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Billet de blog 24 octobre 2021

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LA POLITIQUE A LE VIDE EN HORREUR

Nous pourrions être contraints de voter dès le premier tour en choisissant le moindre mal pour éviter le pire.

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Nul ne peut connaître à ce stade l'issue de l'élection présidentielle à venir.

L'histoire retiendra que le PS a implosé en 2017 après plusieurs années d'errance politique et l'action conjuguée des dynamiteurs de l'intérieur et de l'extérieur. Arnaud Montebourg, Aurélie Filippetti, Emmanuel Maurel, Benoît Hamon et Jean Luc Mélenchon, aux ego surdimensionnés et aux ambitions démesurées, étaient à la manœuvre. Ils ont étendu leur champ de tir à la majorité parlementaire et à l'exécutif sortis de leurs rangs. Ce sont deux autres serpents, Macron et Valls, que le capitaine avait couvés en son sein, qui lui ont donné le coup de grâce. François Hollande qui se plaît aujourd'hui à tacler dès qu'il le peut et à dispenser conseils et recommandations sans qu'on le lui demande ou peut-être parce qu'on ne lui demande plus rien, avait pris l'habitude hier de godiller le jour au jour à la tête du parti qu'il était censé diriger puis de l'exécutif qu'il oubliait parfois d'incarner.Le pouvoir était à ramasser et Macron l'a fait. Quatre années plus tard où en sommes-nous ?

Aucune candidature crédible n'a émergé à gauche et ne s'est imposée d'évidence. Jadot est un voltigeur de peu d'envergure qui tente de donner corps à une doctrine et un programme le jour au jour ; Hidalgo est une incarnation presque parfaite de l'évanescence ; les bégaiements politiques de Roussel font peine à voir et il ne sera jamais que l' homme d'un passé définitivement révolu.

Mélenchon, quant à lui, est un homme dangereux qui fait asséner un programme obsolète par ses adeptes, en hébétude devant un homme qu'ils voient providentiel. Le nébuleuse mélenchoniste, qui s'apprête à changer de nom pour faire croire qu'elle aurait réalisé l'union de tous sur le programme d'un seul (ce qui est une mystification de plus), envisage le chaos avec une sérénité déconcertante. Une constituante dont Mélenchon se garde bien de dessiner les contours et les étapes de mise en œuvre. Une nouvelle Constitution qu'il veut à sa main ; du référendum en veux-tu en voilà, dans le seul but d'organiser des plébiscites chaque fois que nécessaires probablement ; de la révocation d'élus, de préférence ceux qui ne se soumettent pas, sans doute avec des mises en scène permettant de désigner les opposants à la vindicte d'une populace préalablement chauffée à blanc par un tribun déchaîné.

La droite dite républicaine n'est guère mieux lotie. De laborieuses critiques souvent capillotractées et sans fondements, tant Macron a réussi à brouiller les pistes ; quelques saillies sécuritaires inspirés par un Ciotti qui rêve de voir venir son heure ; les petites miaulements de contentement de Pécresse ; les démonstrations de french-cancan de Bertrand qui vit dans la hantise d'un grand écart dont il ne se relèverait pas. Ils n'ont qu'une idée en tête : dynamiter à leur tour le président Macron et la politique qu'il mène.

Ils n'ont aucune alternative à proposer et ne se rendent même plus compte qu'ils sont en train de faire le lit de la droite la plus extrême que la France a vu émerger depuis Pétain. Ils ne réalisent pas davantage que l'ennemi de la démocratie les a patiemment infiltrés et qu'ils sont de plus en plus à poils !

L'incurie des premiers comme des seconds, toujours contents d'eux-mêmes et plus frémissants d'impatience que jamais, a ouvert la voie à tout ce que notre pays connaît comme nostalgiques d'un autoritarisme sans limites. Le néant s'ouvre devant nous, il archipellera toujours plus dangereusement l'électorat et risque d'abaisser le niveau de qualification pour le second tour. Plus grave encore, la démultiplication des candidatures, dont beaucoup s'évanouiront sans doute bientôt, mais dont les plus sectionnelles surnageront, risque de conduire à un président mal élu dont les ennemis de la démocratie auront tôt fait de contester la légitimité. Le néant ne porte pas que sur le nombre de prétendants à la magistrature suprême, il est dans les contenus catégoriels même des propositions et de l'absence de réponses sérieuses aux enjeux de demain.

Aux législatives qui suivront cela pourrait conduire à une Assemblée atomisée et opportuniste qui paralyserait l'exécutif en permanence et conduirait au chaos dont certains rêvent secrètement. Pour toutes ces raisons, il devient de plus en plus évident que demain nous pourrions être contraints de voter dès le premier tour en choisissant le moindre mal pour éviter le pire.

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