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Billet de blog 10 janvier 2021

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L'abattage des canards est une décision politique sans réel fondement sanitaire

La réalité est que le gouvernement et la commission européenne ne font que répondre aux pressions des éleveurs industriels qui refusent la vaccination et préfèrent voir abattre leurs bêtes et toucher les subventions plutôt que de vacciner et assurer un suivi sanitaire, opérations qui coûtent cher.

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Il faut remettre les pendules à l'heure et ce n'est pas ce que fait Amélie Poinsot dans son article sur la grippe aviaire.

La réalité est que le gouvernement et la Commission européenne ne font que répondre aux pressions des éleveurs industriels qui refusent la vaccination et préfèrent voir abattre leurs bêtes et toucher les subventions plutôt que de vacciner et assurer un suivi sanitaire, opérations qui coûtent cher. De plus, pour des raisons idiotes, la chair des animaux vaccinés est déclarée impropre à la vente alors que la grippe aviaire (du moins pour ce qu'on en connaît à ce jour) n'est pas transmissible à l'homme et donc un animal vacciné ne présente aucun danger. Le vétérinaire interrogé par Mediapart dans un entretien bien mieux conduit à Sud-Ouest donne clairement la clé du problème.

Voici un extrait de l'entretien :

"Jean-Luc Guérin : Alors en théorie, ces vaccins existent, ils ont été développés et des essais qui ont été faits montrent qu'ils peuvent fonctionner, qu'ils arrivent à protéger contre la maladie et pour certains bien contre l'infection c'est-à-dire contre la multiplication du virus puisque c'est bien ça l'enjeu. Pour autant, ces vaccins ne sont pas utilisés en routine en tout cas pas en France et pas en Europe.

FBG : Ces vaccins ne sont pas utilisés en routine parce que ce n'est pas jugé nécessaire ?

JLG : Tant que nous sommes dans une situation avec quelques foyers, ce sont des situations que l'on arrive à maîtriser de manière sanitaire c'est-à-dire que l'on détecte, on trace les liens et on abat les élevages qui sont contaminés. Donc tant qu'on est sur un nombre de foyers qui permet cette gestion, la gestion sanitaire est celle qui est de loin la plus efficace. Et la vaccination aujourd'hui n'aurait de sens que si on était en quelque sorte débordé dans les capacités de gestion sanitaire. Et là, ça obligerait à créer une immunité globale au niveau des élevages avicoles pour faire en sorte de maîtriser la situation. Mais en matière d'influenza, c'est une arme extrêmement délicate à manipuler, et c'est pour ça que l'on ne peut l'envisager qu'en toute dernière extrémité et on n'est pas du tout dans cette situation pour l'instant."

FBG : Mais pourquoi attendre le pire pour entamer une vaccination globale dans tous les élevages ?

JLG : Parce que si on rentre dans une logique vaccinale, d'un point de vue commercial, au niveau du commerce international, cela pourrait poser un certain nombre de problèmes à certains opérateurs puisque ça signifierait quelque part que nous ne sommes pas en capacité de gérer le risque de manière sanitaire. Le deuxième point, c'est quesi on met en œuvre une vaccination, cela a un coût : le coût du vaccin lui-même mais aussi le coût de la surveillance puisque la pire des choses qui pourrait se passer, c'est que le virus circule à très bas bruit."

"Voilà pourquoi votre fille est muette" comme dirait Molière. Sans compter que dire, sans rire, qu'un vaccin risque de "favoriser la circulation à bas bruit d'un virus" de la part d'un véto a de quoi étonner. Depuis quand les vaccins contre la polio, la la variole etc. ont-ils favorisé la circulation à bas bruit de ces maladies ???

Pleurnicher sur le risque de favoriser l'élevage industriel ne sert à rien. C'est déjà fait car ce type d'élevage oriente déjà la politique agricole et sanitaire. Au moment où émerge l'hypothèse, très vraisemblable, que la pandémie actuelle est un sous-produit de l'élevage industriel des animaux à fourrure, il est nécessaire d'appeler un chat un chat : l'élevage industriel est une aberration économique (surproduction, transport à risque), sanitaire (perte de contrôle sur la diffusion des agents pathogènes), environnemental (pollution). C'est aussi, et ce n'est pas le moindre de ses défauts, une faute morale : nous devons du respect au vivant sous toutes ses formes. 

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