La loi sur le mariage pour tous a engendré des réactions dépassant les limites de l'imagination.
La 2e manif pour tous est apparue en effet, comme un acting-out relevant d'une décompensation, bien plus que d'un comportement réfléchi ou pensé.
De l'église à l'extrême droite toujours à l'affut de sujets de scandale et de violence, en passant par la droite bien-pensante, campée sur une conception archaïque de la famille, la 2e levée de boucliers a réaffirmé sa condamnation du mariage pour tous, en s'appuyant sur une prétendue "théorie du genre".
Un des objectifs de cette argumentation très médiatisée par quelques leaders du mouvement, était manifestement de semer le trouble, afin de rallier le plus grand nombre possible de personnes dans leur voie.
Créer de toutes pièces un sujet de scandale ou de révolte, en se donnant une apparence de crédibilité, pour entraîner des personnes en manque de repères, est en effet une technique de manipulation connue.
Le but officiel de cette 2e manifestation n'était ainsi rien de moins que de faire abroger la loi sur le mariage pour tous, en utilisant des prétextes fallacieux.
En d'autres termes, alors que des formations sociales voient leurs dogmes détrônés par l'évolution des mœurs et la récente législation, elles n'hésitent pas à utiliser des arguments spécieux pour combattre le gouvernement par tous les moyens jugés utiles, y compris les amalgames et la manipulation.
Ainsi donc sévirait à l'école une prétendue théorie du genre qui viserait à occulter les différences entre les sexes et remettrait en question le modèle familial classique composé d'un père et d'une mère.
Le problème, c'est que d'une part la théorie du genre n'existe pas. C'est un domaine d'études portant sur la construction sociale des genres et non pas sur la réalité biologique des sexes.
D'autre part, l'homosexualité n'a rien ou fort peu à voir avec le genre. Ainsi, de très nombreuses personnes homosexuelles ne sont pas des personnes transgenres, et ne présentent aucune probabilité de le devenir.
C'est dire que les caricatures montrant le ministre de l'éducation travesti en femme, par exemple, sont grotesques et ignominieuses, tout en illustrant bien le niveau d'argumentation des détracteurs du mariage-pour-tous.
En réalité, l'homosexualité résulte essentiellement d'une construction psychique individuelle liée à l'histoire personnelle et familiale de la personne concernée.
Les déterminismes psychologiques de l'homosexualité sont en effet toujours présents et inscrits historiquement dans le développement de la personnalité des personnes homosexuelles.
L'homosexualité est ainsi une identité psychique bien avant d'être un choix de vie sexuelle, et il en va de même pour les autres orientations sexuelles.
C'est pourquoi les études sur le genre, qui sont des études sociologiques essentiellement, et a fortiori la prétendue "théorie du genre", n'ont rien à voir ou à faire avec ces questions psychologiques personnelles.
Par conséquent, le mariage pour tous vise à reconnaître l'identité psychique et les droits des personnes homosexuelles, et non pas à promouvoir l'idée que les différences sexuelles n'ont aucune importance ou que tout un chacun pourrait choisir librement sa sexualité et son genre, selon sa seule volonté ou fantaisie personnelle.
Encore une fois, dans l'homosexualité, les déterminismes psychiques individuels excluent l'idée d'un pur et libre choix du sujet.
Par conséquent, c'est profondément méconnaitre la problématique de l'homosexualité, que de la réduire à des questions de choix de genre et/ou d'orientation sexuelle.
Autrement dit, croire que l'homosexualité est un choix de genre et/ou d'orientation sexuelle, c'est méconnaitre la réalité du désir dans ses composantes psychiques individuelles, celles-ci n'ayant rien à voir avec une prétendue "théorie du genre".
Par ailleurs, l'égalité entre filles et garçons voulue par la réforme Peillon n'a rien à voir avec l'identité des genres et des sexes.
La confusion entre les termes "égalité" et "identité" montre elle aussi que de grossiers amalgames servent à soutenir l'insoutenable, dans les présentes circonstances.
Pour conclure, on peut suggérer aux adversaires du mariage pour tous de s'informer plus et mieux qu'ils ne le sont, sur des sujets de société essentiels.
On s'aperçoit en effet qu'en 2014, les plus importantes connaissances en psychologie sont toujours ignorées par une grande partie de la population.
Or être bien informé(e) serait la moindre des choses pour se conduire de manière digne et responsable, sur les sujets en question.
Ce n'est pas un moindre paradoxe chez des personnes prétendant dicter aux autres quels sont les seuls bons modèles conjugaux et familiaux.
Françoise Zannier