Rien ne prouve jamais que la majorité a forcément raison... La victoire du FN aux élections européennes est une illustration parfaite de cette affirmation.
Tout d'abord, avec moins de 50% d'électeurs s'étant déplacés aux urnes, on doit s'interroger sur ce que signifie cette majorité.
En l'occurrence, le fait de ne pas voter ne correspond pas nécessairement à une abstention, au sens où aucun parti n'emporterait la conviction.
Il peut notamment s'agir d'une méprise sur les enjeux et l'importance des élections en question.
De nombreux Français en effet, n'ont pas intégré la dépendance directe au quotidien, de notre pays vis-à-vis des règles européennes.
L'explicitation de ce qu'est l'Europe, politiquement parlant, de ses enjeux et de son mode de fonctionnement, en termes simples et accessibles à tous, fait en effet défaut, malgré les nombreux discours sur l'Europe.
De nombreux Français n'ont pas bien compris notamment que l'Europe est elle-même divisée selon le clivage droite-gauche, et que ce clivage est déterminant, autant au niveau européen qu'au niveau national.
Cela signifie notamment que l'Europe n'est pas l'ennemie ou l'amie inconditionnelle présentée par certains partis, comme le FN justement, mais plutôt ennemie ou amie, suivant les rapports de forces.
Par conséquent des efforts importants de communication et d'information restent à faire de ce point de vue.
Un autre aspect concerne le non-vote des jeunes et des catégories défavorisées de populations.
Il va sans dire que plus les personnes sont en difficultés ou en souffrances (personnelles et/ou sociales), moins elles peuvent voir l'importance de l'assemblée européenne, et de ce que sa constitution peut changer dans leur quotidien.
C'est déjà le cas au niveau national, car ces personnes se sentent souvent trompées et trahies par des politiques promettant sans cesse des conditions de vie meilleures, alors que leurs conditions de vie réelles, elles, ne laissent souvent apparaitre aucun espoir d'amélioration.
En d'autres termes, les mesurettes ne suffisent pas à donner le change même si les politiques s'efforcent de se donner bonne conscience.
Tout cela d'autant plus que globalement, la paupérisation du travail est devenue un problème majeur en Europe.
Enfin, l'apport massif de voix au FN traduit indiscutablement, des souffrances importantes débouchant sur des méprises tout aussi importantes.
Selon toute vraisemblance, en effet, de nombreux électeurs ont prêté foi aux discours nationalistes, présentant l'Europe comme l'ennemi ou la cause de tous les problèmes, alors que les causes réelles sont politiques.
L'épouvantail Europe, agité ostensiblement par le Front National, a manifestement fait mouche dans les conditions évoquées, une des stratégies préférées du FN consistant à exploiter systématiquement l'ignorance et les rêves déçus de nombreux Français, en désignant les étrangers comme ennemis, alors que les ennemis sont autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, en réalité.
Ainsi, on a bien compris que l'ennemi pour le front national, c'est entre autres Bruxelles, la Belgique, l'Autre qui fait du tort aux bons Français...
Ces procédés simplistes de désignation d'ennemis extérieurs ou étrangers à la France, sont délétères par le fait même qu'ils masquent les vrais problèmes.
Autrement dit, cette stratégie en trompe-l'œil est une supercherie contribuant à troubler ce qui serait sans cela une claire vision des problèmes.
Comme disait Mitterrand notamment, en quoi il avait tout à fait raison : "le nationalisme c'est la guerre".
Par conséquent, le remède de tous les maux, proposé par le FN, c'est le choléra du nationalisme, à la place de la peste de l'ultra-libéralisme.
Souhaitons donc que des initiatives soient prises pour mieux informer le public et soulever les bonnes questions, afin de remplacer les stéréotypes, préjugés et erreurs habituelles, par des informations claires et correctes.