Résumé de l'échange :
Lors d'une récente séance à l'Assemblée Nationale, Jean-Luc Mélenchon a lancé : « L'opposition a été méprisée quand elle vous demandait de venir au titre de l'article 50-1 et que vous avez préféré le Tour de France ou la buvette. [...] Puisque les fautes sont avérées, quelles sanctions comptez-vous prendre autour de vous pour que la vertu soit rétablie dans l'État ? »
Et Édouard Philippe de répliquer « Au nom de la vertu dans l'État, jusqu'où a-t-on été ? [...] Vous savez comme moi que la démocratie s'est trouvée fortifiée lorsqu'elle ne s'est plus posé la question de la vertu mais la question du droit, de la procédure. [...] C'est comme cela que les démocraties sont devenues réelles alors qu'avant elles étaient proclamées et qu'on disait que c'était la vertu qui les dirigeait. » « Tirer les conséquences de procédures qui ne sont même pas terminées, je pense que c'est une mauvaise méthode », a-t-il conclu.
Commentaire :
La réponse d’Edouard Philippe à Jean Luc Mélenchon, sous prétexte de références historiques, est en réalité une esquive dont la majorité use souvent au lieu de répondre aux questions soulevées.
La cerise sur le gâteau est qu’Édouard Philippe s'autorise "remontrances et leçons" à Jean Luc Mélenchon, alors même qu'il réfute l'intérêt de la vertu au profit du droit… On appréciera la contradiction consistant à faire la morale à quelqu'un, donc à l'exhorter à la vertu, tout en réprouvant celle-ci...
Plus exactement, dans la réponse d'Edouard Philippe, on constate que la rhétorique politicienne ignore ou a perdu le sens et la hiérarchie des valeurs, ceci aboutissant à un confusionnisme, c.-à-d. à un mélange mystifiant ce qui est en question.
En effet, éthiquement, car l’éthique est à la fois le fondement et le couronnement de la connaissance - ceci qu’on le veuille ou non et qu’on le sache ou non - on ne voit nullement en quoi le fait que la vertu a été et peut toujours être dévoyée, la rend obsolète ou inutile.
Pour cette même raison, opposer la vertu et le droit est une autre erreur, car le Droit dérive de la Justice en principe (et non pas de l’État en tant que tel), laquelle est un concept et qui plus est une vertu, avant d’être une institution.
Par conséquent on pourra toujours faire tous les détours que l’on veut par l’Histoire ou invoquer des faits historiques pour tenter d'occulter la réalité psychique et philosophique en question : tout problème se posant à la connaissance et à l'intelligence humaine est bien - en principe toujours - un problème de nature éthique, que ce soit dans son fondement ou dans sa visée.
Quant aux rapports entre l’éthique et la vertu, je ne les détaillerai pas ici, précisant toutefois que l’une ne va pas sans l’autre, ce dont on conviendra, du moins je l'espère.