Le terrorisme c'est le rejet total de l'Autre, jusqu'à son anéantissement physique, comme on le sait.
La suppression haineuse et radicale du prochain, survient en lieu et place de la compréhension et de l'amour, au nom d'une religion détournée de son sens, pervertie comme l'acte auquel elle aboutit.
Une telle négation relève d'un vide, d'un trou dans la pensée que le passage à l'acte meurtrier tente de combler, comme s'il pouvait le remplacer.
Cette substitution de l'acte à la pensée, à l'élaboration psychique par quoi le primitif devient civilisé, est une forme de jouissance archaïque dans laquelle le sujet trouve une satisfaction aussi éphémère que mortifère.
Ainsi, dans le meurtre barbare, ce n'est pas seulement l'autre qui est visé, c'est la culture dans son ensemble et la communauté des humains se reconnaissant dans les valeurs de cette culture.
C'est en cela que les faits en question nous atteignent au plus profond de ce qui constitue notre identité, à la fois collective et personnelle.
C'est en cela qu'ils nous bouleversent et c'est pour cela que nous devons réfléchir à leurs tenants et aboutissants.
Ainsi, paradoxalement, nous devons tenter de comprendre ce qui relève de l'incompréhension et de l'irrationalité extrêmes.
A cet égard, il conviendrait notamment que nous ayons connaissance des résultats des analyses toxicologiques effectuées, de nombreux passages à l'acte suicidaires ou meurtriers se déroulant sous l'empire de la cocaïne ou de benzodiazépines, comme l'évoque l'AAAVAM, en particulier (voir http://www.aaavam.eu/).
Plus généralement, au travers de ce genre de faits, nous sommes confrontés à ce qui dans l'humain, provient de l'inconscient c'est-à-dire de l'enfance et du pulsionnel, et y subsiste d'autant plus sûrement que l'éducation a manqué son œuvre, d'une part, mais aussi que le contexte s'y prête, d'autre part.
Il y a en effet dans les actes terroristes, une responsabilité à la fois individuelle et collective, personnelle et partagée, nous interrogeant sur ses causes au sens restreint (micro-social) aussi bien qu'au sens large (macro-social).
Indépendamment des personnalités des auteurs, c'est-à-dire de leur histoire personnelle et familiale, qui contient toujours une part importante des explications, on ne peut pas faire l'économie d'une analyse du contexte socio-historique où ils surviennent, notamment.
Or que constate-t-on ? Les extrémismes tels que djihadisme, anti-sémitisme, anti-islamisme, etc… atteignent leur apogée dans des périodes de grave crise socio-économique, alors que de très nombreuses personnes sont en souffrance parce qu'elles ne trouvent pas de place dans la société ou ne peuvent pas vivre correctement.
Chacun sait en effet que les taux de chômage battent des records inégalés dans la plupart des pays d'Europe, et que la précarité touche des couches toujours plus importantes de population.
Dans ces conditions où souffrances psychologiques et frustrations sont le lot quotidien de très nombreuses personnes, comment s'étonner que l'autre, tout autre, soit facilement perçu comme un ennemi ou un persécuteur, dès lors que précisément, il ne permet pas d'identification mais suscite au contraire des projections négatives offrant des issues aux insatisfactions accumulées et à l'agressivité refoulée.
Plus généralement, comment s'étonner de la recrudescence de la délinquance et de la radicalisation de nombreux jeunes dont l'avenir est trop incertain socialement, quand il n'est pas inenvisageable pour des raisons d'échec scolaire ou de difficultés personnelles ou familiales, en particulier ?
Comment croire que l'amélioration de l'éducation et de l'école peuvent ou vont tout changer à elles seules, alors que l'accès à l'emploi est difficile et restreint, et que les conditions de travail sont toujours plus précaires pour un nombre toujours plus élevé de personnes ?
Comment espérer que des enfants et des jeunes vivant dans des milieux défavorisés et n'ayant parfois jamais vu leurs parents travailler, vont acquérir le goût du travail par les seules vertus de l'école, de leurs maitres, du prêtre ou de l'imam, de qui que ce soit d'autre ?
Comment ne pas voir que la bouc-émissarisation des charlie, des gaulois, des juifs, des arabes, etc.. est dans de nombreux cas une réponse à la bouc-émissarisation dont les terroristes sont eux-mêmes les victimes réelles ou imaginaires ?
Comment oublier que l'impérialisme occidental, avec sa pensée unique et son marché unique, basés sur la compétition et les valeurs marchandes pour seule philosophie, a fait et continue de faire tous les jours, d'innombrables victimes dans le monde ?
Finalement, il faudrait que chacun(e) tire les conclusions qui s'imposent et balaye devant sa porte, si l'on peut dire...