Un film qui date de la seconde moitié des années 70 quand ce qui s'appelait encore la République Fédérale Allemande, dont la capitale était à Bonn en Rhénanie, était en proie à la pression exercée par ceux qui étaient désignés sous le nom de la "Bande à Baader".
Une jeune femme passe la nuit avec un homme rencontré dans une soirée ; à l'aube sa maison est cernée par la police et elle subit un interrogatoire auquel elle ne comprend rien car l'amant d'une nuit se révèle être un anarchiste auteur d'un vol de numéraire et sous sourveillance depuis un moment. La machine infernale, police-justice-presse à sensation est lancée et va tout broyer sur son passage.
L'honneur perdu de Katharina Blum est l'adaptation du roman Die verlorene Ehre der Katharina Blum du prix Nobel de littérature Heinrich Böll dont il est une des œuvres majeures. L'adaptation au cinéma par Volker Schlöndorff et Margarethe von Trotta date de 1976, soit à peine un an après la publication du roman, l'urgence étant justifiée par l'ambiance pesante de ce qu'on appelle alors « Les années de plomb » qui pèse lourdement sur la RFA et l'Italie et dont la France et la Belgique connaissent quelques queues de comète avec Action directe et Les cellules communistes combattantes.
L'histoire racontée par Heinrich Böll/Volker Schlöndorff/Margarethe von Trotta veut montrer comment la violence peut naître dans une société, comment une spirale infernale peut se mettre en place et où elle peut conduire une société démocratique si nous s'y prenons garde. Contextualisée dans les années dangereuses du dernier quart du XXème siècle, elle ne relève pas seulement d'une histoire révolue mais reste entièrement d'actualité chaque fois qu'une société se confronte à l'urgence et aux mesures de sauvegarde renforcées qui en découlent. L'état d'urgence dont la mise en œuvre se ferait sans une vigilance absolue et en laissant libre court au venin politique que répand un Ciotti qui rêve de ficher tout le monde et de parquer ensuite dans des camps tous ceux qu'il aura fichés.
N'ayons pas la mémoire courte et contrecarrons avec intransigeance les discours de ceux qui envisagent d'ouvrir les voies du pire avant qu'ils se donnent le champ libre.
Post scriptum
Au quatrième alinéa j'avais oublié de préciser "les mâchoires carrées et le regard perçant ". Le lecteur aura sans doute complété de lui-même.