« Lorsque l'on s'attache à expliquer simplement une chose complexe, on contribue à l'émancipation. Lorsque l'on fait croire d'une chose complexe qu'elle est simple, on contribue à l'aliénation. Dans le premier cas, on met en lumière les contradictions de la réalité. Dans le second, on les laisse dans l'ombre. », mentionne comme biographie un commentateur
« Les contrôles de police et la façon dont ils se déroulent ont une longue histoire dans ce pays. L'usage de la force par la police est bien un sujet politique et Jean Luc Mélenchon a raison de porter cette question sur l’arène publique. », affirme le même commentateur sur un de mes fils.
Trois fois, d'accord avec lui. Les contrôles de police ont une histoire (pas que dans notre pays d'ailleurs) ; le « maintien » de l'ordre et l'usage de la force sont un sujet politique ; un homme politique responsable qui aspire à des fonctions importantes doit s'emparer de cette problématique ; j'ajouterai « de la même manière que tous les citoyens » (la question étant de quelle manière le ferons-nous).
Je confirme qu'aucun permis de tuer n'a été accordé à ceux qui ont l'exclusivité de la violence publique, contrairement aux insinuations délétères et répétitives de Jean-Luc Mélenchon.
Les contrôles de l'IGPN sont pour partie un contrôle interne, de régulation, administratif et de nature disciplinaire. Nécessaires mais pas suffisants, ils n'excluent en aucune manière les enquêtes pénales que seule l'institution judiciaire peut diligenter, y compris en ne tenant pas nécessairement compte des conclusions de l'IGPN, mais parfois également en confiant les investigations à l'IGPN ou en acceptant ses conclusions, ni les poursuites pénales que cette même institution peut éventuellement engager à la suite des enquêtes. Le droit, l'Etat de droit toujours, y compris dans l'utilisation de tous les recours que la loi permet !
Evidemment, si de proche en proche, on dénigre systématiquement d'abord les investigations et le travail de l'IGPN, puis celui de l'institution Judiciaire, il ne restera plus que la Vox populi soumise aux vociférations des démagogues qui caressent la foule dans le sens du poil, avant d'organiser éventuellement un lynchage public. Très peu pour moi, et je veux croire, cher Marc Tertre, pas moins que pour vous...
Il n'est aucun système ou dispositif parfait qui empêcherait l'erreur ou les errements, comme il n'est aucune manière parfaite d'assurer l'ordre public et d'empêcher les débordements de toute nature, sauf à considérer avec quelques plaisantins en lévitation qu'il suffirait de désarmer la police ou mieux encore la supprimer ! A la rigueur, je pourrais y souscrire si on me donnait simultanément la méthode pour supprimer les délinquances et le terrorisme et pour enfin instaurer cette fameuse société de bisounours et de doux rêveurs.
Alors se pose la lancinante question des moyens pour que le pire ne se produise pas ou ne se reproduise pas ; quand je parle de moyens, je ne rejoins pas les incontinents du « y a qu'à » et je n'appelle pas nécessairement, en tout cas pas uniquement, à une augmentation du budget de financement des services de police et de gendarmerie.
Je veux parler de la formation des policiers, dans tous les sens du terme : formation éthique, formation aux techniques de contention d'une foule en effervescence ou en éruption, formation à l'usage d'armes de natures diverses aux maniements de plus en plus complexes dont les polices sont dotées. Penser et dire que chez nos voisins ce serait mieux et qu'avant ou après c'était ou sera mieux est une autre forme de démagogie à laquelle je ne souscris pas plus que quand Mélenchon s'autorise des dénonciations qui au mieux ne sont que calomnieuses, sinon carrément attentatoires à l'honneur et à la probité des fonctionnaires de police. Chaque avancée chez les uns et les autres de nos voisins doit être prise en considération, chaque échec doit servir de leçon pour tous.
Je veux parler également, du travail complexe aux conséquences toujours aléatoires et parfois superfétatoires du législateur qui vote des lois nouvelles en dégainant plus vite que Lucky Luke à chaque incident et au moindre fait divers, en essayant de coller au plus près des émotions légitimes ou non de nos compatriotes.
Les policiers comme les gendarmes ont toutes les raisons de s'interroger sur la notion de légitime défense et sa mise en œuvre car ils sont en première ligne et risquent souvent leur vie. Ils ne demandent pas de permis de tuer et ne le se sont pas vu accorder comme certaines allégations malsaines le laissent entendre.
La légitime défense et la présomption de légitime défense sont deux notions qui ne se superposent pas et ne sauraient se substituer l'une à l'autre.
La légitime défense permet de se défendre, de protéger quelqu'un confronté à une attaque directe par un tiers et elle doit souscrire à des conditions de mise en œuvre précises et proportionnées. Elle peut être invoquée par un agent de la force publique dans les conditions du code de la sécurité intérieure comme par le simple citoyen confronté à une agression. On imagine sans mal les difficultés qu'il peut y avoir à établir si la légitime défense invoquée est justifiée ou non. Ce qui conduit en tout état de cause à imposer une enquête minutieuse et à la Justice de trancher.
