Comment font les pays de l'UE qui n'ont pas d'article analogue à notre satané 49-3 qui ridiculise la voie parlementaire ? Ils sont obligés de négocier.
J’ai été membre très longtemps de la CGT et je l’ai quitté récemment, lorsqu’elle a boycotté la conférence sociale, Il en fut de même pour la convention environnementale. Une centrale syndicale ne peut pas pratiquer la politique de la chaise vide, avant même que la conférence sociale ne commence. La CGT s’est durcie. Je refuse par principe d’employer le mot « radicalisation » utilisé à longueur de journées par les politiques, les médias, terme que je laisse aux questions de terrorisme. Quand il y a une crise grave comme celle-ci, il y a durcissement, qu’on le veuille ou non. Alors il faut anticiper. J’ai des problèmes avec l’attitude des syndicats que cela soit celui de la CGT ou de la CFDT et ce, pour des raisons différentes, la première pour sa position jusque-boutiste, la seconde pour être tellement timorée qu'elle ne remet même pas en cause l'article 2 de la loi, qu'aucun syndicat ne devrait accepter. Mais quand l’Etat sort l’arme du 49-3, l’arme syndicale est dégainée. Et là, il faut désamorcer. Pour ce, il n’ y a que le dialogue, mais il est au point mort.
J’ai entendu des ministres et des députés du groupe socialiste, écologiste et républicain (SER) employer les mêmes expressions que la droite, ce qui est terriblement choquant quand on est de gauche, et peut avoir des conséquences fatales sur l'électorat. Aujourd'hui le gouvernement et la CGT sont face à face. Valls face à Martinez ou Martinez face à Valls, bien que tout le monde oublie que la CGT n'est pas la seule, puisqu'il y au aussi FO et d'autres syndicats. On fait quoi? Il y a la proposition de Dany Cohn-Bendit dans sa chronique de ce mercredi matin, pour qui Valls et Martinez lui font penser au film « la fureur de vivre », mais seulement voilà aucun des deux n’est James Dean. Ou bien le Gouvernement a recours à la manière forte ? Ajouter cela au 49-3, ce serait la pire des choses. Il faut ouvrir un dialogue et au plus vite. S’il le fait, on assistera à une situation étrange : le Gouvernement négocie directement avec les syndicats, après avoir court-circuité le Parlement avec le 49-3 et donc muselé la voix des parlementaires. La démocratie en prend un sacré coup.
Comment faire maintenant pour s’en sortir ? Je crains que nos institutions soient complètement déstabilisées si le Gouvernement se décidait d’ouvrir les négociations avec les syndicats et qu'au nom du 49-3 le parlement continue d'être court-circuité. C'est pourquoi il est à espérer qu'une lumière jaillira de députés du groupe SER - pas de ceux bien sûr qui ont recours au vocabulaire de la droite - avec une offre forte et sérieuse de dialogue, permettant de remettre le parlement non seulement dans le coup, mais au premier plan, à condition que que la CGT accepte de négocier et que le Premier ministre ne vienne pas tout bloquer en brandissant frénétiquement « le 49-3, rien que le 49-3 ». Or, on apprend que Manuel Valls s’est opposé ce mercredi devant l’Assemblée nationale à la proposition du président du groupe SER Bruno Leroux de faire évoluer la loi travail. Les députés du groupe SER doivent persévérer dans leurs propositions. On ne tord pas le cou à un système à bout de souffle avec un 49-3. Il faut anticiper et ce, d’autant plus qu'on arrive à la fin du système de la Ve République dans les fuites duquel s'engouffrent FN et droite revancharde. Cette situation leur offre un vrai boulevard et risque de faire péter définitivement la gauche déjà suffisamment en miette.