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Billet de blog 19 avril 2020

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Covid19 et crise écologique : à qui profite le crime ?

"L'écologie est la compréhension systémique de soi et de l'autre dans un environnement physique, social, symbolique, etc., c-à-d de l'interdépendance des éléments du système."

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En dépit des controverses évoquant sa création par l'homme et sa propagation accidentelle depuis le laboratoire de Wuhan,
le Covid19 est un virus d'origine naturelle d'après les sources scientifiques les plus autorisées (Revue Nature, Institut Pasteur, etc.).
Qui plus est, l'apparition de ce virus est un symptôme de la catastrophe écologique planétaire en cours, ce qu'il faudrait saisir.

Pour cette raison, de nombreux scientifiques voient cette pandémie comme une prémisse d'une crise à venir, bien plus importante et destructrice que la déflagration actuelle, si des mesures urgentes et efficaces ne sont pas prises.
Le désastre écologique dont font partie le réchauffement climatique, la pollution des sols, de l'air, de l'eau et des océans, les risques nucléaires, sanitaires, etc., résulte essentiellement des politiques libérales productivistes régissant le capitalisme mondialisé depuis le dernier quart du 20e Siècle, et il est principalement du aux activités écologiquement criminelles de certaines grandes entreprises.

On sait notamment que la déforestation massive de la planète dont l'agriculture intensive est responsable à 80%, détruit les barrières virales en favorisant la promiscuité d'espèces animales, et provoque ainsi des interactions créant un bouillon de culture de microbes, bactéries, virus, etc.
Parmi d'autres dangers d'origine industrielle, il est avéré que 100 entreprises sont responsables de 75% des émissions mondiales de CO2 et que 94 paquebots de croisière émettent 10 fois plus de dioxyde de souffre que 260 millions de voitures particulières en Europe.

On comprend ainsi que ce ne sont pas les actions des particuliers, bien qu'ils soient sans cesse sollicités, qui peuvent faire avancer les choses de manière décisive. Il s'agirait plutôt d'interdire les activités industrielles en question ou au moins de mettre en œuvre des réglementations protectrices drastiques et des activités de substitution.
Tout cela ne signifie pas bien entendu que les particuliers ne doivent pas faire d'efforts et acquérir une bonne discipline, mais plutôt que les efforts devraient en toute logique être proportionnels aux responsabilités des acteurs.
Or en regard des faits, on voit bien que ce n'est pas le cas et que le courage et/ou la lucidité manquent sans doute aux grands décideurs pour imposer des règles de bon sens aux industriels en particulier.
Autrement dit, "durs avec les faibles, faibles avec les forts" semble comme souvent être la posture privilégiée des gouvernements.
Autant dire que le lobbying intensif des grands groupes et le chantage habituel à l'emploi notamment, ont vraisemblablement raison des meilleures intentions en matière d'équité et d'intérêt général.

Plus encore, on peut penser que les relations incestueuses entre pouvoirs publics et grands actionnaires privés aboutissent à laisser perdurer, voire à encourager les excès d'un  système ignorant délibérément les limites naturelles et physiques, mais aussi morales et sociales, car les outrepassant souvent plus que de raison.
C'est le cas au niveau de la répartition mondiale des richesses possédées à 60% par 1% de la population.
C'est le cas de la famine qu'on laisse tuer 1 enfant de moins de 15 ans toutes les 5 secondes dans l'ordre cannibale du monde.
C'est le cas du 5 Mars 2020, jour de dépassement précédant de 10 mois son échéance normale.
etc. etc.

On pourrait multiplier à l'infini les exemples montrant l'irrationalité du système en question et de ses principaux acteurs, à savoirs les politiques et les grands actionnaires, membres de grandes familles ou dynasties.
Car en effet, malgré toutes les précautions visant à mettre le système en cause et à utiliser la 3e personne grammaticale, il n'en demeure pas moins que ce système est incarné et que les responsabilités morales et juridiques des acteurs, sont en principe proportionnelles au pouvoir détenu par ceux-ci.

De ce point de vue moral et juridique, les incohérences entre les déclarations et les faits seraient à enrayer notamment, si la sincérité et l'authenticité étaient de rigueur.
Comme par exemple celles entre les Droits déclinés dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et les réalités de terrain montrant que ces droits ne sont respectés nulle part réellement, c'est-à-dire complètement.
Il suffit de mettre en perspective le Droit au logement et le nombre de SDF, par exemple, pour le voir.
De même pour les incohérences entre des mots comme République, Démocratie, Liberté, Égalité, Fraternité, etc., et des réalités de terrain montrant une population française fortement clivée entre une oligarchie opulente et 9 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté, outre de très nombreux précaires.

Tous ces constats ramènent invariablement à la conclusion que les problèmes mettant en question l'existence même de l'homme sur terre, que ce soit en exploitant son prochain, en surexploitant les ressources naturelles, en détruisant la biodiversité, en polluant l'environnement, tous ces problèmes sont essentiellement d'ordre éthique, et non pas économique, politique, sanitaire, neurobiologique, etc.
A cet égard, il faut préciser que le relativisme des valeurs n'empêche pas que certaines d'entre elles sont universelles ou en tout cas réunissent les plus larges consensus, comme par exemple celles contenues dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, justement.
De même les principales vertus civiques et morales comme le respect de l'autre, qui sont à la base de la vie sociale, sont largement (re)connues et plébiscitées.
C'est pourquoi le fait que ces valeurs et vertus ne sont pas mises en actes dans toutes leurs dimensions, met en cause les intentions réelles des élites et des gouvernants du monde principalement.

En tout état de cause, il s'agirait urgemment de rendre à l'éthique la place qu'elle n'aurait jamais du cesser d'avoir, laquelle est prépondérante sur toute autre.
Cette place va de pair avec la priorité qu'il s'agit d'accorder à l'humain et non pas à l'argent, à l'économie, etc., comme c'est le cas actuellement, pour ne pas parler des possédants.
Autrement dit encore, privilégier la qualité de la vie et non la quantité des biens matériels et financiers, suppose de revoir de fond en comble les objectifs de la société actuelle et ses valeurs éducatives.
Car on perçoit bien que les valeurs officielles déclarées sont pour l'essentiel dévoyées et perverties par des égoïsmes dominants qui accaparent les richesses à leur profit, ceci engendrant toujours plus de laissés-pour-compte, y compris la planète, au point qu'a surgi le slogan : "Fin du monde, fin de mois, même combat".

Pour finir, il est à souligner qu'il ne s'agit pas d'un "bug neurobiologique" qui toucherait l'humain en général, du fait de son cerveau divisé entre structures anciennes (striatum,..) et récentes (cortex,..) qui l'empêcherait de prendre les bonnes décisions, mais d'un problème culturel et politique plus précisément, dont les principaux responsables sont aux commandes des grandes institutions et formations sociales. 

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