Un taxi pour Tobrouk de Denys de la Patellière se déroule dans le désert de Lybie où l' équipage d'un véhicule des FFL (Force Française Libre) se retrouve livré à lui-même après avoir perdu son unité lors d'un engagement. Le film est sorti sur les écrans en 1961 et je l'ai vu la première fois lors d'une reprise estivale, en 1976 probablement. Je l'ai revu quelques années plus tard sur le petit écran et il figure désormais en bonne place dans ma DVDthèque.
Lino Ventura, Maurice Biraud, Charles Aznavour et German Cobos sont respectivement le quartier-maître Dumas, cafetier dans le civil, François Gensac à qui son engagement dans les FFL a enfin permis de ne plus s'ennuyer, Samuel Goldman, interne de médecine, de confession israélite, qui s'est engagé pour échapper aux persécutions antisémites et Paolo Ramirez, qui s'est évadé de prison à l'occasion d'un bombardement et échappe ainsi à une exécution capitale. Le Hauptmann (capitaine) Ludwig von Stegel de l'Africakorps est campé par le lumineux Hardy Krüger.
Ces cinq hommes unis par la volonté de survivre en un milieu hostile fait de sables mouvants, de champs de mines et plus simplement au fait qu'ils appartiennent à deux armées ennemies et en guerre vont rassembler leurs forces pour faire face et se faire face de temps à autre. Le quartier-maître Dumas, marin dans un océan de sable, sera le seul survivant de l'équipée.
Nous sommes aujourd'hui le 14 juillet 2022 et, ce matin, le traditionnel défilé des forces armées françaises dans toute leur diversité s'est déroulé sur les Champs-Elysées. Sur nos écrans, ce sont les militaires et leurs engins qui tiennent la vedette avec parfois quelques plans de coupe montrant un président de la République, le visage grave. Nous devinons derrière les barrières de protection ceux qui sont venus voir le défilé, mais nous ne les verrons pas vraiment car ils ne sont pas les vedettes du jour.
La dernière scène d'Un taxi pour Tobrouk se déroule dans la foule qui se presse pour voir et saluer au passage ceux qui ont libéré la France du joug nazi et de la félonie de Vichy. Lino Ventura se souvient de ses compagnons d'infortune qui ne sont pas revenus. Un badaud le rabroue sévèrement : « Tu pourrais retirer ta casquette, espèce de saligaud ». Lino Ventura obtempère : « Excusez-moi, je pensais à autre chose. »
Est-il nécessaire d'épiloguer longuement sur scène ? Ne se suffit-elle pas à elle-même ? Elle m'a en tout cas suffi pour que quelques ….années après avoir vu le film pour la dernière fois, je m'en souvienne encore avec précision et que ce matin devant mon téléviseur elle me soit immédiatement revenue à l'esprit.
Que révèle le cinéma de nous-mêmes ? Plus précisément, qu'est-ce que le film de Denys de la Patellière a réveillé en moi ce matin particulièrement ? Déjà que, ce matin, je regardais le défilé du 14 juillet à la télévision, ensuite que j'ai suivi avec intérêt les propos et les réponses du président de la République aux questions de deux journalistes. J'allais oublier de vous dire, que la veille j'ai pavoisé d'un drapeau aux couleurs de la France et d'un autre aux couleurs de l'Union européenne, comme je le fais les 11 novembre, les 8 mai et à quelques autres occasions. Je le fais, car je ne trouve pas convenable, ni concevable de laisser les représentants de la droite-extrême s'accaparer l'oriflamme tricolore de la République, ni l'hymne de la Révolution française. C'est de cette manière que je m'assure que l'église et la mairie restent en bonne place au centre du village.