Nous nous en souvenons comme si cela s'était passé la veille. Il y eut des survivants parmi ceux qui se sont enfuit à temps. Il y en eut également parmi ceux qui étaient pris sous les décombres de la maison Hollande, moins nombreux certes. Puis il y eut ceux qui ont vu se tendre vers eux des mains secourables. Boris Vallaud a été de ceux-là, à moins qu'il s'agisse d'un délit d'initié. Il a su recueillir à temps l'héritage de la circonscription de Henri Emmanuelli dans les Landes, Najat Belkacem avait eu moins de chance dans le Rhône où le très rancunier Gérard Colomb avait veillé à ce qu'elle reparte bredouille.
En ce début d'année 2018, Najat Vallaud-Belkacem, se trouvant fort dépourvue, avait vu cependant deux fées voler à son secours : la maison d'édition Fayard et l' institut de sondage (IPSOS), qui avait peut-être la reconnaissance du ventre. L'une comme l'autre avaient grand besoin de renfort et ont trouvé sinon à l'occuper au moins à l'employer. La première lui avait confié la création d'une collection nouvelle « Raison de plus » afin de réunir des intellectuels et des chercheurs qui souhaitaient mettre en commun leurs travaux et prendre part aux...batailles culturelles du progressisme. La seconde avait demandé à l'ancienne ministre d'apporter son concours éclairé dans un plan de refonte stratégique de l'institut de sondage visant à développer son chiffre d'affaires en élaborant de nouveaux outils de mesure pour des données en temps réel.
Ni plus, ni moins, mais bien davantage sans doute.
En avril 2020, Najat Belkacem a découvert la pandémie de la Covid -19. Son sang n'a fait qu'un tour et elle a pris aussitôt la Direction France de ONE, une ONG pour lutter contre l'extrême pauvreté et les maladies évitables. Elle va s'y investir avec rage et conviction en énonçant à peu près toutes les lapalissades qui passeront à portée de sa main. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, en juin de la même année elle se fit enseignante à l'Université Mohamed VI de Benguerir près de Marrakech. Nous ne savons pas trop ce qu'elle y a enseigné,(ni si elle y enseigne toujours) mais il semble bien que cela avait à voir avec la fertilité des sols africains et l'univers enchanteur des engrais.
Simultanément et avec le même entrain, elle assumé la co-présidence d'honneur d'EXECUTIVE MASTER MANAGEMENT DES POLITIQUES PUBLIQUES à Sciences Po-Paris. Son don d'ubiquité ne s'est pas arrêté en si bon chemin. En 2021, elle s'est lancée dans la campagne des Elections Régionales en première position d'une liste rassemblant les débris de l'ancienne union de la gauche pour offrir...l'Alternative. Les électeurs, toujours aussi léger et ingrat, n'ont pas voulu se laisser convaincre de la porter au zénith, sa liste fusionna donc à point et Najat Belkacem-Vallaud se mit à siéger une fois de plus au Conseil Régional de Auvergne-Rhône-Alpes. Une tête de liste finit toujours par siéger peu importe son évanescence (de la liste comme de la candidate ou du candidat). C'est cela la magie du scrutin de liste avec une bonne dose de proportionnelle ; une circonscription électorale faite de plusieurs départements permet de jouer le même tour de magie autant de fois qu'il y a de départements dans la Région.
Le 2 juillet 2022, dans un dernier frémissement, elle se fait élire Présidente de France-Terre d'Asile (1100 salariés, 800 bénévoles).
Il n'est pas certain que mon inventaire des activités de la dame soit vraiment à jour et cela pour deux raisons. La première est que tout n'a peut-être pas été révélé, la seconde est que les activités de l'omnisciente sont toujours alimentées un peu plus par le haut sans qu'on sache véritablement ce qui s'échappe par le bas. Un peu à la manière d'une baignoire qu'on remplit, le robinet grand ouvert et dont on entrouvre régulièrement un peu la bonde pour qu'elle ne déborde pas ...
De son côté Boris Vallaud s'était extirpé à temps des décombres de la maison Hollande où il avait servi de conseiller politique. Il se précipita dans les Landes avec entrain pour recueillir l'héritage de feu Henri Emmanuelli et depuis il chemine doucement d'un pas de sénateur déguisé en député.
Quand il n'élève pas les jumeaux et ne fait pas les courses et la cuisine comme il l'a révélé dans une interview à Gala (propos recueillis par Nina Siahpoush-Royoux en juin 2021), il porte la parole de ce qui reste du Parti Socialiste en se faisant sans doute des cheveux blancs chaque fois qu'Olivier Faure exprime le fond de sa pensée en marge d' une manifestation ou simplement parce que le besoin d'exister se fait soudain brutalement sentir.
Dès 2021, probablement pas très occupé lui-même, même si son mandat de député avec ses jumeaux sur les bras l'occupe certainement, mais pressentant soudain qu'écrire un livre est dans l'air du temps, il a commis un grimoire dont rien que la dernière de couverture vaut son pesant de cacahuète.
