J'ai reconsidéré un jour mon opinion sur la question militaire et plus précisément sur la question de savoir s'il nous faut une armée ou non. L'enjeu allait bien au-delà de la question de savoir s'il fallait être en mesure de se défendre et s'il était légitime de le faire en cas d'agression ou s'il fallait accepter d'être vassalisés et asservis.
C'était en 1982. Cet été là, l'armée israëlienne faisait le siège de Beyrouth avec la ferme intention d'y écraser Yasser Arafat et ses combattants de l'OLP. La communauté international condamnait l'Etat hébreu pour ses agissements au Liban et sa volonté de régler la question palestinienne par un écrasement militaire.
Des négociations internationales eurent lieu et la France y a joué un rôle déterminant. Israël consentit à laisser Yasser Arafat et ses combattants quitter Beyrouth pour Tunis, mais préalablement désarmés. Quelle confiance accorder à Ariel Sharon, l'homme des faucons de Tel Aviv ? La France s'est portée garante de la sécurité des palestiniens et du respect des termes de l'accord. Yasser Arafat et ses hommes ont quitté Beyrouth sous la protection des parachutistes français ...en armes.
Sans une force armée imposant le respect, notre promesse et la garantie que nous voulions offrir n'auraient été que du pipeau. Sans le crédit que notre intervention nous a donné, les négociations d'Oslo devant conduire à la reconnaissance mutuelle et à la paix qui se sont ouvertes peu après, n'auraient jamais eu lieu.
Dès lors, une nouvelle approche s'imposait à mon sens et les évènement qui ont suivi en Afrique et aujourd'hui en Ukraine ne sont pas de nature à me faire changer d'avis.