La présomption de légitime défense est revendiquée par certains syndicats de policiers qui cherchent à s'affranchir de tout contrôle de l'existence d'une défense légitime. Revendication de certaines organisations de la police très marquées à droite, souvent proches de l'extrême droite et que monsieur Eric Ciotti rêvait d'inscrire dans une loi, heureusement rejetée par l'Assemblée et d' étendre à « tous dépositaires de l'autorité publique », et non pas seulement à la gendarmerie et à la police nationale. Un nouveau « Far west » trumpiste a donc été évité de justesse, mais la menace perdure car en la matière rien n'est jamais définitivement acquis. Il semble que les citoyens Faure et Roussel, les nouveaux amis de Mélenchon rassemblés dans la Nupes, n'évoquent plus guère leurs errements du printemps et que Mélenchon qui disait pis que pendre d'eux leur ait définitivement pardonné.
Ma gauche, pas celle qui a besoin d'un maître à penser, pas celle qui a forcément besoin d'un encartage, en tout cas certainement pas d'un enrégimentement ; ma gauche, celle qui se veut exigeante sur les principes, humaniste et éthique ; ma gauche, celle qui se réclame de l'attitude de Aristides de Sousa Mendès, de Willy Brandt, de Nelson Mandela, de Pierre Mendès France, du préfet Maurice Grimaud et du général Jacques Pâris de Bollardière ; ma gauche ne doit pas se laisser aller à la facilité, à l'approximation, à la démagogie et à l'irresponsabilité politique.
Je terminerai simplement ces mots en reproduisant la lettre circulaire que le préfet de police Maurice Grimaud a adressé aux policiers affectés au maintien de l'ordre pendant les événements de mai 68 :
[Maurice Grimaud a été le préfet de police de Paris de décembre 1966 à avril 1971, il a succédé à ce poste à Maurice Papon, le préfet de l'affaire du Métro Charonne et des noyés algériens dans la Seine].
« Je m’adresse aujourd’hui à toute la Maison : aux gardiens comme aux gradés, aux officiers comme aux patrons, et je veux leur parler d’un sujet que nous n’avons pas le droit de passer sous silence : c’est celui des excès dans l’emploi de la force.
Si nous ne nous expliquons pas très clairement et très franchement sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille sur ce point, nous gagnerons peut-être la bataille dans la rue, mais nous perdrons quelque chose de beaucoup plus précieux et à quoi vous tenez comme moi : c’est notre réputation.
Je sais, pour en avoir parlé avec beaucoup d’entre vous, que, dans votre immense majorité, vous condamnez certaines méthodes. Je sais aussi, et vous le savez avec moi, que des faits se sont produits que personne ne peut accepter. Bien entendu, il est déplorable que, trop souvent, la presse fasse le procès de la police en citant ces faits séparés de leur contexte et ne dise pas, dans le même temps, tout ce que la même police a subi d’outrages et de coups en gardant son calme et en faisant simplement son devoir.
Je suis allé toutes les fois que je l’ai pu au chevet de nos blessés, et c’est en témoin que je pourrais dire la sauvagerie de certaines agressions qui vont du pavé lancé de plein fouet sur une troupe immobile, jusqu’au jet de produits chimiques destinés à aveugler ou à brûler gravement. Tout cela est tristement vrai et chacun de nous en a eu connaissance.
C’est pour cela que je comprends que lorsque des hommes ainsi assaillis pendant de longs moments reçoivent l’ordre de dégager la rue, leur action soit souvent violente. Mais là où nous devons bien être tous d’accord, c’est que, passé le choc inévitable du contact avec des manifestants agressifs qu’il s’agit de repousser, les hommes d’ordre que vous êtes doivent aussitôt reprendre toute leur maîtrise.
Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. Il est encore plus grave de frapper des manifestants après arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour y être interrogés. Je sais que ce que je dis là sera mal interprété par certains, mais je sais que j’ai raison et qu’au fond de vous-mêmes vous le reconnaissez.
Si je parle ainsi, c’est parce que je suis solidaire de vous. Je l’ai dit déjà et je le répèterai : tout ce que fait la police parisienne me concerne et je ne me séparerai pas d’elle dans les responsabilités. C’est pour cela qu’il faut que nous soyons également tous solidaires dans l’application des directives que je rappelle aujourd’hui et dont dépend, j’en suis convaincu, l’avenir de la préfecture de police.
Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites. Dites-vous aussi que lorsque vous donnez la preuve de votre sang-froid et de votre courage, ceux qui sont en face de vous sont obligés de vous admirer même s’ils ne le disent pas.
Nous nous souviendrons, pour terminer, qu’être policier n’est pas un métier comme les autres ; quand on l’a choisi, on en a accepté les dures exigences mais aussi la grandeur.
Je sais les épreuves que connaissent beaucoup d’entre vous. Je sais votre amertume devant les réflexions désobligeantes ou les brimades qui s’adressent à vous ou à votre famille, mais la seule façon de redresser cet état d’esprit déplorable d’une partie de la population, c’est de vous montrer constamment sous votre vrai visage et de faire une guerre impitoyable à tous ceux, heureusement très peu nombreux, qui par leurs actes inconsidérés accréditeraient précisément cette image déplaisante que l’on cherche à donner de nous.
Je vous redis toute ma confiance et toute mon admiration pour vous avoir vus à l’œuvre pendant vingt-cinq journées exceptionnelles, et je sais que les hommes de cœur que vous êtes me soutiendront totalement dans ce que j’entreprends et qui n’a d’autre but que de défendre la police dans son honneur et devant la nation. »
Post scriptum.
Je vous recommande mes muffins aux myrtilles et même de vous goinfrer de myrtilles tout court. C'est bon pour la vision nocturne et améliore même la clairvoyance politique en adoptant le bon dosage.