La théorie de l’évolution et de la sélection naturelle des espèces de Darwin, séduit beaucoup d'auteurs s'empressant d’expliquer l’état de la société mondialisée par cette théorie, en la plaquant mécaniquement d’un domaine à l’autre.
En effet, transposer une théorie générale pour en faire une théorie particulière à une espèce, l’homme en l’occurrence, c’est grandement méconnaitre, et par suite occulter, les différences entre les genres, à savoir entre humanité et animalité.
C’est ignorer qu’entre le monde humain et animal, les différences sont en réalité bien plus importantes que les origines communes ou similitudes.
Par conséquent, s’il est vrai que dans le monde animal, la compétition pour la vie ou la survie est la règle naturelle et quasi-automatique - du fait de nombreux comportements instinctifs ou préprogrammés - il faut rappeler que dans le monde humain, il en va autrement.
En fait, comme on peut le constater y regardant attentivement, les rapports des humains entre eux sont bien plus complexes et paradoxaux, que ce n’est le cas chez les espèces animales.
Autrement dit, si l’homme fait partie de la nature et du règne animal, au sens où il descend du singe, pour reprendre le cliché, il ne faut pas écarter l'idée qu'il ne s’en distingue pas moins d’une manière incommensurable.
Parmi toutes les espèces, l’homme est en effet la seule douée de langage articulé et d’autres aptitudes physiques, lui permettant de comprendre le monde - réalités extérieures et intérieures - en élaborant des connaissances allant des plus simples aux plus sophistiquées, et d’acquérir une maitrise relative mais importante, sur son environnement.
Pour ces mêmes raisons, c’est la seule espèce capable par ses facultés de symbolisation, de construire une culture c’est-à-dire un ensemble d’institutions et de valeurs organisant la vie en société.
De ce point de vue, les règles et lois juridiques redoublent en principe, en les concrétisant par des textes, les règles et lois s’imposant au plan éthique et moral.
Rappelons que généralement, est moral ce qui peut être universalisé. C’est en quoi la morale rejoint la raison, ou plus exactement la rationalité.
En tout état de cause, l’universel est l’opposé du particulier, c’est pourquoi les notions de compétition et d’individualisme ne sont pas congruentes avec la rationalité évoquée, celle-ci renvoyant plutôt à des valeurs telles que justice et équité.
De ce point de vue donc, pour faire bref, le problème est de trouver des équilibres respectant les droits fondamentaux, autant que les différences individuelles.
En conclusion, pour employer une image remettant le darwinisme social à sa place, on dira qu’entre le frelon, le chien et l’homme, ce dernier doit choisir son humanité, c’est-à-dire ce qui le distingue des autres espèces, infiniment plus et mieux que ce qui l’en rapproche.
C’est à ce prix qu'il pourrait faire surgir des modalités de vivre ensemble qui ne soient pas basées sur la loi du plus fort et de l’oppression ou de l’abandon des faibles, mais sur des valeurs humaines et morales dignes de ce nom.