Le débat sur l'égalité des genres est un mauvais débat pour plusieurs raisons.
D'abord parce que l'égalité des genres n'est pas une problématique partagée par la majorité des citoyens.
En d'autres termes, dans une démocratie, il est présomptueux et risqué de vouloir imposer des faits nouveaux et progressistes, si la majorité de la population ou une partie importante de celle-ci, n'est pas prête à les accepter.
C'est pourquoi le recours au référendum devrait toujours être possible et effectué, lorsque des grandes questions de société se posent, faute de quoi on s'expose à de violentes réactions, comme celles concernant le mariage pour tous et l'égalité des genres.
Rappelons brièvement la problématique.
La différenciation des genres est liée à la différenciation sexuée, dont découle depuis la nuit des temps, des différences d'attributs, rôles, places, etc… départageant les hommes et les femmes.
En d'autres termes, le fait que l'homme est plus fort physiquement que la femme, et que la principale fonction naturelle de celle-ci est de porter et de mettre au monde des enfants, a engendré d'innombrables conséquences dans l'organisation de la famille et de la société, depuis que le monde est monde.
Pour ces raisons l'homme s'est toujours préférentiellement consacré aux tâches extérieures et aux activités nécessitant de la force physique, comme la chasse, la pêche, la construction d'habitat, la guerre, etc…, et par suite le pouvoir politique, tandis que la femme s'est vue attribuer prioritairement les travaux domestiques tels que la cuisine, le ménage, etc…
Il n'y a rien là que de bien compréhensible, même si l'évolution des mœurs a amené des revendications remettant profondément en cause l'ordre social patriarcal.
Tout cela étant, des structures socio-mentales se sont créées avec les habitus, faisant que chez la plupart des personnes, certaines tâches ou activités, restent principalement masculines, en particulier celles requérant une grande force physique.
Cela paraitra sans doute trivial, mais la force physique est l'autre principal paramètre - le premier étant le sexe - faisant que l'homme et la femme sont considérés comme complémentaires dans le couple et dans le ménage, pris au sens d'unité économique de production.
Tout cela permet de dire que le débat sur l'égalité des genres est aussi un faux débat, parce que cette égalité ne se décrète pas.
Autrement dit, les mentalités ne peuvent changer qu'au prix d'une longue évolution, et on ne peut pas contraindre des personnes à échanger leurs croyances, valeurs et coutumes, avec d'autres, fut-ce pour leur bien...
En d'autres termes, les genres sont une construction structurale pour les sociétés comme pour les individus, ne risquant pas par conséquent de disparaitre de si tôt, pour cette bonne et simple raison.
En outre, dans beaucoup d'esprits, vouloir l'égalité des genres c'est comme vouloir leur abolition.
Or pour l'homme et la femme, comme pour le masculin et le féminin, comme dans toute relation, il n'est pas tant question d'être égaux - ou identiques - que d'être complémentaires.
Dans ce même sens, le fond du problème n'est pas l'égalité des genres - interprétée comme leur identité - mais l'égalité des droits vis-à-vis des genres, c'est-à-dire le droit pour un homme d'aimer coudre, de se travestir ou d'aimer un homme, etc... et pour une femme de devenir pompier, chauffeur de poids lourd, ou d'aimer une femme, etc... si elle le désire.
Par conséquent les questions de formulation sont très importantes, et il semble qu'elles ont été négligées.
Le glissement consistant à passer de l'égalité des droits vis-à-vis des genres, à l'égalité des genres - entendue comme identité de ceux-ci - ne peut en effet que provoquer des remous.
En tout état de cause, le combat contre les stéréotypes de genre doit prendre des formes recevables, et s'appuyer sur une majorité d'opinions favorables, qui seule peut le légitimer.