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Billet de blog 13 octobre 2020

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Requiem pour un gypaète barbu

Un jeune gypaète barbu, récemment réintroduit dans les Cévennes par la LPO, vient d'être abattu. Il n'existe aucune justification possible à cet acte.

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Un jeune gypaète barbu, récemment réintroduit dans les Cévennes par la LPO, vient d'être abattu. Au-delà de la bêtise d'abattre un oiseau gratuitement - ce n'est pas un gibier consommable - il n'existe aucune justification à cet acte.

Impossible de confondre cet oiseau avec un autre, d'abord parce que son envergure peut atteindre 3 m, ce qui est assez rare même chez les vautours.

C'est un oiseau utile puisqu'il se nourrit de charognes et débarrasse l'environnement des carcasses d'animaux morts.

C'est un oiseau protégé car sa survie est menacée. 

Cet oiseau est magnifique en vol. La beauté est nécessaire au monde.

La LPO est inquiète pour d'autres oiseaux réintroduits et dont elle n'a plus de nouvelles.

L'imbécile qui a tué cet oiseau ne sera probablement jamais retrouvé, comme celui qui a abattu un lynx (le dernier ?) dans les Vosges. Car en plus d'une sottise crasse, ces énergumènes n'ont même pas le courage d'assumer leurs actes. La complaisance à l'égard des chasseurs et de leurs errements leur donne un sentiment d'impunité car, même lorsqu'ils enfreignent la loi et sont identifiés, les sanctions sont légères.

La nature ne leur appartient pas. Ils ne sont même pas capables d'en être "gestionnaires" alors qu'ils en revendiquent le rôle. Ils ont encouragé la prolifération des sangliers, organisé des lâchages d'animaux d'élevage tellement habitués à l'homme qu'ils ne s'en méfient pas, tenté d'exterminer - avec des pratiques sadiques comme la vénerie sous terre - les quelques prédateurs naturels qui pourraient contribuer à une régulation des espèces. Ils s'approprient des espaces naturels au détriment des promeneurs ou des cueilleurs de champignons.

L'Homme ne se sauvera pas en détruisant les autres espèces. Bien au contraire, la santé humaine est solidaire de la santé animale et de la santé des végétaux (santé globale). Nous devons mettre fin au pouvoir de tuer que quelques uns s'arrogent au détriment de tous. Madame Pompili, au-delà d'une plainte de l'Etat qui restera probablement de pure forme, devrait s'attaquer aux privilèges accordés par le gouvernement aux chasseurs et à la complaisance des préfets face à leurs exigences. Il est peu probable qu'elle le fasse. Un de ses prédécesseurs s'y est cassé les dents. Mais, les politiciens qui nous gouvernent devraient prendre garde : les chasseurs ne sont qu'une minorité (1 200 000 d'après leurs propres estimations) cela fait peu face à une opinion de plus en plus ulcérée par les abus et l'arrogance de la chasse.

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