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Billet de blog 1 mars 2023

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LES RICHES SONT PARMI NOUS

Ne dites pas de mal des gens riches.

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Ne dites pas de mal des gens riches, vous ne savez pas ce qui pourrait vous arriver. Parfois le destin frappe à l'improviste et vous pourriez avoir été choisi, sans vraiment l'avoir voulu et ce serait bien fait pour vous. Il fut un temps où certains d'entre nous achetaient régulièrement et avec délectation le magazine mensuel Burda ; nous y trouvions toujours un patron à découper et nous en retirions un certain plaisir et c'est peu dire.

FI vous invite ardemment à renouer avec ce petit plaisir et cette étrange jubilation, mais ils ne trouvent en dehors de Bolloré et quelques autres que des entités du CAC 40 à se mettre sous la dent et à vous jeter en pâture. Peu importe que certaines de ces entités fassent une partie de leurs bénéfices souvent monumentaux à l'étranger et tout à fait légalement ne sont pas tenus de les déclarer en France et donc de payer l'impôt sur les sociétés qui en découlent. Peu importe que ces sociétés se domicilient tout aussi légalement dans des pays qui leur offrent gîte, couvert et régime fiscal avantageux. Peu importe que FI n'ait toujours pas trouvé la martingale faisant obtempérer tout le monde à ses injonctions. Les profits à plusieurs 0 offrent à ce stade surtout des occasions de solides vilipendations pour entretenir toutes les vertueuses indignations. Il est peu probable que, si d'aventure Mélenchon et ses petits camarades de jeu arrivaient au pouvoir, ils seraient capable de mettre fin à ce qu'ils dénoncent en s'étranglant d'indignation  comme ils aiment le faire . La réalité se soumet rarement aux incantations et les trompettes de Jéricho sont un mythe tenace.

Les entités du CAC 40 ont un autre inconvénient, si leurs profits sont bien réels, elles sont terriblement abstraites et il est plus difficile de caricaturer un logo qu'un patron en chair et en os en lui faisant selon les époques fumer un cigare et porter haut-de-forme, en le faisant s'afficher avec quelques jolies créatures dans une villa de rêve ou sur une chaise longue ou encore en faisant le compte de ses voitures de luxe , de ses yacht et de ses jets privés. Question d'époque.

Les patrons, ce sont ces curieux personnages que le destin a frappés et qui gagnent tellement d'argent qu'on ne compte plus leurs revenus au mois, mais à l'année. On ne parle d'ailleurs plus de salaire mais plutôt de rémunération, non pas parce que cela fait plus chic, mais parce que leurs rentrées d'argent sont si diverses qu'il fallait un substantif plus englobant. Salaire ou salaires, fixes, variables ou même exceptionnels, primes et avantages en nature, jetons de présence, frais de représentation ou simplement de fonctionnement pour être en mesure de profiter des premiers, tout cela constitue l'ordinaire d'une rémunération solide, hors du commun et toujours enviable.

Ces rémunérations peuvent atteindre des montants...astronomiques que le commun des mortels a quelques difficultés à se représenter. Pour cette raison, nombre d' abonnés à Burda ont sans doute jugé que le simple calcul du nombre de Smic que peuvent représenter certaines rémunérations était trop abstrait. Ils ont voulu mettre au point une représentation plus imagée, plus parlante, de ce que peut être une vraie fortune. Ils ont d'abord choisi un patron qui parle suffisamment à l'imaginaire, puis ils ont converti sa rémunération annuelle en billets de 10 euros. Ainsi les 2 698 020 euros que Carlos Ghosn a gagnés, à la tête de Renault-Nissan, en 2016, auraient représenté 269 802 billets de 10 euros. Pas assez parlant encore ?

Sachant qu'un billet de 10 euros mesure 12,5 cm sur 6,5, imaginons mettre les 269 802 billets bout à bout. Pour aller de Béthune à Arras par l'autoroute A 26, il faut compter 35 km. Les billets de 10 euros qui représentent la rémunération annuelle de Carlos Ghosn, mis bout à bout, couvriraient seulement 33,725 km. Un an de rémunération pour aller à Arras en étant contraint de s'arrêter au péage en attendant une augmentation pour poursuivre sa route (il serait aisé de la calculer et même de la traduire en pourcentage). Il devrait accomplir une deuxième année de travail pour pouvoir revenir à son point de départ. Nous voyons immédiatement que sa rémunération n'est pas si importante que cela. Sauf bien sûr, s'il nous avait dissimulé quelques ressources. Vincent Bolloré, avec ses 2 510 138 euros, resterait en rade à Souchez.

Si on convertissait les 7,3 milliards de la fortune prêtée à Vincent Bolloré et que l'on mette les billets bout à bout, cela ferait 91 250 km de billets de 10 euros. Alors là, ça cause !!! Deux fois le tour de la terre, un petit ruban Paris -Tokyo en plus et il resterait de quoi relier de nombreux ronds-points entre eux.

Et avec un Smic, jusqu'où iriez-vous ? Vous pouvez ainsi vous amuser et contre mauvaise fortune faire bon cœur. Vous pouvez même raviver tous vos souvenirs de problèmes d'arithmétique de la belle époque, si vous en avez bien sûr. Toutes les questions subsidiaires sont possibles. Ainsi, combien vous faudrait-il de Smic pour relier Paris à Tokyo ? Et si vous mettiez bout à bout les billets dans le sens de la largeur, quel résultat ? Vous pourriez même vous improviser ordonnateur de votre propre rémunération en traduisant vos revendications salariales en kilomètres à couvrir accompagnés éventuellement des illustrations qu'il plaira à votre imagination débridée de trouver. Les plus entreprenants d'entre vous pourraient envisager de concevoir des billets de tailles différentes et ainsi obtenir des augmentations sans en avoir l'air.

 J'ai retenu pour ma médisance deux patrons. Le premier ,Carlos Ghosn, pris la main dans le sac à la suite des pratiques pour le moins douteuses, s'est carapaté pour ne pas avoir de compte à rendre. Le second, Vincent Bolloré, est toujours en activité et à la tête de son empire même si de temps à autre il entretient quelques démêlés avec la Justice.

J'ai retenu comme illustration le parcours Béthune-Arras, cet exemple parlera surtout aux gens du cru, vous avez bien entendu tout loisir de prendre l'exemple local qui vous conviendra le mieux. J'ai retenu également « Béthune -Arras » pour rendre hommage à la fédération communiste du Pas- de-Calais qui du temps de l'Union de la gauche s'était fait une spécialité de tracts avec des exemples aussi parlants. Que cela ait conduit les communistes à une quasi disparition du paysage politique du Pas de Calais n'est donc pas vraiment étonnant: le degré 0 de la politique avait été atteint.

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