Non seulement les chasseurs exterminent de façon sanglante des animaux pour leur seul plaisir, mais de plus, ils sont probablement (comme le tourisme dit "vert") à l'origine de la contamination des espèces sauvages en liberté ou en enclos. Une étude américaine portant sur des cerfs de Virginie de l'état de l'Iowa a montré la concomitance de la diffusion de plusieurs souches du virus du SarsCov 2 chez les humains et chez les cerfs. L'hypothèse avancée est que les activités humaines - tourisme "vert", chasse - et la pollution des eaux sont probablement à l'origine de ces contaminations.
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Blog de Marc Gozlan
7 novembre 2021
États-Unis : diffusion massive du SARS-CoV-2 parmi les cerfs, potentiels réservoirs du coronavirus
« .../… Plus précisément, il ressort que 94 ganglions lymphatiques rétropharyngiens sur 283 (33,2 %) étaient positifs pour l’ARN du SARS-CoV-2 au test RT-PCR. Près de 92 % de ces échantillons de cerfs ont été prélevés entre septembre et décembre 2020, période qui coïncide avec la saison régulière de la chasse dans l’Iowa. Celle-ci avait débuté le 19 septembre 2020 et s’était terminée le 10 janvier 2021. En revanche, aucune trace de l’ARN du SARS-CoV-2 n’a été détectée dans les 17 ganglions lymphatiques rétropharyngiens prélevés chez des cerfs entre avril et août 2020. Le premier prélèvement positif pour le SARS-CoV-2 date du 28 septembre 2020.
Le taux de positivité pour le SARS-CoV-2 chez les cerfs a été maximal en novembre 2020. Vingt-deux des 77 échantillons de ganglions lymphatiques rétropharyngiens (27,8 %) étaient alors positifs, moment qui coïncidait dans l’Iowa avec le pic des infections chez les humains. Durant sept semaines, entre fin novembre 2020 et la fin de la saison régulière de la chasse début janvier 2021, 80 des 97 échantillons de ganglions lymphatiques rétropharyngiens (82,5 %) prélevés à travers l’État d’Iowa étaient positifs au SARS-CoV-2. Par ailleurs, au cours de la deuxième semaine de janvier 2021, correspondant à la fin de la saison régulière de la chasse, les cinq échantillons de ganglions lymphatiques rétropharyngiens étaient tous positifs au SARS-CoV-2. Les chercheurs ont observé que de nombreux animaux étaient porteurs d’une charge virale très élevée.../...
Le regroupement temporel et géographique des lignées virales chez l’homme et l’animal, ainsi que les données génétiques, constituent des éléments très en faveur de la survenue de multiples événements de transmission du SARS-CoV-2 des humains vers des cerfs dans l’État d’Iowa. Ainsi, à titre d’exemple, la grande majorité des échantillons (22 sur 23) collectés chez des cerfs d’un parc animalier du sud de l’Iowa étaient infectés la lignée B.1.311.
De fait, l’ensemble des résultats indique que plusieurs passages de lignées distinctes du SARS-CoV-2 de l’homme à des cerfs en captivité ont eu lieu durant la période étudiée. On parle de « débordements » (spillovers, en anglais) pour désigner le passage sporadique d’un virus pathogène de l’espèce humaine à une espèce animale, le cerf en l’occurrence.../...
Cette étude nous rappelle donc que les états de santé de la population humaine et des animaux sont liés. D’où le concept de One Health, autrement dit d’« une seule santé ».
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On savait déjà que l'homme a contaminé des visons dans des élevages industriels. Maintenant on sait que, même à l'air libre, la contamination par les humains est possible et même probable. Pour les élevages industriels la réponse a été l'abattage des visons. Va-t-on abattre tous les cervidés au prétexte que les hommes les ont contaminés ? Il y aura certainement quelques voix pour débattre doctement de la chose, tant l'espèce humaine est abêtie par sa peur du sauvage et son orgueil.
Les "débordements" (mot à comparer à l'inquiétant zoonose") sont certainement plus fréquents depuis que l'homme a annexé l'ensemble de la nature comme son terrain de jeu mais nous n'avons pas vraiment envie de savoir... sauf quand les épidémies nous reviennent dans la figure. Il serait en effet temps de considérer que la santé animale et la santé humaine (les humains ne sont que des animaux malgré leur croyance en leur supériorité) sont solidaires. Le concept de Santé globale défendu par des chercheurs de l'INRAE ne semble pas avoir encore diffusé dans le conseil de Monsieur Véran ni d'ailleurs au ministère de Madame Pompili.
J'attends avec gourmandise de voir si les revues de presse des cabinets ministériels seront capables de faire état de ces recherches et nos ministres d'en tirer des conclusions pertinentes, loin des effets de manches électoraux.