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Journaliste congolais vivant à Paris, défenseur de la liberté d'expression. Fondateur de Réveil FM International.Créée en 1999 à Kinshasa, Réveil FM est devenu Réveil FM International depuis 2007 à Paris.

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Billet de blog 3 octobre 2021

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RDC: Loi Tshiani ou l'apologie d'un racisme mal placé de Raymond-Camille Inwen Langan

Belle analyse de Raymond-Camille Inwen Langan, qui ne fait pas l'unanimité dans la communauté congolaise. La capitulation de Tshilombo Tshintuntu , pantin-marionnette du Rwanda et son régime d'imposture, d'usurpation et d'occupation mettent à fleur de peau, les Congolais de père et de mère. Un intellectuel ne jongle pas avec son intelligence et des faits historiques, à moins d'être un vendu.

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RDC: Loi Tshiani ou l'apologie d'un racisme mal placé de Raymond-Camille Inwen Langan

Freddy Mulongo Mukena, Réveil FM International

Illustration 1

LOI TSHIANI OU L’APOLOGIE D’UN RACISME MAL PLACÉ.

Mon meilleur ami d’enfance et voisin dans ma cité natale dans le Kwilu profond, Etienne, avait le teint clair, des cheveux bouclés et des yeux d’un bleu pâle. Je ne voyais pas ces différences. Il était mon ami et mon frère. Nous sommes nés en 1954. Nous avons tout appris ensemble à l’école, le football ou la chasse et la pêche auprès de nos aînés. Dans cette même cité de Mangai vivait Anne-Marie, on dirait une sœur d’Etienne grâce à son teint et à ses cheveux lisses, avec qui elle n’avait aucune relation familiale.

A 15 kilomètres de là, à Ipamu, mon cousin, vivait avec sa femme presqu’une blanche comme les religieuses européennes auprès de qui elle a vécu. Ils avaient des enfants, mes neveux au teint plus clair que le reste de notre famille. Le terme métisse n’était jamais utilisé en famille pour les désigner.

En grandissant, j’ai joué au football, à Idiofa, chef-lieu du territoire du même nom, avec Jean-Marie, qui devint mon grand ami. Il était un métis, mais nous ne voyions jamais cette différence, mais des performances sportives.

.A l’université, j’ai toujours cru que mon voisin de chambre, Jean-Marie de prénom aussi, était un blanc et non un métis. Il était énervé et frustré chaque fois qu’on le désignait ainsi.

J’a fréquenté la famille MULONGO, des métis bien connus au Katanga . Ils étaient Katangais et surtout Balubakat pur sucre avec Georges un grand homme politique, membre du bureau politique,Victor un haut fonctionnaire de l’Etat et Secrétaire Général dans l’administration publique et Jean, mari de ma cousine, un grand mécène dans la musique.

A la fin de mes études universitaires, j’ai eu comme élèves à Kapolowe dans le Katanga , Moise Katumbi avec ses cousines jumelles Kapia et Mpundu, des Katangais de souche, irréprochables dans leur comportement en classe ou l’internat avec le autres élèves ou vis-à-vis des professeurs que nous étions, malgré leur situation sociale aisée.

Ici en France, où je vis depuis une trentaine d’années, j’ai découvert, avec effarement que les métis étaient des noirs, des asiatiques, des arabes mais jamais des européens comme leur père ou leur mère. Je n’ai jamais entendu un français dire que Yannick Noha était, comme sa mère, breton, par exemple, ou que Sonia Rolland, l’ancienne miss France était , comme son père, blanche. Mohamed Ali, Obama étaient dits américains et noirs, Bob Marley était noir, aussi. Toutes ces personnes acceptent qu’elles soient, en-dehors du circuit familial, ostracisés et vivent avec leur étiquette de noirs, d’arabes ou d’asiatiques.

Chez nous en Afrique et particulièrement en République Démocratique du Congo, au contraire des Européens, les métis font partie intégrante de notre société, ils ne réclament jamais leur « Europeanité » et Ils sont, même, placés en haut de l’échelle sociale en leur qualité de descendants des colons qui, se sont imposés à nous comme étant une « race » supérieure.

Dans la troisième République, Mobutu avait, autour de lui, le clan des métis comme Kengo et Seti et celui des noirs comme Ngbanda et Mokolo. Tout dirigeant politique ou grand homme d’affaires cherchait à avoir une épouse métisse ou une copine métisse de teint clair.

Aujourd’hui, la proposition de loi clivante TSHANI veut aller dans une direction déviante contraire à l’histoire de l’humanité, opposée aux us et coutumes de notre pays et de sa constitution de et des valeurs inestimables de la fraternité et de la solidarité africaines. Le terme Demi-Dakar, usuellement utilisé pour les vêtements est appliqué aux êtres humains, les métis qui, comme tous les enfants sur cette terre, n’ont jamais choisi leurs géniteurs.

Cette dérive est dangereuse dans la mesure où elle cherche à diviser et à stigmatiser et exclure, pour des motifs bassement politiciens une partie de filles et fils de notre pays. Nous devons la combattre de toutes nos forces car elle est indigne d’une personne qui a sollicité les suffrages des congolais comme candidat à la présidence de la République.

@Raymond-Camille Inwen Langan

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