Un aimable commentateur qui exerce de temps à autre ses talents sur l'un ou l'autre fils de Mediapart minimisait récemment la gravité de l'exercice singulier de la démocratie interne à FI. Il est allé jusqu'à n'y voir que quelques excès, apparemment aucun manquement, mais que les media dominants s'évertueraient à monter en épingle pour se livrer à une cruelle diabolisation de Mélenchon et de ses séides, comme ils l'ont fait jadis pour Le Pen et le FN.
Ce commentateur avisé le regrette bien entendu, car il devine, au vu des sacrifices consentis par le FN-RN et de ses efforts de bonne tenue à l'Assemblée, combien il est difficile de se refaire ce qui s'apparenterait à une virginité nouvelle.
S'il est bien sûr toujours possible de changer l'enseigne, il est plus difficile de camoufler la marchandise même si la plus frelatée peut momentanément être remisée. Alors modifions la devanture de fond en comble et ripolinons de la manière la plus décoiffante qui soit le managment et le mode de gouvernance de la boutique !
Et de proposer aussitôt comme potion magique une participation de l'ensemble des adhérents de FI ( ensemble vaste et quasi illimité puisque le concept d'adhérents y est très élastique) ; une participation, non plus à cliquer de manière binaire oui/non, mais à s'exprimer graduellement, de A à E, sur une échelle permettant davantage de ...finesse et peut-être, si on sait s'y prendre, de consensus ; à ne pas confondre avec compromis, terme dont l'usage est en ce moment un casus belli qui peut conduire tout droit à l'excommunication voire à une lapidation pure et simple.
Désormais toute décision à prendre et toute orientation proposée sera notée comme suit :
A; Très bien
B Bien
C passable
D non
E à rejeter
En somme, une sorte de démocratie à la carte dans laquelle il ne restera plus qu'à tirer au sort les membres d'une Commission Spéciale qui sera chargée de départager et de mettre d'accord ceux qui auront voté "non" de ceux qui auront opté pour "à rejeter". La même commission ou une autre, dont les membres pourraient être tirés au sort ou cooptés par les premiers, serait chargée de départager ceux qui ont attribué sans l'ombre d'une hésitation un "très bien " de ceux plus dubitatifs qui auraient murmurer du bout des lèvres un simple "bien".
Reste en suspens le cruel dilemme que ne manqueront pas de poser ceux qui portent l'esprit de nuance en bandoulière à tout instant.
Est-il concevable de croire que celui qui aura annoncé un "très bien +++++" doive être comptabilisé de la même manière que le porteur d'un mutique "Très bien " qui s'obstine à n'en pas dire plus ?
Quelle différence sera-t-il raisonnable de faire entre un "à rejeter -" et un "non +" ?
In fine, un "très bien -------" n'est-il pas très proche d'un "à rejeter ++++++++" de fort vilaine humeur parce que s'étant levé du pied droit ce matin-là et s'étant foulé une cheville en dérapant sur une descente de lit mal adaptée ?
Pour régler les délicates questions que les nuanceux invétérés se plaisent toujours à poser, une troisième commission s'imposerait. Afin de ne pas perturber davantage les adhérents à jour de leurs cotisations et éviter qu'ils n'en viennent aux mains avec ceux qui s'en sont dispensés estimant que c'est aux riches de le faire pour eux, je propose de ne pas procéder à un nouveau tirage au sort, mais de convier les deux commissions précédentes à sièger en Congrès sous la présidence de Sophia Chikirou.
On finira bien par le régler ce satané problème de démocratie interne qui empoisonne la vie de FI et laisse si mal augurer ce que pourrait devenir la France si d'aventure elle tombait entre leurs mains velus.