J'attendais de voir si la résolution de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, sur l'envoi d'observateurs internationaux, allait être adoptée. Si elle l'avait été, la Russie se la serait appropriée de toutes façons. Comme on se dirige vers un rejet, c'est que la Russie et ses alliés se considèrent comme les vainqueurs et n'ont besoin de personne, surtout pour continuer leur épuration ethnique contre des rebelles éventuellement cachés dans les convois qui se dirigent vers la ville d'Idlib. Or, depuis vendredi, la route menant d'Alep à Homs a été brutalement prise par les djihadistes de l'Etat islamiste, Idlib se trouvant tout près. La situation est donc terrible et inquiétante pour la population d'Alep, épuisée, affamée, empruntant les convois en direction d'Izdir. L'aide humanitaire tente tant bien que mal de s'organiser à Isdir.
Dans un mois, Trump arrive au pouvoir, les USA et la Russie vont pactiser, les premiers laissant le règlement de la crise syrienne à la Russie, et donc à Bachar el Asad, à l'Iran au Hezbollah. La présence de l'Iran et du Hezbollah à Alep ouvre la voie, plus vite que prévu, à une nouvelle zone de conflits avec Israël. Si cela devait être le cas, la situation mondiale serait des plus dangereuses et explosives. Cela voudrait dire aussi que les responsables politiques français - notamment de gauche - qui soutiennent aujourd'hui l'impérialisme russe de Vladimir Poutine, feraient définitivement partie du clan néo-conservateur.
Bref je trouve méritoire la position de la France depuis le début. Par contre le fait que l'Europe ne soit pas une vraie puissance, c'est à dire, qu'elle ne soit pas une Europe fédérale ne serait-ce au moins qu'au niveau de la zone euro, est très dangereux au moment où le monde va basculer dans le futur rapprochement Russie USA. Le refus d'Obama d'intervenir en Syrie après l'utilisation des armes chimiques en 2013, malgré la demande pressante de la France, a ouvert la voie à la Russie et à ses méthodes atroces équivalentes à celles utilisées aujourd'hui à Grozny.
Tout ça pour dire, mais certains ne seront pas d'accord avec moi, que François Hollande a eu raison de bout en bout sur la question syrienne, en faisant preuve de fermeté contre le régime de Bachir El Assad et contre Daech. Une clairvoyance dont trop peu de dirigeants de ce monde font preuve. Seulement voilà, il était et est seul, l'Europe ne répond pas au rendez-vous.
Quant à l'ONU, la France va saisir maintenant son Assemblée générale. Il est étonnant que les candidats à l'élection présidentielle - tout du moins à gauche - ne se saisissent pas de l'impuissance de l'ONU qui fonctionne sur la base de la guerre froide du XXe siècle, pour tenter une réforme.