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Billet de blog 3 novembre 2021

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Pédocriminalité dans l'Eglise catholique, 330.000 mineurs victimes d'abus sexuels!

C'est un scandale qui éclabousse l'Eglise catholique de France. Le rapport Jacques Sauvé a dévoilé les abus sexuels dans l'Église. Des révélations chocs : 216.000 enfants et adolescents ont été victimes de violences ou d'agressions sexuelles de la part de religieux ou clercs en France, depuis 1950. Le nombre de victimes atteint même  330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs.

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Pédocriminalité dans l'Eglise catholique, 330.000 mineurs victimes d'abus sexuels!

Freddy Mulongo Mukena, Réveil FM International

Illustration 1

Au moyen d'enquêtes, d'auditions et d'études, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (CIASE) a identifié les caractéristiques communes de ces personnes. Le rapport Sauvé estime à 216 000 le nombre de personnes de plus de 18 ans ayant fait l’objet de violences ou d’agressions sexuelles pendant leur minorité de la part de clercs ou de religieux catholiques en France de 1950 à 2020, selon ses conclusions rendues publiques.

Le nombre de victimes grimpe à « 330 000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l’Église catholique » (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a ajouté Jean-Marc Sauvé en rendant publiques devant la presse les conclusions de la commission qu’il préside.

Des chiffres qui ne concernent que les personnes encore vivantes. Le nombre de victimes atteint même « 330.000 si l'on ajoute les agresseurs laïcs travaillant dans des institutions de l'Eglise catholique » (aumôneries, enseignants dans les écoles catholiques, mouvements de jeunesse), a-t-il précisé. L'estimation statistique de ces chiffres comprend une marge d'erreur de plus ou moins 50.000 personnes.

près d'un tiers des abus sexuels dans l'Eglise ont eu lieu dans un cadre scolaire (30%), un peu moins d'un tiers dans un tiers lieu (camp, retraite spirituelle, pèlerinage...) et 15% dans le cadre familial. Mais le premier contexte d'abus sexuels reste celui de l'Eglise, avec 39% des agissements. 

Illustration 2

Le haut-fonctionnaire Jean-Marc Sauvé face à la presse, à la suite de la publication du rapport de la Commission Sauvé surles abus sexuels commis par des membres de l’Eglise catholique, le 5 octobre 2021.

Les « silences » et les « défaillances » de l’Église catholique face aux actes de pédocriminalité commis en son sein depuis les années 1950 présentent un « caractère systémique », a estimé mardi 5 octobre la Commission indépendante sur les abus dans l’Eglise (Ciase) en rendant publiques ses conclusions.

Le silence est assourdissant en République démocratique du Congo où l'Eglise catholique romaine est majoritaire. Si l'Eglise catholique est universelle, peut-on affirmer que les Congolais n'ont pas connus d'abus sexuels de la part des prêtres ? certains prêtres sont mariés  sans que cela n'offusque des évêques. Combien des enfants Congolais ont-ils été abusés par des prêtres catholiques ? 

Plusieurs scandales d’abus sexuels sur mineurs ont éclaté dans le clergé africain ces dernières années. Mais la question, sur le continent, reste taboue.

L’Eglise catholique africaine est-elle touchée ou épargnée par les scandales de pédophilie qui éclaboussent aujourd’hui le clergé, en Europe et en Amérique ? La question est à la fois délicate et difficile. « Au sein de l’Eglise, on n’a pas le droit d’en parler, explique un prêtre congolais des facultés théologiques de Kinshasa. L’institution est gênée, elle ne joue pas le jeu de la transparence. De manière hypothétique, il y a eu des cas en Afrique. » Mais nul n’en parle, à cause de la loi du silence. A Kinshasa, les hommes de Dieu qui s’écartent du droit chemin sont surnommés, en lingala populaire, sango bidoba (littéralement : « prêtres fornicateurs »).

L’affaire qui, ces dernières années, a eu le plus grand retentissement en Afrique francophone concerne un prêtre français, le père François Lefort des Ylouses, qui a officié au Sénégal au milieu des années 1990. Au terme d’une procédure ouverte en 1995, il a été condamné, en 2005, par la cour d’assises de Nanterre (région parisienne), à huit ans de réclusion et à une amende de 134 000 euros pour agressions sexuelles, viols et tentatives de corruption sur six Sénégalais de moins de 15 ans. Des faits niés par l’intéressé.

En Ouganda, en 2009, le père Anthony Musaala a fait l’objet d’accusations de sodomie sur des enfants. Au Kenya, la même année, Renato Kizito Sesana, un prêtre italien responsable du Koinonia Community Center, à Nairobi, a été également accusé de sévices sexuels sur des mineurs. Lui aussi clame son innocence.

En RD Congo, plusieurs scandales ont été étouffés, dont des fillettes ont été les principales victimes. Ainsi, à la mission catholique de Kamponde, au Kasaï-Occidental (Centre), l’abbé Mandanda Nzambi, atteint du VIH/sida, a abusé d’une mineure qui travaillait pour lui comme domestique au milieu des années 2000. Tous deux sont décédés. A Kinshasa, un prêtre a tenté de faire avorter une mineure qu’il avait mise enceinte. Mais lorsque les parents de la victime s’en sont rendu compte, un arrangement à l’amiable a été trouvé.

A Bukavu, dans le Sud-Kivu (Est), une jeune femme qui voulait entrer dans les ordres affirme que certains prêtres ont abusé de mineures. « Ils se sont écartés de leur rôle de guide spirituel. Ils invitaient leurs pupilles à faire des retraites, loin de Bukavu, et ils se retrouvaient dans le même lit. Quand ce n’était pas à la paroisse même », dit-elle. Ces mineures n’ont jamais osé se plaindre.

Les témoignages des victimes sont plutôt rares. Les plaintes aussi.  Christian Terras enquête sur les affaires de pédophilie dans l’Eglise depuis 35 ans. Il fait remarquer que la République centrafricaine n’est pas un cas isolé en Afrique. Des cas d’abus sexuels présumés attribués aux prêtres ont été signalés au Cameroun, à Madagascar, au Nigeria, en Guinée ou en Afrique du Sud, notamment. Chaque fois, regrette-t-il, l’institution catholique s’est efforcée d’étouffer les affaires visant les membres du clergé qui bénéficient incontestablement d’un statut privilégié sur le continent. "En plus de la promotion sociale que représente le prêtre en Afrique, son image est sacralisée et intériorisée, au point que les victimes et leurs familles n’osent pas porter plainte, pour ne pas endommager la réputation de l’Eglise. Et l’institution joue là-dessus pour exfiltrer tel ou tel prêtre, soupçonné d’avoir commis des crimes pédophiles", dénonce le directeur du magazine Golias.

"Je pense que l’église catholique en Afrique se doit de dénoncer tout abus sexuel de la part de ses membres. Qu’ils soient laïcs ou prêtres. Tant que l’épiscopat africain n’en appelle pas à la justice civile et à la police de son propre ressort, eh bien, les victimes sont condamnées à être ignorées et à demeurer dans le silence", plaide Christian Terras.

Christian Terras appelle les pays africains à suivre l’exemple de l’Afrique du Sud, qui a pris des mesures encourageantes visant à porter les affaires de pédophilie en justice lorsqu’il s’avère que les coupables sont pris en flagrant délit d’abus sexuels. Mais au-delà des initiatives prises par les pouvoirs publics, le directeur du magazine chrétien estime qu’il revient surtout aux victimes de s’organiser en associations pour mieux mener le combat et saisir la justice "en prenant à témoin l’opinion publique" par le biais de la presse.

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