Nous nous serions tant manqués que petit Boris nous propose simplement de nous retrouver enfin. Lui et nous, eux et nous ? Peu importe pourvu que nous envisagions de faire masse contre le néolibéralisme "dans ce qu'il porte intrinsèquement d'injustices, d'inégalités et de relégation nous pulvérisant au sens propre et nous réduisant à l'état de poussière d'individus excessivement enfermés dans nos singularités ".
C'est du diagnostic cela, où je n'y entends rien. En tout état de cause, l'ami Boris a vu une possibilité de réalisation de ses voeux politiques les plus saillants dans le programme de Jean Luc Mélenchon qui quelques années plus tôt avec la frénésie d'un Poutine avait pilonné sans pitié son mentor et bienfaiteur à l'Elysée et dont lui-même avait sans doute été touché par quelques schrapnels. Quoique ! Il a toujours sur s'abriter à temps quand le feu était trop nourri.
Le remède proposé dans le livre est radical et devrait nous faire marcher dans l'allégresse vers des aubes radieuses à condition toutefois " de faire corps et de faire peuple, c'est à dire créer et partager du commun, de l'universel, des solidarités, de l'intérêt général, des désirs et des rêves"
Fermons le ban. Cela n'appelle aucun commentaire, tout est dit ou presque !
Vous aurez certainement du mal à trouver l'ouvrage sur les rayons de votre libraire, mais si par miracle vous en dégotiez un invendu oublié, je vous dissuade fortement de l'acheter . Je ne dis pas de dérober Un esprit de résistance de et avec Boris Vallaud bien sûr, je vous conseille de le prendre en main et de le lire sur place. Même si vous n'êtes pas comme Najat Vallaud-Belkacem un lecteur performant au point de lire neuf livres pendant que votre conjoint en termine péniblement un seul, vous lirez les 130 pages du livre très vite, car vous en sauterez facilement deux pages sur trois sans perdre le fil de la pensée de son auteur. Ne soyez pas étonné si des spasmes de rires vous secouent de temps à autre, c'est le genre et la pensée politique de son auteur qui vous vaut cela . C'est normal, c'est un ouvrage d'un grand comique qui a bonifié avec le temps surtout depuis que nous savons qu'il s'est acoquiné avec Mathilde Panot et Manuel Bompart.
En octobre de cette année, le joyeux drille a commis un nouvel opuscule En permanence. Ces vies que je fais miennes.(Rien de moins!) Chez Odile Jacob.
Personne n'a voulu, pas même lui-même, trop s'étendre sur l'ouvrage. Par le menu, Boris Vallaud-Belkacem nous raconte les petites joies et les grandes peines des électeurs qu'il reçoit de temps à autre dans sa permanence de députés dans les Landes. Lui-même y trouve réconfort et trouve à ces moments à renforcer ses convictions dont celle qu'il est véritablement un homme de cette gauche populaire, même si c'est seulement par intermittence.
De la même manière, que j'avais lu son premier fascicule, j'ai parcouru le second en battant des records de vitesse de lecture. Les à peine quelques 30 pages de plus que le premier ont permis la même lecture, debout dans les travées de ma librairie avec la complaisance de mon libraire qui sait que je ne manquerai pas de faire l'acquisition d'autres livres que celui que je pille sous ses yeux. Record de vitesse de lecture non pas tant parce que je serais un lecteur performant, mais bien en raison du vide sidéral de ce que Boris Vallaud Belcacem est sans doute décidé à nous offrir à intervalles réguliers pour qu'on se souvienne de son existence à défaut de sa puissance de pensée.
Il semblerait désormais qu'il envisage de faire don de sa personne à la France pour remplacer Monsieur Barnier dont il a férocement voté la destitution en mêlant sa voix à celles de FI et du RN.
Il a cependant quelques circonstances atténuantes. Non pas d'avoir appelé puis soutenu la motion de censure, mais parce que nul ne pourra lui reprocher d'avoir mêlé sa voix et celles de son groupe à celles du RN. C'est le RN qui est venu polluer l'initiative.
Même si Boris Vallaud-Belkacem avait promis la censure du premier ministre Barnier avant même que celui-ci ait franchi le seuil de son bureau, il est fort à parier que le gouvernement ne serait pas tombé si le sort avait décidé que soit examinée en premier la motion de censure déposée par le RN. Que FI, tout à la hargne de son mâle dominant qui sent approcher l'heure de la péremption, ait toujours été prêt, pour arriver à ses fins, à mêler ses voix à son siamois RN ne fait aucun doute.
Le PCF, EELV et le PS en auraient-ils fait de même ? J'ai plus qu'un léger doute. Je n'imagine pas Jérôme Guedj et bien d'autres députés socialistes se laisser aller à une telle infamie. Comme j'ai du mal à voir Marine Tondelier et André Chassaigne se compromettre pour que Marine Le Pen échappe à l'inéligibilité et que Jean Luc Mélenchon accomplisse enfin la destinée qu'il s'est lui-même fixé.