Comme l'a dit Alexis Tsipras, le leader de Syriza, parti de la gauche radicale grecque, « ce ne sont ni Madame Merkel, ni Monsieur Schäuble qui voteront en Grèce le 25 janvier, mais les Grecs ».
Cette remarque fait suite à la volte face de la chancelière allemande et de son ministre des finances, considérant, selon l'hebdomadaire allemand, der Spiegel, que si Syriza remporte les élections du 25 janvier, il sera facile de pousser la Grèce vers la sortie de l'Euro, ce qui, aux yeux des deux dirigeants allemands, serait supportable, vu les progrès réalisés depuis le pic de la crise en 2012. Ils considèrent les dangers de contagion à d'autres pays, comme faibles, précisément parce que le Portugal et l'Irlande sont aujourd'hui plus stables. Pour Berlin, le Mécanisme Européen de Stabilité est un véritable dispositif de sauvetage et la Banque centrale européenne œuvre pour la sécurtié des banques Donc.... Pas de problème.
Mais les Grecs, eux, y voient un vrai problème, la terrible cure d'austérité ne manque pas d'avoir un impact social violent, l'Allemagne se charge de leur rappeler leurs engagements, voire en les menaçant. S'ils n'y arrivent pas, pourquoi ne vendraient-ils pas leurs iles, leur ont dit des dirigeants allemands ?
Par ailleurs, Alexis Tsipras ne veut pas que la Grèce quitte la zone euro. Pourquoi donc pousser la Grèce vers la sortie de l'Euro, si la gauche radicale l'emporte ?
Mais le problème d'Angela Merkel est qu'elle n'a pas du tout l'intention de faire des concessions à un parti de la gauche radicale.
Outre le fait qu'elle n'a pas de vision européenne, son pire cauchemar est qu'un parti de la gauche radicale dirige un pays de l'UE. Pour elle, c'est pire que la situation en Grèce, c'est contre nature
N'oublions pas combien elle s'est engagée personnellement pour empêcher que le Land de Thuringe soit dirigé par le parti de la gauche radicale allemande, die Linke. C'est de façon émotionnelle qu'elle a rendu hommmage aux Gruenen pour leur rôle au moment de la chute du mur, les appelant de façon vibrante à ne pas laisser la Thuringe à la gauche radicale.
Ce fut pour Angela Merkel un échec cuisant, car le SPD, les Grünen et die Linke ont fait bloc contre elle. C'était il y a tout juste un mois. Elle ne parvient pas à accepter cette situation. Le 4 janvier, Gregor Gysi, président du groupe de die Linke au Bundestag et figure charismatique de die Linke s'est proncé pour des entretiens sérieux avec le SPD et les Grünen à l'échelon national, proposant que puissent participer à ces premiers entretiens des dirigeants de ces partis représentant les différentes sensibilités, motions. « Nous devons sonder où il peut y avoir des rapprochements quant aux contenus » a t-il déclaré à l'agence de presse allemande, DPA.
Angela Merkel a t-elle fait ces derniers temps, un rêve qui s'avère pour elle cauchemardesque : Gregor Gysi, chancelier de l'Allemagne, ce qui est peu probable, mais rêvons..
Pour Angela Merkel, Syriza au pouvoir en Grèce, dans un pays de l'UE, c'est trop.
Sigmar Gabriel, Vice-Chancelier et Président du SPD, met lui aussi en garde Athènes, insistant sur le fait que la Grèce doit respecter les accords avec l'UE. Seulement, cette situation provoque des remous au sein du SPD, le parti junior de la grande coalition. Pour le Vice-Président du groupe SPD au Bundestag, le volte face du gouvernement n'a été discuté avec personne.
La co-présidente des Grünen, Simone Peter, quant à elle, a considéré sur la deuxième chaine allemande ZDF comme irresponsable cette discussion sur une possible sortie de la Grèce de l'Euro. « Nous avons avec l'UE une communauté solidaire qui doit être stabilisée. Une sortie de la Grèce de la zone euro aurait des conséquences pour d'autres pays, comme le Portugal et l'Italie ». L'eurodéputé écologiste Sven Giegold a condamné les spéculations sur la sortie de l'Euro de la Grèce comme une ingérence dangereuse dans les élections grecques.
Il reste à savoir maintenant quelle sera la position des pays européens, notamment l'Italie et la France, en cas de victoire de Syriza. Si le Président de la République a déclaré lors de l'émission spéciale de France Inter que c'est aux Grecs seuls de décider de leurs gouvernants et que la Grèce est une démocratie, il n'a pas manqué d'ajouter « MAIS les traités doivent être respectés », ce qui est le point de convergence avec l'Allemagne. D'ailleurs Dany Cohn-Bendit, dans son billet d'humeur du 6 janvier sur Europe 1 indique que si le nouveau gouvernement grec veut renégocier, c'est normal. Il y a pour lui une indécence à vouloir sanctionner les Grecs en fonction d'un vote hypothétique. Il insiste sur le fait que François Hollande aurait pu renégocier après son élection en 2012, mais qu'il ne l'a pas fait.
Ne serait-il pas plus important et urgent d'appeler l'UE à de véritables négociations si Syriza gagne l'élection du 25 janvier, les Grecs n'en peuvent plus de cette violente politique d'austérité.
Mais laissons le dernier mot à Thomas Piketty dans sa tribune parue dans Libération : « Les dirigeants européens actuels devraient avoir l’intelligence de reconnaître que la deuxième possibilité est de loin la meilleure : les mouvements politiques qui prospèrent aujourd’hui à la gauche de la gauche, comme Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, sont fondamentalement internationalistes et proeuropéens. Plutôt que de les rejeter, il faudrait au contraire travailler avec eux pour formuler les contours d’une refondation démocratique de l’UE ».