freddy klein

Abonné·e de Mediapart

773 Billets

0 Édition

Billet de blog 5 mars 2023

freddy klein

Abonné·e de Mediapart

THE SON de Florian Zeller

Deux êtres, qui se sont aimés, qui ont eu une vie commune et ont eu un fils, ne seront jamais totalement des étrangers l'un pour l'autre, même s' il y a presque toujours un abandon, de ce fait un contentieux pas résorbé à la clé, si ce n'est pas tout simplement un regain de sentiments plus ou moins bien assumé.

freddy klein

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Nicholas/Zen Graft est un adolescent qui souffre de dépression, en déscolarisation et à la dérive. Ses parents sont divorcés et il vit avec sa mère depuis quelques années alors que son père a refondé famille. Rien de bien original comme situation et tous les enfants de parents séparés ne sombrent heureusement pas dans la désespérance.

Si Nicholas est le fils qui a donné son titre au film de Florian Zeller, il m'a plutôt semblé que le sujet du film était un père et une mère divorcés et soudain interpelés par ce fils qui perd pied. Kate/Laura Dern est dépassée par son fils et fait appel à son ex-mari. C'est à sa déstabilisation que nous assistons d'abord. Père d'un très jeune enfant et mari d'une épouse plus jeune que lui, il vit la situation comme une irruption de sa première vie dans une vie nouvelle qu'il est entrain de construire.

Nicholas va vivre désormais avec son père pour la forme mais la souffrance qui ont conduit à sa déscolarisation et le repli sur lui-même ne sont pas réglés pour autant comme l'a supposé un instant son père. Peter/Hugh Jackman est un cadre qui possède une entreprise et travaille apparemment dans la communication et les relations publiques. Pour lui tout problème ne peut qu'avoir une solution qui passe nécessairement par des cadres bien posés, une discussion et des échanges clairs et loyaux.

Que pense et ressent Nicholas dans sa famille ainsi recomposée ? Comment Beth/Vanessa Kirby vit-elle la présence de cet adolescent perturbé qui préoccupe chaque jour davantage son mari alors qu'elle-même doit se faire à la présence d'un bébé qui la réveille souvent par ses pleurs incessants.

Comment Kate revit-elle une présence plus régulière de son ancien mari dans sa vie au fur et à mesure que les troubles dont souffre leur fils...ne se résorbent pas. Deux êtres, qui se sont aimés, qui ont eu une vie commune, ne sont jamais des étrangers l'un pour l'autre, même s' il y a presque toujours un abandon, de ce fait un contentieux pas résorbé à la clé, si ce n'est pas tout simplement un regain de sentiments plus ou moins bien assumé.

L'interrogation des parents sur ce qu'ils ont bien pu mal faire pour que leur fils vive un tel mal-être n'est pas totalement absent du film de Florian Zeller, mais il a le mérite de ne pas s'appesantir sur ce légitime et inévitable questionnement auquel il n'y a sans doute aucune réponse définitive et pleinement satisfaisante. N'aurait-il pas été indécent de contribuer à une entreprise de culpabilisation d'un père ou d'une mère ?

Florian Zeller fait faire une brève apparition à Anthony/ Anthony Hopkins, père de Peter et The father dans son précédant film. Clin d'oeil, non pas à son autre film mais plutôt à cette autre croyance que nous reproduirions toujours ce que nous avons nous-même vécu. Ce que Florian Zeller pose sur la table devant nous avec ce film est une offre. Un invitation à la réflexion sur le parent que nous avons été, que nous sommes éventuellement, que nous aurions aimé être ou que nous aimerions être, sans parti pris et sans préjugés.

Il n'est cependant pas possible de s'en tenir simplement à l'argument de The son sans faire une incursion dans les modes narratifs retenus par le réalisateur. Dans the father Florian Zeller nous a entrainé dans le labyrinthe de la mémoire volatile d'Anthony qui lutte sans cesse entre la réalité, des bribes de souvenirs et leurs entrecroisements permanents. Dans The son le mode de narration est plus factuel, plus linéaire et plus conventionnel avec de fréquents flash-back même si la vie rêvée fait une brève irruption à la fin du film.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.