Winter is coming. L’heure est venue de penser aux soupes ce qui ne doit nullement être compris comme un invitation à aller à la soupe . Je pense chaudement à l’une d’entre elles qui a ma préférence ; je vais donc vous la servir, mais d’abord la préparer devant vous avec amour et malice.
Je l’appelle soupe au pistou mais je préfère l’appeler Ma soupe au pistou, en insistant bien sur l’adjectif possessif, non pas que je veuille me l’approprier et en dépouiller ses dépositaires historiques que je devine embusqués et prêts à me fondre dessus pour me mettre en pièces. Car c’est sourcilleux et susceptible un détenteur légitime de recette, vous savez, il est toujours d’une terrible orthodoxie et l’idée qu’on attente à sa légitimité le met généralement dans tous ses états.
Je prendrai donc quelques libertés avec une éventuelle règle d’or et comme on dit en littérature et au cinéma j’en ferai par conséquent une adaptation très libre.
Dans deux litres d’eau, additionnées d’un filet d’huile d’olives et d’une cuillère à soupe de fond de veau, je commence par faire cuire 5 pommes de terre et 3 carottes coupées en petits dés. Je complète l’affaire par 150 g de haricots verts émincés en morceaux d’un cm.
Parallèlement, je passe au mixer 6 tomates et 3 gousses d’ail. Je m’empresse de mélanger les feuilles de basilic finement hachées et le parmesan et je laisse reposer le tout pendant une heure à température ambiante.
Quand les légumes de votre première préparation sont cuits, j’incorpore une boîte de flageolets, une autre de haricots blancs et une troisième de haricots rouges préalablement rincés dans un égouttoir ( des boîtes de quelques 200 g, poids égoutté).
Dans votre faitout de légumes mêlés, vous avez de quoi vous faire plaisir à plusieurs reprises. Pour chaque repas, prélevez la quantité qui vous est nécessaire et faites cuire des vermicelles, des coquillettes, des gros plombs ou des langues d’oiseaux dans son bouillon en compagnie des légumes qui seront ravis de leur présence.
Il faut servir très chaud dans une assiette creuse, et je complète d’une cuillère ou deux cuillères de ce pesto maison, mélange à bases de tomates, basilic et parmesan que je viens de préparer. Il m’arrive d’ajouter une cuillère à soupe d’allumettes de chorizo préalablement grillés dans mon tout, comme pour faire bon poids.
Ma grand-mère alsacienne qui n’était pas plus provençale qu’espagnole, avait découvert le basilic et le pistou qui en est issu par l’entremise d’un officier de l’armée française originaire d’Istres affecté à la ligne Maginot et que mes grands-parents hébergeaient. Comme elle m’a souvent eu sous la main, elle me l’a fait découvrir à mon tour. Quant au chorizo, nul n’a jamais su d’où elle sortait cette extravagance culinaire, ni même qui a bien pu le lui faire découvrir (si c’était bien du chorizo et si ce n’est pas moi qui ait subrepticement remplacé les allumettes de lard fumé par celles du chorizo). Les transmissions sont parfois flottantes...