Pour cette raison, entre autres, le mythe d'une science monolithique et univoque doit être abandonné et certains points doivent être précisés.
En premier lieu, on doit savoir que dans les pathologies psychiatriques, il n'y a pas de témoins biologiques fiables.
En effet, dès lors qu'un témoin biologique est identifié en psychiatrie, la pathologie rejoint la neurologie (P. Pignarre), ce que nombre d'auteurs semblent ignorer.
Autrement dit, pour le présent sujet, il convient d'insister sur ce point : dès lors qu'une pathologie n'est pas classée dans les pathologies neurologiques, cela signifie que les preuves nécessaires et suffisantes ne sont pas réunies pour cela.
Par ailleurs, à la suite de Freud, nombre d'auteurs se sont efforcés de distinguer et faire distinguer les pathologies psychiques (psychologiques) et mentales (neurologiques).
Un problème est cependant que dans de nombreuses pathologies, l'intrication des facteurs psychiques (psychologiques) et biologiques (neurologiques) rend difficile leur distinction et leur pondération, ceci n'annulant pas mais stimulant au contraire l'intérêt de recherches et de thèses dans les 2 domaines.
S'agissant de l'autisme, la compréhension et la conceptualisation de cette pathologie a beaucoup évolué depuis les années 70.
Des premières définitions de l'autisme caractérisé essentiellement par le non-accès au langage, le repli sur soi etc… à celles d'aujourd'hui incluant des personnes normalement socialisées, on peut dire qu'il n'y a pas de commune mesure ou tout au moins qu'il n'y a pas une mais plusieurs formes d'autisme, sans grands rapports entre elles.
Dans ces conditions, l'autisme soulève toujours de nombreuses questions sans réponses ou ayant reçu des réponses seulement partielles.
En tout état de cause, on doit préciser que si l'autisme est une maladie organique (ou biologique) comme certains auteurs le soutiennent, il est incompréhensible que cette pathologie soit accessible à des thérapies cognitivo-comportementales (méthode ABA notamment).
A titre de comparaison, imagine-t-on une trisomie soignée par la psychothérapie, laquelle est un traitement psychologique, rappelons-le... ?
Néanmoins, dire qu'en psychopathologie, les causalités psychologiques et neurologiques sont souvent intriquées, cela signifie notamment que des causes psychologiques peuvent avoir des répercussions neurologiques, et inversement. D'où la complexité des rapports de cause à effet et leur possible circularité (effet comme cause de la cause décrit par les systémiciens ou boucle de rétroaction).
Ainsi, on sait que les psychothérapies (traitements psychologiques), agissent au niveau phénotypique des gènes :
"Si la psychothérapie réussit à produire des changements substantiels et durables dans le comportement, elle le fait en générant des modifications dans l'expression génétique qui produisent des changements structurels dans le cerveau. D'une certaine façon, il s'agit d'une actualisation des représentations par Freud du fonctionnement cérébral contenue dans son essai posthume rédigé en 1895, Esquisse d'une psychologie scientifique." (in Psychiatrie, Jean Aymé, François Caroli, Georges Lantéri Laura, Jean Michel Thurin, Encyclopédie Universalis 2013).
En outre, comme l'explique JJ Kupiec dans son article "Retour vers le phénotype : les gènes existent-ils?" http://www.psychologue--paris.fr/textes/les-genes-existent-ils.pdf, il n'y a pas lieu d'opposer les thèses biologiques (génétiques) aux thèses environnementales (psychologiques) comme c'est souvent le cas dans la vulgarisation, pour la bonne raison que les facteurs environnementaux sont intégrés dans la génétique.
Les auteurs précédents confirment cela dans les termes suivants : "Les influences sociales peuvent être biologiquement intégrées en provoquant des expressions altérées de gènes spécifiques dans des cellules nerveuses particulières de régions données du cerveau."(in Psychiatrie, Jean Aymé, François Caroli, Georges Lantéri Laura, Jean Michel Thurin, Encyclopédie Universalis 2013).
En conclusion, les tentatives de généralisation en faveur des thèses biologiques ou au contraire psychologiques (y compris psychanalytiques), et leur corolaire c'est-à-dire le rejet des unes ou des autres, sont nécessairement erronés. On doit abandonner le tout biologique, autant que le tout psychologique.
En d'autres termes, c'est en tenant compte de l'intrication des facteurs et en choisissant judicieusement dans chaque cas les outils adaptés, en les mixant le cas échant, que l'on peut s'orienter vers les bonnes solutions.