Le thème de la post-humanité est un thème idéologique et politique, pouvant facilement passer pour purement scientifique, en l'absence de précautions.
En effet, avant de parler d'une post-humanité qui serait liée à une évolution des gènes en particulier, et des différentes procédures possibles ou envisageables pour arriver à ce stade, il faudrait se poser la question de savoir ce qu'est l'humanité.
Dans la perspective évoquée, on comprend qu'il s'agit de l'humain réduit à ses capacités et potentialités biologiques.
Mais l'humain n'est-il que cela ?
Un problème avec la biologie et les sciences de la nature, c'est bien la réduction a priori et arbitraire de l'existant, aux réalités physiques, c'est-à-dire concrètes et matérielles.
Or cette conception est loin d'être partagée dans toutes les sciences.
Il ne s'agit donc de rien de moins que d'un hégémonisme, faisant fi de l'histoire de celles-ci, et de la réalité d'autres sciences comme la psychologie et la psychanalyse, en particulier.
En d'autres termes, on s'aperçoit que rien n'a changé depuis des décennies, le réalisme et le positivisme naïf des sciences naturelles et physiques, continuant de s'opposer à l'instrumentalisme et au constructivisme, pour définir l'humain en particulier.
Le souci, c'est que tout cela prend souvent des tournures grossières, des postulats et autres hypothèses - corroborées par certaines études - étant souvent présentés comme des vérités uniques ou dernières.
Le cas de l'humain réduit à ses capacités biologiques, est une illustration du problème en question.
Autrement dit, les intérêts personnels et corporatistes primant souvent sur d'autres considérations, certains en arrivent à faire passer des vessies pour des verres de lanterne, consciemment ou non.
Mais revenons-en à l'humanité. Quid de l'humain ?
Le simple fait d'écrire un h ou un H peut mettre sur la voie.
Ignorer ou faire l'impasse sur le fait qu'il s'agit d'abord d'un mot, et qu'à ce titre il comporte plus d'une signification, est en fait quelque peu indécent voire pervers, du point de vue développé ici.
En effet, la réalité biologique est loin d'être le tout de ce qu'il y a à savoir et à comprendre en matière d'humanité.
Autrement dit, la réalité psychique de l'humanité est le caractère essentiellement distinctif de celle-ci.
Tenir compte du fait que si nous en parlons, c'est parce que le langage le permet, et que celui-ci n'est pas de nature biologique, justement, est le moindre des pré-requis pour discuter valablement et commencer à bien voir ce qui est en question.
De ce point de vue en l'occurrence, l'humain est bien autre chose qu'une machinerie biologique.
L'humain fait référence à la culture et à des valeurs morales ou métaphysiques, diverses et variées, dont certaines sont reconnues comme étant universelles.
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen, notamment, fait état de ces valeurs, via les droits en découlant.
Notons au passage que tout homme est aussi un citoyen, ce dont la biologie n'a rien à faire également, contrairement à la psychologie.
On voit bien ainsi que la biologie est loin du compte, pour aborder le sujet de l'humain, et par conséquent du post-humain.
En fait, de notre point de vue, il y lieu de penser au contraire que nous ne sommes pas encore arrivés au stade de l'humain, pour la bonne et simple raison que les valeurs culturelles fondamentales évoquées dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et du Citoyen, ne sont respectées c'est-à-dire mises en application, nulle part dans le monde.
On comprendra sans doute mieux ainsi qu'on peut être choqué par des textes ou des discours parlant de post-humanité en termes biologiques, là où d'un autre point de vue, l'Humanité n'est pas atteinte mais au contraire fort malmenée, donc pré-humaine en quelque sorte.
Culturellement et psychiquement parlant, l'époque actuelle apparait en effet à bien des égards comme une barbarie des temps modernes, pour le dire dans ces termes.