Francoise Diehlmann (avatar)

Francoise Diehlmann

Germaniste, traduis, blogue sur l'Allemagne, également sur la France, l'Europe, le monde, membre du Bureau exécutif de l'Union des Fédéralistes Européens - France (UEF-France) et secrétaire générale de l'UEF-IdF, Ecolo cohn-bendiste, je combats les nationalismes et régimes totalitaires, je milite pour la reconnaissance de l'Etat palestinien et la victoire de l'Ukraine, la défense des droits humains

Abonné·e de Mediapart

148 Billets

0 Édition

Billet de blog 15 juillet 2015

Francoise Diehlmann (avatar)

Francoise Diehlmann

Germaniste, traduis, blogue sur l'Allemagne, également sur la France, l'Europe, le monde, membre du Bureau exécutif de l'Union des Fédéralistes Européens - France (UEF-France) et secrétaire générale de l'UEF-IdF, Ecolo cohn-bendiste, je combats les nationalismes et régimes totalitaires, je milite pour la reconnaissance de l'Etat palestinien et la victoire de l'Ukraine, la défense des droits humains

Abonné·e de Mediapart

Que nos parlementaires votent massivement OUI au plan de sauvetage de la Grèce !.... malgré tout

Je crois que nous sommes toutes et tous d'accord pour dire que cet accord imposé au Gouvernement Tsipras est terrible pour la population grecque, terrible dans le sens où il pousse les Grecs vers l’abîme en l'asphyxiant, terrible où des pressions ont été faites sur Alexis Tsipras pour que le Parlement grec adopte toute une série de mesures en 72h, ce qu'aucun Gouvernement de la zone euro et au-delà n'accepterait de faire...

Francoise Diehlmann (avatar)

Francoise Diehlmann

Germaniste, traduis, blogue sur l'Allemagne, également sur la France, l'Europe, le monde, membre du Bureau exécutif de l'Union des Fédéralistes Européens - France (UEF-France) et secrétaire générale de l'UEF-IdF, Ecolo cohn-bendiste, je combats les nationalismes et régimes totalitaires, je milite pour la reconnaissance de l'Etat palestinien et la victoire de l'Ukraine, la défense des droits humains

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je crois que nous sommes toutes et tous d'accord pour dire que cet accord imposé au Gouvernement Tsipras est terrible pour la population grecque, terrible dans le sens où il pousse les Grecs vers l’abîme en l'asphyxiant, terrible où des pressions ont été faites sur Alexis Tsipras pour que le Parlement grec adopte toute une série de mesures en 72h, ce qu'aucun Gouvernement de la zone euro et au-delà n'accepterait de faire...

... terrible dans la mesure où cet accord exige que tout projet de loi passe par la troïka avant d'être voté par le Parlement, et va jusqu'à exiger l'ouverture des magasins le dimanche et la planification des soldes, ce qui est une véritable ingérence dans la souveraineté d'un pays, bien sûr, inacceptable. 

Le fameux fonds de privatisation qui devait avoir son siège au Luxembourg, mais qui sera en Grèce grâce à Tsipras, n'est autre que la société fiduciaire ou « Treuhand » - mot allemand qu'emploie déjà les Grecs - pour la privatisation, à l'époque, d'entreprises de la RDA rentables. Le grand quotidien berlinois, Tagesspiegel, titre ce 14 juillet: "un monstre allemand comme exemple pour la Grèce?". 

De ce monstre, seuls Angela Merkel et surtout Wolfgang Schäuble en ont le secret au niveau européen. Ce qu'on sait c'est qu'à l'époque lorsque la période de la Treuhand a pris fin, seuls 1,5 millions d'Allemands de l'Est avaient encore un travail et les caisses de l'Etat avaient 120 milliards de dettes, alors qu'on attendait 300 milliards de recettes. Par ailleurs, c'était une époque de haine sans précédent contre les dirigeants du Parti du Socialisme Démocratique devenu die Linke, qui composaient l'aile réformatrice du parti. Ne nous étonnons pas de ce que Gregor Gysi, lors de son discours d'adieu en tant que Président du groupe de die Linke, déclarait en juin dernier :« Dans les premières années de mon activité politique à partir de 1989, je n'ai rencontré que les extrêmes : soit on m'aimait ou on me vénérait même, soit on me haïssait. Tout ça était très dur à vivre, la haine parce qu'on n'arrive pas à l'assumer, je ne comprenais pas ce rejet, je ne comprenais pas ce que j'avais fait aux gens pour qu'ils me haïssent à ce point. Mais la vénération c'est encore pire, parce que je savais que je ne pouvais pas répondre à toutes les demandes des gens à l’Est, cela me faisait mal de devoir les décevoir ».  La haine, le rejet, je les ressentais au Bundestag.Je sais quels journalistes ont enquêté sur moi, intenté des actions en justice contre moi, je sais combien il y a eu de procès, combien j'ai du lutter pour ma réputation. Je n'oublierai jamais les audiences de la commission régissant l'immunité parlementaire ».  Qui menait la campagne de haine à l'époque: Wolfgang Schäuble, membre de la direction de la CDU, ministre de l'intérieur du Gouvernement Kohl, puis devenu pour quelques temps président du groupe de la CDU au Bundestag. Schäuble était aux manettes, il n'est jamais parvenu à ses fins, die Linke a aujourd'hui 64 députés au Bundestag. Sa haine de la gauche radicale est viscérale. Qu'un Etat de l'UE soit dirigé par un dirigeant de la Gauche radicale, est pour lui insupportable. La machine s'est rapidement mise en route, on connaît la suite. 

