J'ai quelques difficultés à imaginer Madame Emmanuelle Dubée, préfète des Deux-Sèvres, cachée dans la pénombre de son bureau, le dos courbé, se frottant les bains avec un rire sardonique et se réjouissant d'avance du décompte qu'elle pourrait bientôt faire des plaies sanguinolentes qu'elle aurait appelées de ses vœux.
J'ai quelques difficultés à l'imaginer en Cruella perfide organisant une danse du Sabbat avec son directeur de cabinet et quelques officiers de gendarmerie bloquant l'intervention des pompiers et du SAMU pour mieux se repaître le lendemain du nombre, le plus grand possible, de blessés non secourus et même, récompense suprême, de quelques corps sans vie de préférence parmi les manifestants honnis.
J'ai tout autant le plus grand mal à imaginer des officiers de gendarmerie et des hommes du rang se réjouir du grand nombre de blessés parmi les militants venus protester, comme dans leurs propres groupes d'intervention et peut-être regretter qu'il n'y en ait pas eu davantage.
Non pas que je sois d'une grande naïveté ou même d'un angélisme incurable, mais j'ai la faiblesse de croire qu'il n'est pas convenable de discréditer ainsi des fonctionnaires et des serviteurs de l'Etat qui jusqu'à preuve du contraire n'ont pas démérité et je trouve tout aussi inconvenant de leur faire ainsi injure.
J'ai cru comprendre que deux plaintes au moins avaient été déposées contre les forces de l'ordre donc contre l'Etat. C'est une excellente chose car cela veut dire qu'une information sera ouverte pour faire la lumière sur les faits, les circonstances qui les entourent et les responsabilités qui ont conduit à une situation dont nul ne saurait se réjouir.
L'occasion nous sera peut-être offerte d'aborder les questions que certains cherchent à escamoter. Celui des commandos d'émeutiers qui ont pris d'assaut la bassine de Sainte Soline avec la ferme volonté d'y noyer les gendarmes et qui à leur grand surprise y ont trouvé à qui parler. A dire vrai, ce n'était pas tout à fait cela, ce ne sont pas les initiateurs cagoulés et masqués qui ont trinqué mais les suiveurs peu entraînés à la guérilla de harcèlement à laquelle les premiers s'exercent régulièrement dans les rues de Paris et ailleurs.
Peu importe, ils finissent toujours par servir de chair à matraque et LBD permettant alors à d'autres de se répandre sur les fils de Mediapart pour dénoncer la dictature qu'ils n'ont pas vu à l'oeuvre de leurs propre yeux, mais qu'ils se plaisent à dénoncer en toute occasion.