Le 24 avril, Emmanuel Macron a été reconduit dans sa fonction pour un second mandat présidentiel par 38,5 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Un français sur trois seulement a voté pour lui et deux français sur trois ont donné leurs voix à la droite-extrême, se sont abstenus ou ont refusé de choisir. Au premier tour, seulement un français sur cinq lui avait accordé sa faveur ; quatre sur cinq ont opté pour un autre candidat, se sont abstenus ou n'ont pas choisi.
Ce qui est indiscutable cependant, c'est bien le fait qu'Emmanuel Macron a été élu président de la République et se succède donc à lui-même.
Aux élections législatives qui ont suivi, c'est le parti présidentiel qui est le premier parti issu des urnes, avec une majorité relative seulement. En cas d'alliance ponctuelle avec LR et quelques rescapées de l'UDI, il pourrait cependant disposer parfois d'une majorité absolue. Il est cependant fort à parier que le gouvernement ne se laissera pas entraver sur un tabouret et devenir l'otage d'un seul parti, largement minoritaire de surcroît et je ne ferai pas l'insulte à l'intelligence du président Macron d'ignorer que les électeurs ont envoyé à l'Assemblée un contingent significatif de députés de gauche, insoumis ou non.
Ce qui est tout aussi indiscutable, c'est que les électeurs n'ont pas donné la majorité absolue au parti du président, ni à aucun autre parti d'ailleurs. Pour légiférer, la première ministre est par conséquent contrainte de trouver non seulement des terrains d'entente mais également à travailler à l'élaboration de compromis rassembleurs. En quelque sorte, les électeurs ont, à leur manière, créé une situation politique qui aurait pu être celle d'une proportionnelle, si ce mode de scrutin avait été retenu.
Le peuple souverain, dont certains ont pris la détestable habitude de vouloir être les porte-paroles privilégiés, a exercé sa souveraineté dans et par les urnes, sans s'en laisser conter. Les députés qui siègent désormais à l'Assemblée, nationale comme son nom l'indique, seront bien inspirés de respecter cette volonté démocratiquement exprimée et cela dans toute sa subtilité. A défaut, ils pourraient en cuire à ceux qui s'aviseraient de vouloir sans cesse refaire le match pour créer le chaos en espérant une dissolution dont ils tireraient les marrons du feu.
Le président et son premier ministre auront donc à faire face à une droite tantôt agressive pour donner des gages à son aile la plus droitière, tantôt cherchant à faire bella figura pour redorer son blason et conserver son image de parti de gouvernement responsable. De la même manière, la majorité présidentielle devra composer tantôt avec une coalition des gauches avides de brevets de respectabilité, tantôt se trouver en opposition frontale avec son aile la plus radicale préoccupée de ne pas se couper d'une base nébuleuse toujours prompte à s'enflammer et à se lancer dans la surenchère.
Le discours de politique générale de la première ministre est le second acte en séance plénière après l'élection de la présidente et des vice-présidents de l'Assemblée. Elle a choisi de ne pas se soumettre à un vote de confiance qu'elle ne pouvait obtenir d'emblée. Dès le lendemain, la coalition des gauches déposera une motion de censure qui n'a d'ailleurs pas plus de chance d'être votée et de mettre la première ministre en situation éventuelle de remettre la démission de son gouvernement au président de la République.
Le citoyen Sébastien Jumel, député communiste, souligne qu'il ne lui paraît pas possible pour les gauches d'accorder leur confiance à la première ministre a priori, mais visiblement il ne voit aucun obstacle à vouloir censurer a priori la même, avant même qu'elle ne soit passée à l'action. Il n'a pas jugé utile de fournir la moindre explication à ce sujet, nous nous contenterons donc de supputer.