La bataille s'annonce animée au sein du parti social-démocrate entre le Président du Parlement européen, Martin Schulz et le "tout puissant" Sigmar Gabriel à la fois Vice-chancelier, ministre de l'économie et Président du SPD. Pousser vers la sortie Sigmar Gabriel serait un scoop surtout qu'il a plutôt confiné le SPD dans un rôle poussif au sein de la grande coalition. Mais là, c'est sûr qu'il n'y aura pas de primaire ou alors ça s'appellerait Révolution dans le paysage politique allemand.
"L'un des scénarios envisagés par les médias allemands est que M. Schulz pourrait être désigné à la tête de la diplomatie allemande en février, concourir pour la chancellerie puis reprendre le portefeuille des Affaires étrangères dans l'hypothèse d'une nouvelle grande coalition" peut-on lire dans la dépêche de de l'AFP.
Sauf que Merkel a autre chose en tête si elle gagne. N'oublions pas que l'élection présidentielle au suffrage indirect a lieu début 2017 en Allemagne, six mois avant les élections législatives. Merkel a voulu donner un signal fort, qui est aussi celui du Président de la république Joachim Gauck, en soutenant comme candidate à la Présidence de la République, Marianne Birthler, membre des Verts/Alliance 90. Elle fut l'un des leader de la révolution pacifique qui a conduit à la chute du mur en 1989 et porte parole de l'Alliance 90 mouvement à l'Est qui ensuite a fusionné avec les Grünen au moment de la réunification. En 2000 elle succéda à Joachim Gauck, au poste de commissaire fédérale pour les archives de la Stasi, fonction qu'elle occupa jusqu'en 2011.
En voulant la nommer à ce poste, Merkel donnait ainsi un signal pour une coalition CDU-Grünen à l'issue des législatives de l'automne 2017, ce qui ne déplairait pas à Winfried Kretschmann, actuel ministre-président écolo du land de Bade Wurtemberg et leader du courant pragamatique des Grünen.
Le problème est que Mariane Birthler a refusé le poste, que le SPD s'est très vite engouffré dans la brèche et qu'Angela Merkel n'a pas eu d'autre choix que de soutenir la candidature de Frank-Walter Steinmeier, actuel ministre SPD des Affaires étrangères, à la présidence de la république. Bien sûr, Steinmeier, bien qu'il soit très aimé des Allemands, n'a rien de renversant, il représente le SPD traditionnel. Birthler, elle, est un symbôle, elle vient de l'ex-RDA, était l'une des personnalités marquantes de l'opposition, elle est écolo et c'est une femme.
Mais cela n'empêchera pas Merkel, si les résultats sont suffisants de faire tout pour tenter une coalition avec les Grünen. Le SPD risque de se retrouver dans l'opposition avec die Linke. A moins qu'il tape du pied pour une coalition à 3: CDU, Grünen, SPD, ce qui n'est pas à exclure. Donc les chances de Schulz de devenir ministre des Affaires étrangères, comme indiqué dans la dépêche de l'AFP, ne sont pas évidentes.
La grande coalition CDU-SPD, poussive, a montré qu'on était arrivé au bout avec ce système. Merkel tend à innover, elle n'en veut plus, pendant que le SPD penche pour un statu quo en jouant aux chaises musicales, en déplaçant les hommes, je dis bien les hommes, car chez eux cela se joue entre hommes: Gabriel-Steinmeier-Schulz.
Bref, on s'éloigne, hélas, de plus en plus d'une coalition SPD-Grünen-Linke, tout simplement parce que Steinmeier- Gabriel et Schulz qui sont dans la tradition de l'Allemagne rhénane de l'ex-Allemagne de l'Ouest, ne voient pas cela d'un bon oeil et ne tentent pas d'innover. Par contre, Merkel, Gauck, Birthler, tous de l'Est, qui ont été aussi les artisans de la réunification sont prêts à innover pour qu'une coalition CDU-Grünen gouverne l'Allemagne
Qu'on le veuille ou non, pour Merkel, faire entrer l'Allemagne dans une nouvelle ère, c'est une coalition CDU-Grünen. Mais le vrai renouveau n'est-il pas quand même pas une coalition SPD-Grünen-Linke? Du jamais vu en Allemagne à l'échelon national, contrairement à la France.
Je vais ouvrir très prochainement une page Facebook sur les élections allemandes.