UN AVENTURISME PEUT EN CACHER UN AUTRE
Ne nous y trompons pas. Si Emmanuel Macron est élu dans deux semaines, il va se retrouver dans une situation d'une complexité inouïe. Plus que jamais, les deux anciens partis de gouvernement sont affaiblis au point d'être proches du néant. Rien ne les remplace pour permettre la constitution une majorité permettant la formation d' un gouvernement, même de coalition, sur laquelle le président de la République pourrait s'appuyer.
LREM est un ectoplasme sans programme qui a permis ces cinq dernières années un attelage hétéroclite fait de bric et de broc, d'opportunisme et d'ambitions personnelles, de ralliement en tout genre et ne représentant que rarement le dessus du panier. Il n'a jamais permis au président élu de déployer véritablement ses ailes, ce qui a fait sa faiblesse et a pour une large part alimenté les détestations dont il a, et fait toujours, l'objet.
Plus que jamais, il va très vite se trouver à la croisée des chemins.
Si Jean-Luc Mélenchon avait été sélectionné au premier tour, puis élu au second, il aurait été exactement dans la même situation pour ce qui est des convergences permettant la constitution d'une majorité et donc la formation d'une coalition crédible pour gouverner. Le programme doxa de la FI, son irréalisme forcené pour ce qui est de l'opération dénumérotation de la République et renégociation des traités qui nous obligent avaient de quoi inquiéter. Le fond de "dégagisme", version révocation des élus qui déplaisent et des recours envisagés à tout va à des référendum représentaient une véritable menace pour la stabilité des institutions . A moins que tout cela n'ait jamais été que "pour de rire" et que très vite Jean-Luc Mélenchon ait trouvé de bonnes raisons pour "donner du temps au temps".
Le second tour du 24 avril mettra en présence le candidat Emmanuel Macron et une créature politique dont le succès serait non seulement une catastrophe pour la France mais pour toute l'Union européenne. Sur cette échéance l'unité des esprits semble se dessiner pour l'écarter une fois de plus, mais le président élu ne pourra pas faire l'économie de prendre en compte ses propres faiblesses politiques, sinon plus dure sera la chute.
En définitive, c'est exactement dans la même situation que se serait trouvé FI si Jean-Luc Mélenchon avait été élu. Une machine de guerre pour emporter une élection ne sera jamais qu'une machine de guerre qui rassemble les plus ardents partisans.
Incarner et diriger une nation dans la diversité de ses sensibilités et de ses attentes n'est pas une succession d'opérations militarisées dans des salles de meeting.
Ce dont notre démocratie aura désormais et plus que jamais besoin, c'est de députés compétents, actifs et travailleurs. D'hommes et de femmes qui servent la République et non pas de godillots qui somnolent dans les travées, inactifs dans les commissions et seulement agités de temps à autre pour servir les intérêts d'une casaque.
Un président de la République, c'est à dire Emmanuel Macron reconduit, car tout doit être fait pour écarter la goule et ses malfrats, sera obligé et il faut espérer qu'il saura dépasser son égotisme naturel et devenir enfin l'homme des synthèses véritables et non celui du seul libéralisme exacerbé. Car ce ne sont pas les Woerth et consorts qui l'auront fait président, ni les Rebsamen et autre Guigou, mais nous, électrices et électeurs de toutes sensibilité, qui refusons l'aventurisme quel qu'il soit.
A penser que l'échéance présidentielle n'aura été qu'un épisode de plus, une sorte de simple passage obligé qui n'obligerait qu'en paroles le futur président nous engagerait dans un autre aventurisme que celui que Mélenchon proposait.