Taz : Monsieur Cohn-Bendit : De quoi s’agit-il dans cette élection ?
Daniel Cohn-Bendit : Il s’agit de savoir dans quelle configuration le gouvernement de Berlin veut relever les défis européens. Le Président français Emmanuel Macron a fait une annonce claire. On ne peut pas continuer comme cela avec l’Europe. Il veut un ministre des finances de la zone euro, il veut un plan d’investissement de la zone euro et il veut faire converger le niveau des taux d’imposition sur les sociétés dans l’UE.
Cela signifie quoi au regard des élections de dimanche ?
La coalition la plus fatale qui pourrait en sortir serait celle entre la CDU [parti d’Angela Merkel] et le FDP [Parti libéral]. Car le FDP nage pratiquement dans les eaux de l’AFD [parti d’extrême-droite] concernant l’Europe et soutient la vision hégémonique d’un Wolgang Schäuble [actuel ministre des finances].
Coalition jamaïque? [CDU-FDP-Grünen ou noir-jaune-vert)
Cette configuration serait une épreuve déchirante pour les Grünen, mais les écologistes devraient dans une telle coalition se révéler comme parti européen d’avenir et former au fond une alliance avec Merkel contre Schäuble, Seehofer [CSU], Lindner [FDP].
En tant que Français, tu as vécu un tas d’expériences avec le FN. Quelle attitude devons nous avoir envers l’AfD ?
L’AfD va faire son entrée au Bundestag. On ne peut pas l’empêcher. Mais si le prochain Gouvernement, peu importe la coalition, cela peut être une grande coalition, s’il réussit, l’AfD n’aura pas de perspective. Ce qui doit être clair pour tous en Allemagne, pour les Merkel, Schäuble, Göring-Eckardts, Özdemir et n’importe qui d’autre : tous ont été soulagés lorsqu’Emmanuel Macron a été élu et pas Marine Le Pen. Si Macron devait échouer sur le front européen, cette joie serait d’une courte durée.
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