Racisme à l'encontre de Taubira: "Pendant plus de trois mois on m'a traitée de guenon"
Par Freddy Mulongo, lundi 2 juin 2014 Radio Réveil FM International
Christiane Taubira, la Garde des sceaux à Matignon à bicyclette.
POLITIQUE - La semaine de Christiane Taubira s'annonce chargée. L'Assemblée nationale entame mardi 3 juin l'examen de sa réforme pénale controversée qui créé une peine de probation jugée plus efficace que l'enfermement pour lutter contre la récidive.
Taubira : «Pendant plus de trois mois on m'a... par leparisien
Taxé de laxiste par la droite qui n'a de cesse de s'attaquer à la garde des Sceaux, ce projet de loi qui ambitionnait de repenser le sens et la finalité de la peine en privilégiant la réinsertion a perdu un peu de sa portée lors les arbitrages gouvernementaux mais marque néanmoins une rupture avec l'orientation des dernières années. Il devrait déchaîner les passions dans l'hémicycle, à droite mais aussi au sein du groupe socialiste où l'on voudrait aller au delà d'un compromis considéré trop tiède.
"Moi je suis en capacité d'encaisser"
C'est à l'occasion de cette actualité que la garde des Sceaux a répondu aux questions de cinq lecteurs du Parisien. Et comme on peut l'entendre dans la vidéo ci-dessus, la question du racisme dont elle a été la cible ces derniers mois a été largement évoquée.
"J'ai quatre enfants et deux petits-enfants qui entendent que leur mère et leur grand-mère est une guenon. Moi je suis en capacité d'encaisser mais pour mes proches, c'est difficile", a-t-elle déploré en estimant que ceux qui la traitent de guenon "prétendent [l']exclure de la famille humaine".
"Je me ramasse à la figure depuis plus de trois mois...d'abord depuis plus de deux ans des trucs limites! Les responsables politiques sont très subtils, ils arrivent à la ligne de la loi, qu'ils ne franchissent pas mais ils mettent une ambiance... Et puis il y en a d'autres qui franchissent", a-t-elle poursuivi avant d'ajouter: "En plus de ces deux ans, je me ramasse pendant plus de trois mois des "guenon" à la figure".
"Je n'ai déposé aucune plainte, aucune", a-t-elle rappelé en soulignant que certains lui ont reproché de trop en faire. Interpellée sur le fait qu'elle avait tout de même écrit un livre à ce sujet, elle a répondu: "J'ai écrit un livre, bien après. Après des commandes de cinq éditeurs au moins, auxquels j'ai dit non. Et puis à Noël j'ai commencé à écrire".
Et de conclure: "Je pense qu'il fallait écrire, il fallait au moins faire ça".