Cela fait exactement un an, le 30 novembre, que débutaient en Ukraine les violences policières contre le grand mouvement citoyen pro-européen, Euromaidan. Ces violences qui ont fait de nombreuses victimes n'ont fait qu'accroitre les manifestations qui ont débouché sur la fuite et la destitution du président Oligarque Viktor Yanoukovitch ainsi que sur un processus démocratique en Ukraine avec des élections libres
Si la télévision allemande en fait le thème numéro 1 de son JT avec une interview du Président Porochenko, rien à la télévision française. Sans doute que pour nos médias, le congrès du FN est plus important, ce même FN traversé par le national-poutinisme, comme le montre la tribune de Noël Mamère et Alexis Prokopiev dans Mediapart, ce même FN qui met bruyamment en scène ses amis russes lors du Congrès, comme le décrit si bien un autre article de Mediapart.
Et dire que les milieux poutiniens qui flirtent ouvertement avec l'extrême droite européenne, notamment le FN et les eurosceptiques européens ont voulu se donner une virginité en faisant croire que l'extrême droite ukrainienne dirigeait le mouvement Euromaïdan. Bien sûr qu'il faut être vigilants par rapport aux mouvements d'extrême droite en Ukraine, comme le parti svoboda, d'ailleurs minoritaire, mais quand même, ce n'est pas à la Russie poutinienne de donner des leçons à l'Ukraine.
A l'Ukraine qui se tourne vers l'Union Européenne, la Russie a répondu violemment : par l'annexion de la Crimée, par la déstabilisation de l'Est de l'Ukraine, violant ainsi les frontières de l'Europe, par le soutien politique et financier direct aux partis d'extrême droite et populistes européens.
La petite Moldavie située entre l'Ukraine et la Roumanie, risque de suivre le même destin que l'Ukraine. Ce dimanche 30 novembre avaient lieu les élections législatives. Etaient face à face une coalition gouvernementale sortante pro-européenne et des partis d'oppositions pro-russes. C'est la raison pour laquelle cette élection est considérée comme historique et que le pays joue sa destinée. L'Union pour la Démocratie Participative considère que le résultat des élections signifiera soit une stagnation totale, soit la poursuite du rapprochement européen. Pour Oazu Nantoi de l'Institut de Politique Publique (IPP), si la stagnation devait l'emporter, il en serait peut être fini de la citoyenneté moldave.
La Moldavie compte 3 millions d'habitants. 70% d'entre eux sont de langue roumaine, le reste appartient à des minorités russe et ukrainienne. En 1990 , les séparatistes pro-russes ont créé dans l'Est du pays, la Transnitrie, un régime mafieux qui ne vit que par les milliards provenant de la Russie.
La coalition au pouvoir depuis 2010 a signé en juin dernier un accord d'association avec l'UE, ce qui, au sommet de la CEI – Confédération des Etats Indépendants – en octobre dernier à Minsk a provoqué l'indignation de Vladimir Poutine contre le Président moldave, pour ne pas avoir discuté avec la Russie de ses intentions d'intégration de la Moldavie au sein de l'UE. Le Parti communiste d'opposition (PCRM), quant à lui, se prononce pour un lien plus étroit avec la Russie. Deux autres partis pro-russes veulent stopper l'intégration du pays dans l'UE et visent l'entrée de la Moldavie dans l'Union eurasienne.
L'élection de 2010 avait donné une majorité clairement pro-européenne. Mais après de nombreuses affaires de corruption, la coalition gouvernementale a perdu en influence, de sorte que d'après les sondages, les deux camps sont au même niveau.
La Russie a puni la politique pro-européenne du Gouvernement moldave, en interdisant l'an dernier l'importation de vins et d'alcools moldaves. Cet été les importations de fruits, de légumes et de viande ont été stoppées, conduisant à un vrai désastre, car la Moldavie est le pays le plus pauvre d'Europe et son économie dépend fortement du marché russe. Mais la Russie a d'autres moyens de pression : la Moldavie dépend totalement de l'énergie russe. Déjà, depuis l'indépendance de la Moldavie en 1991, la Russie utilise les livraisons de gaz comme moyen de pression politique sur ce petit pays. Elle menace d'expulser les travailleurs moldaves qui sont au nombre de 500 000 en Russie. L'argent qu'ils envoient à leurs familles évite une misère sociale en Moldavie.
C'est en Transnitrie que sont entreposés des stocks d'armes de l'ère soviétique , Moscou refuse depuis des années la signature d'un accord prévoyant leur évacuation, de sorte que les moyens militaires des séparatistes sont plus élevés que ceux du gouvernement central. En raison du cours pro-européen du Gouvernement central, les séparatistes demandent le rattachement de la transnitrie à la Russie.
Un autre facteur de déstabilisation de la Moldavie est le gouvernement du district autonome de Gagaouzie composée principalement d'une population turcophone chrétienne orthodoxe largement russifiée et culturellement distincte des Turcs. Le Gouvernement de Gagaouzie menace de se séparer de la Moldavie, si celle-ci poursuit son cours pro-européen.
En cas de victoire des forces pro-européennes, la Russie devrait prolonger ses sanctions. Elle ne prévoit pas à court terme d'intervention militaire, même si la menace est là. Par contre en cas de victoire des forces pro-russes, il pourrait y avoir des soulèvements, comme ce fut le cas en 2009 où après la victoire des communistes, des dizaines de milliers de manifestants ont envahi le parlement et le site gouvernemental.
Le Président moldave passe pour une personne calme et de bon sens, mais après la colère de Poutine au sommet de la CEI à Minsk, Nicolae Timofti a, le lendemain, supplié les électeurs, dans un Appel dramatique, de voter pour la « voie qui conduit à la civilisation européenne. Toute autre chose ferait retomber le pays dans la pauvreté, le manque de liberté et des périodes sombres et ce, sous la domination de forces qui voudraient mettre notre pays à genoux.
http://fr.euronews.com/2014/11/28/elections-parlementaires-en-moldavie-un-scenario-a-l-ukrainienne/
http://www.spiegel.de/politik/ausland/moldau-parlamentswahl-mit-engem-ausgang-a-1005872.html
http://balkans.courriers.info/article26110.html