freddy klein
Abonné·e de Mediapart

664 Billets

0 Édition

Billet de blog 6 janv. 2023

freddy klein
Abonné·e de Mediapart

LES BANSHEES D'INISHERIN de Martin McDonagh

L'Irlande est si belle est la caméra de Martin McDonagh la montre dans toute sa beauté. ENJOY !

freddy klein
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a d'abord le titre du film, pas simple à mémoriser. Les Banshees d 'Inisherin ? De quoi s'agit-il ? D'une tribu amérindienne du Canada qui aurait fait alliance avec les Mohawks et partage désormais un vaste terriroire de chasse avec les Algonquins ? Un groupe de rappeurs d'une banlieue éloignée bien décidés à faire un bœuf lors de leur prochaine sortie ? Une mystérieuse société secrète qui se réunit les nuits de pleine lune dans la forêt de Brocélande puis fait tourner les tables ?

Nenni ! Rien de tout cela. Inisherin est une île sur la côte atlantique de l'Irlande. Elle fait face à l'Océan Atlantique Elle est herbeuse et pierreuse à souhait, battue par les vents et les embruns sous un ciel de plomb percé de temps à autre par une lumière à nulle autre pareille. Inutile de chercher sur la carte ou de vous rendre chez votre voyagiste habituel pour organiser votre prochain séjour estival si la canicule venait à nous frapper à nouveau : Inisherin n'existe pas. En revanche, il fallut bien tourner le film quelque part et les paysages et la lumière singulière existent bel et bien. Peut-être même que les ambiances restituées ont toujours cours sur Achill Island qui est une vraie île irlandaise et offre vraiment ses paysages somptueux à un réalisateur qui sait faire beaucoup de peu, comme il l'a montré il n'y a pas si longtemps avec Three Billboards.

Pour montrer le désespoir au cinéma, il ne suffit pas de filmer un désespéré en pleine crise d'accablement. De la même manière, l'ouvrage ne sera pas davantage une réussite si le spectateur a accompagné au plus près la peine du tourmenté, décortiqué son tourment et même éventuellement fustigé son tourmenteur. Le désespoir est une descente aux enfers, pas à pas, simultanément en crescendo et en decrescendo. Plus le ton et les enchères montent, plus les protagonistes sombrent dans l'accablement jusqu'au non retour. Alors le désespoir cède peu à peu la place à quelque chose de plus...mélodieux : une mélancolie insondable.

Les banshees d'Inisherin de Martin McDonagh met aux prises Padraic/Colin Farell et Colm/Brendam Gleeson. Trois lieux fournissent le cadre d'un affrontement entre deux voisins et amis, le pub, et les domiciles des deux protagonistes. L'âne nain et la sœur du premier, le chien du second, les clients et les frères siamois qui servent les pintes de Guiness au pub, et la banshee en cheveux du lieu sont les témoins d'une amitié qui se meurt, d'un affrontement sans merci, sans amour et sans haine comme une sorte d'exutoire à une solitude sans fin et sans issue, à l'image des guerres civiles irlandaises qui se rappellent à tous en fond sonore intermittent.

Il y a le titre du film, disais-je, sans parler de la quasi-impossibilité d'évoquer l'argument du film. Souvent on nous demande: « De quoi parle le film ? » La réponse est le malheur de la question ; s'agit-il bien d'un film sur le désespoir ? Peut-être est-il simplement une digression sur la solitude et l'isolement des êtres qui s'obstinent jusqu'à l'absurde. Mais de quoi est-il la digression ? De la simplicité des choses de la vie à l'écart de tout quand les hommes sont confrontés à leur seule condition humaine peut-être ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte