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Germaniste, traduis, blogue sur l'Allemagne, également sur la France, l'Europe, le monde, membre du Bureau exécutif de l'Union des Fédéralistes Européens - France (UEF-France) et secrétaire générale de l'UEF-IdF, Ecolo cohn-bendiste, je combats les nationalismes et régimes totalitaires, je milite pour la reconnaissance de l'Etat palestinien et la victoire de l'Ukraine, la défense des droits humains

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Billet de blog 2 mai 2014

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Rebecca Harms: Le changement en Ukraine menace le pouvoir de Poutine

La tête de liste des verts allemands pour les élections européennes a accordé un entretien au quotidien allemand Hamburger Abendblatt sur les luttes de pouvoirs à Kiev et le rôle de la Russie.

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La tête de liste des verts allemands pour les élections européennes a accordé un entretien au quotidien allemand Hamburger Abendblatt sur les luttes de pouvoirs à Kiev et le rôle de la Russie.

Rebecca Harms, Présidente du groupe des Verts allemands au Parlement européen, est en pleine campagne pour les élections européennes. Mais les gens sont intéressés avant tout par les événements en Ukraine, bien plus que par la démocratie, l'euro ou les questions environnementales.

En tant que membre de la délégation du Parlement européen pour la coopération parlementaire UE-Ukraine, elle suit les événements et s'est fait à plusieurs reprises une image de la situation sur le terrain.

Hamburger Abendblatt : Rebecca Harms, avez-vous l'impression que le Président russe Vladimir Poutine a encore sous contrôle les séparatistes dans l'est de l'Ukraine?

Rebecca Harms : La question est de savoir si le Président Poutine tient à faire en sorte que les conditions soient favorables.  La première bonne nouvelle est que les manœuvres le long de la frontière russo-ukrainienne devraient cesser.  Si les soldats russes reviennent dans leurs casernes, les séparatistes ne pourront plus croire qu'ils sont couverts par les forces russes. Ce déploiement de l'armée le long de la frontière était une toile de fond pour encourager les séparatistes.

Hamburger Abendblatt : Vous attendiez-vous vraiment à une invasion?

Rebecca Harms : Certains porte-paroles des séparatistes l'ont dit et redit. Mais la chose est difficile à prévoir. Avant les événements de Crimée, je ne me serais pas non plus attendue à ce qu'en quelques jours, la péninsule soit occupée et annexée.

Hamburger Abendblatt : Donc personne en Occident ne pouvait deviner que Poutine réagirait de façon allergique, si la situation à Kiev changeait de façon dramatique

Rebecca Harms : L'accord d'association est négocié depuis 2008. Même avec les changements de gouvernements et de présidents à Kiev, rien n'a  changé.  A mon avis, une erreur a été commise en Allemagne : on affirme toujours que l'UE avait mal évalué la situation, comme si la politique étrangère allemande et le gouvernement allemand n'avaient rien à voir avec ces négociations. De la part de tous les Chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE, il ne fait aucun doute que ce processus est correct et l'emportera.  Les troubles ont commencé l'été dernier, lorsque le Président Poutine a déclenché la guerre commerciale contre des pays d'Europe orientale.  Et Victor Ianoukovitch a alors décidé avec Poutine, de ne pas signer l'accord d'association.

Hamburger Abendblatt:  Mais il y a toujours des signaux clairs de la part de Poutine:  Ne m’approchez pas de trop près !

Rebecca Harms: Mais l'accord d'association ne conduit pas automatiquement à une adhésion de l'Ukraine à l'UE ou à l'OTAN. Nous nous sommes souvent disputés à l'époque sur le choix des pays membres de l'UE de l'Est, de se faire protéger par l'OTAN.  D'ailleurs, j'étais très critique. Mais aujourd'hui, je peux comprendre les pays baltes.

Hamburger Abendblatt :  Vous comprenez aussi Poutine?

Rebecca Harms: Entre temps, je peux comprendre comment Poutine justifie sa politique. Mais je n'admets pas que la Russie déplace les frontières européennes avec des motifs ethniques. Cette Europe-là, je pensais que nous l'avions derrière nous.

Hamburger Abendblatt:  Croyez-vous en l'effet des sanctions imposées par les États-Unis et l'UE contre la Russie?

Rebecca Harms:  Il est exact que les Européens ne veulent pas résoudre ce conflit militairement.  Ce conflit doit être résolu par les moyens de la diplomatie. Et je me réjouis que les Européens aient trouvé une ligne de politique étrangère commune et se soient rapidement entendus sur ces mesures. Les sanctions ciblées contre les personnes individuelles et les sanctions économiques par étape, sont pour moi la seule alternative mais o combien nécessaire à l'action militaire. Aussi pour les dirigeants russes, ce n'est pas négligeable, vu la façon dont se situe le pays économiquement dans le monde.  Le pays sera encore affaibli, si Poutine le conduit à l'isolement international.