Un sondage montre que 68,1% des Grecs veulent que Tsipras reste Premier ministre et que 70% sont pour que l'Accord "Agrekment" passe. Les Allemands qui étaient en grande majorité pour le Grexit sont à 53% derrière Angela Merkel, il en est de même pour 75% des électeurs des Grünen et 53% des électeurs de die Linke. 

On peut critiquer la stratégie du Gouvernement grec, d'ailleurs les Grecs sont très partagés, qui ne ferait pas d'erreur dans une telle situation. Tsipras est un pro-européen, qui a mis en lumière l'opacité de l'Eurogroupe, qui a toujours fonctionné en se promenant dans son confort. Voilà un dirigeant européen grec, fraîchement élu, à qui on exige de lui de faire en 5 mois, ce que les autres n'ont pas fait en plusieurs décennies soutenus par les pays de l'Eurogroupe et de l'UE, qui bouscule voire ringardise l'ordre établi de cette politique européenne austéritaire.

Alexis Tsipras remet au centre l'Europe politique et la démocratie par le référendum. Plus il met l'Europe politique au centre, plus l'intransigeance allemande représentée essentiellement par Wolfgang Schäuble est grande avec comme cadeau empoisonné un document Grexit concocté en association avec Angela Merkel et le Vice-Chancelier et Président du SPD, Sigmar Gabriel.  Les députés des Grünen menacent de saisir la conseil constitutionnel pour violation de l'article 23 de la constitution, car le Bundestag n'a pas été informé et aussi pour des raisons de budget national.

Les échanges entre la Grèce et l'Allemagne sont d'une telle violence que Dany Cohn-Bendit demande une médiation entre les deux pays. 

Un accord est signé qui évite le désastre, à savoir le Grexit. Sans l'engagement de la France qu'on peut critiquer d'être arrivée bien tard, nous aurions aujourd'hui un Grexit avec tout ce que cela veut dire pour les Grecs, mais pour cette Europe déjà mal en point. 

Mais l'intransigeance allemande, mise au grand jour par les révélations effroyables de Yanis Varoufakis, a détruit la diplomatie européenne et laisse aujourd'hui de grandes fissures dans l'Union européenne.

Ce 14 juillet Alexis Tsipras déclare: "Nous avons gagné un référendum mais moi j'ai signé un accord auquel je ne crois pas. J'assume la responsabilité d'un texte que j'ai signé pour éviter le désastre". Ceci résume toute la situation. Il est vrai que le Grexit aurait été un désastre. Ne pas y croire? Le FMI n'y croit pas puisqu'il demande un allègement de la dette et Tsipras le sait. Par ailleurs comme le révèle le journal allemand, le Handelsblatt, Schäuble sort un nouveau plan qui dirige la Grèce vers une monnaie parallèle, ce qui veut dire faire rentrer le Grexit par la porte de derrière.

Les choses ne sont pas terminées. Une chose est sûre, les parlementaires, notamment ceux des pays qui ont soutenu la Grèce: l'Italie et notamment la France doivent voter massivement pour le OUI en soutien au le gouvernement grec d'Alexis Tsipras, afin de créer le rapport de force permettant d'éviter le Grexit qui n'a toujours pas disparu on le voit, d'aider à ce que des systèmes de régulation soient mises pour aider les plus pauvres, de renverser la vapeur européenne actuelle, ce qui signifie plus de politiques d'investissements, notamment dans la transition énergétique, et revenir aux valeurs fondamentales de l'Europe: la Paix, la démocratie, la solidarité, le bien-être social et la durabilité écologique. 

Sans cela, Alexis Tsipras se tournera vers la Russie de Vladimir Poutine, et sa chute pourrait conduire à l'arrivée au pouvoir de forces nauséabondes comme le parti néo-nazi, Aube Dorée. C'est quand même pour l'aider à sortur du fascisme, que l'Europe a aidé la Grèce qui est devenue membre de l'UE.

Pour tout cela, Mesdames et Messieurs les Parlementaires, votez oui..... malgré tout (trotz alledem, comme on dit en allemand). 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.