu plus d'un million d'euros. Le bâtiment a été rénové, des équipements numériques achetés, les enseignantes se sont lancés dans la préparation de nouveaux projets pédagogiques.
Oui mais...
L'inspection d'académie prévoit de fermer une classe à la rentrée prochaine car l'école va perdre 7 élèves. L'argument avancé par l'inspection d'académie laisse rêveur :
"On ne propose pas une fermeture de classe simplement pour sept élèves, assure l'inspecteur de l'Education nationale adjoint, Philippe Luscan. D'autres indicateurs que les effectifs sont pris en compte, et il apparait que le secteur de Bruley est plutôt favorisé."
L'opération repose sur une idée de l'équité qui se retourne contre le dynamisme local.
Le nombre d'élèves moyen par classe passerait alors de 21,2 à 23,3, un chiffre "dans la moyenne départementale" car le souci des services de l'Etat est qu'aucune tête ne dépasse, même si les élus et la population ont fait preuve d'initiative et d'anticipation. En fait, le secteur ne perd pas de population contrairement à bien d'autres lieux en Lorraine. Les petites communes du toulois se révèlent de plus en plus attractives : la viticulture sous l'impulsion de plusieurs propriétaires produit désormais des vins de grande qualité qui peuvent rivaliser avec les meilleurs, la campagne y est agréable, la proximité de Toul et de Nancy attire des familles désireuses de trouver une bonne qualité de vie... Dans ce développement local l'école est un élément clef.
Cette conception jacobine de l'équité qui prévaut dans les antichambres de la République et dans l'administration scolaire tue les initiatives, méconnaît les contextes locaux et en fait sert d'alibi à une gestion strictement comptable, à courte vue.
En 2020, 21 naissances ont eu lieu dans les communes concernées, il est prévisible que 21 petits élèves vont se présenter à l'école dans 3 ans. Il faudra donc recréer au moins une classe... D'après le journaliste de France 3 (je n'ai pas pu vérifier), à la rentrée 2020, 24 postes d'enseignants ont été créés en Meurthe-et-Moselle, mais en 2021, 4 postes seront supprimés. Outre que cette politique ne permet pas aux familles de se projeter dans l'avenir, on imagine les effets désatreux sur la constitution et le fonctionnement d'équipes pédagogiques dans ce jeu à géométrie variable. Combien de postes aurons-nous à la rentrée ? qui sera encore là ? que deviendront les projets communs ? Peut-on réellement travailler dans une telle incertitude.
En ces temps de pandémie, l'idée n'est même pas venue que l'accueil de 21 élèves par classe serait un peu plus facile à gérer. Car bien sûr nos grands organisateurs sont persuadés qu'à la rentrée 2021, notre excellente lutte conte la CoVid 19 nous aura permis de vaincre l'épidémie...
Ha, j'oubliais ! L'un de nos spécialistes du rugby (Raphael Ibanez) ou la responsable de l'IGPN (Brigitte Julien) recrutés comme conseillers miracles au Grenelle de l'Education (voir le Café pédagogique qui rend compte de la défection de la CGT, dégoûtée par l'amateurisme du machin) vont sûrement nous apporter la réponse... les équipes et les valeurs de la République - parmi elles l'égalité - ça les connaît.