Ainsi, la phrase du Ministre de l'Education Nationale, Jean Michel Blanquer, prononcée lors d'une interview au JDD, "Le vrai ennemi du service public, c'est l'égalitarisme ; son ami, la liberté. La liberté bien conçue favorise l'égalité", fait référence à des croyances fausses et à des principes inadaptés pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, il s'agirait de bien comprendre que l'égalité est un principe - et un objectif - valable en droit, mais en aucun cas dans les faits.
Autrement dit, dans les faits, de nombreuses et importantes différences existent entre les personnes - quel que soit leur âge - particulièrement en termes de capacités physiques et intellectuelles, de connaissances et aussi de motivations, tout cela du fait des héritages (réalité bio-psycho-sociale) et des influences reçues par chacun(e) notamment.
C'est pourquoi de ce point de vue, les mots "égalité" et "égalitarisme" n'ont que peu voire aucune pertinence pour décrire ce dont il est question à l'école et dans la vie sociale en général.
En clair, il s'agit plutôt de développer les aspirations et capacités de chacun(e) au mieux pour lui(elle) dans le cadre scolaire et social existant, ce qui suppose des capacités d'adaptation notamment.
Autrement dit, sur le plan concret, ce sont les différences des statuts et des rôles sociaux qui font la richesse d'une société et non pas la prétendue identité/égalité de ses membres, idéalisée par certains.
En termes plus scientifiques, dans la vie réelle, l'idiosyncrasie de l'élève ou de la personne est à prendre en compte bien plus souvent que le pôle nomothétique de son développement cognitivo-comportemental, et le choix d'une formation ou d'un métier dépend bien plus de celle-ci, notamment.
Dans ce même ordre d'idées, il faudrait admettre que la fonction principale de l'école républicaine n'est pas de former des individus idéaux toujours plus cultivés mais essentiellement de permettre aux élèves de s'insérer socialement c'est-à-dire professionnellement, dans un cadre préexistant où statuts, métiers et salaires (ou revenus), sont déterminés politiquement de manière essentielle.
De ce point de vue, en outre, il serait important d'en finir avec les visions élitistes considérant que plus un individu a une haute situation, plus il est méritant.
Trivialement, il s'agirait plutôt d'intégrer pleinement l'idée qu'il n'y a pas de sous-métier et que le sens civique et moral est la principale valeur personnelle, quel que soit le métier exercé.
Autrement dit, tous les savoirs et savoirs-faire du monde ne sont rien sans le savoir-être, tant il est vrai que "science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
Enfin, la vision d'une école qui serait seule et unique responsable du devenir personnel et social des élèves est un leurre.
En effet, l'école n'est qu'un maillon de la chaine institutionnelle permettant de co-construire l'identité de chacun(e). Par conséquent aucune méthode scolaire, aussi perfectionnée soit-elle, ne résoudra jamais cette équation à plusieurs variables à elle seule.
Ainsi, la famille et l'administration au sens large, les politiques économiques et sociales notamment, sont d'autres maillons non moins essentiels que l'école dans le devenir des enfants puis des adultes plus tard.
Par conséquent tout focaliser sur l'école pour tenter d'expliquer comment on envisage de régler les problèmes d'éducation et de formation est au mieux une erreur et au pire, une diversion...