Hambuger Abendblatt:  Faites-vous confiance au gouvernement de transition à Kiev pour ramener la situation sous contrôle?

Rebecca Harms: Avant même la crise actuelle, je critiquais le fait que les partis ukrainiens n'aient pas de programmes pouvant aider les électeurs à s'orienter. Ils sont toujours en lutte pour le pouvoir.  Un système démocratique n'est pas encore établi de façon stable.  Vitali Klitschko par exemple, est un homme vraiment bien, parce qu'il n'a pas ses racines dans ce système oligarchique et parce qu'il a fait preuve de beaucoup de courage.  Mais c'est un nouveau venu en politique. De ce fait, il n'a pas encore vraiment édifié son parti ni son programme.  C'est une chose à laquelle les Ukrainiens doivent travailler avec notre soutien.  Ces luttes éternelles de pouvoir interne sont également ce contre quoi le mouvement Euromaidan s'est tourné.  Ces jeunes de toute l'Ukraine connaissent l'UE, connaissent la démocratie et l'Etat de droit. Ils savent comment leur pays doit être changé. Ils doivent avoir l'opportunité de le faire.

Hamburger Abendblatt:  Dans les arguments des séparatistes et de ceux de Moscou, ce sont les forces d’extrême droite  à Kiev qui jouent le rôle principal. Qu’est-ce qu’elles représentent réellement selon vous ?

Rebecca Harms:  Le parti Svoboda, par exemple, est aujourd'hui plus faible que lors des dernières élections législatives.  A l'époque, Ils étaient crédités de dix pour cent des voix.  Aujourd'hui, les sondages leur donnent cinq pour cent.  Les militants du secteur de l'extrême droite ont seulement pris de l’ampleur,  lorsque que la situation s'est aggravée sur le Maïdan et qu'ils ont offert leur protection. Depuis qu'ils ont fondé un parti, ils baissent.  Ils sont à moins d'un pour cent dans les sondages.  Ce n'est pas un simple mouvement politique.  Les connaisseurs le décrivent en partie comme organisation dont la stratégie est le racket avec des structures mafieuses.  Ces groupes doivent être désarmés.  Ceci est important pour l'Etat de droit. Le gouvernement de transition s'y attèle.  Résoudre le conflit militairement avec les séparatistes, cela ne fonctionnera en aucun cas.  Encore une fois, une solution politique doit être recherchée.

Hamburger Abendblatt:  Est-ce que l'élection du 25 mai acceptée par toutes les parties peut avoir lieu?

Rebecca Harms:  C'est la chose la plus importante à réaliser - aussi pour l'UE. Poutine doit également accepter que ces élections doivent être organisées librement et équitablement.  Les candidats de tous les coins du pays participent, même du Parti des régions de l'Est de Victor Ianoukovitch.  Il s'agit à cette élection de l'avenir du pays. Les réformes nécessaires ne peuvent pas être laissées aux mains des séparatistes.

Hamburger Abendblatt: Quelles perspectives voyez-vous pour l'Ukraine?  Cela est-il possible seulement avec la Russie?

Rebecca Harms:  La Russie veut-elle que le système oligarchique d'Ukraine soit remplacé par un système démocratique?  Cette revendication est au cœur du mouvement citoyen ukrainien.  Les gens en ont tout simplement assez que la classe supérieure du pays puisse vivre avec pratiquement tous les avantages de l'Occident et qu'eux-mêmes soient exposés aux caprices d'un État corrompu.  Ils veulent eux-mêmes décider de la voie que l'Ukraine doit emprunter.  C'est le changement que Poutine ne peut accepter, parce que sa Russie dispose également d'un système oligarque extrême.  Un véritable changement en Ukraine menace également le pouvoir qu'il détient à Moscou.

Hamburger Abendblatt:  Est-ce que beaucoup de gens sont fatigués de l'Europe?

Rebecca Harms: J'ai l'impression qu'à travers les événements en Ukraine, beaucoup prennent conscience de ce que signifie l'Europe, c'est à dire combien cette idée fondatrice est bonne. Nous assumons en commun les intérêts qui nous sont propres, au-delà de l'idée qu'une nation est meilleure que l'autre.  Et c'est de là que naissent précisément la stabilité et la Paix.

Traduit de l'allemand par Françoise Diehlmann

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