France: Le FN bouscule tout
Par Freddy Mulongo, lundi 26 mai 2014 Radio Réveil FM International
Pour la deuxième fois en deux mois, le parti de Marine LePen crée la sensation, s'imposant cette fois largement devant une UMP divisée et un PS aux abois.

« Choc », « Séisme » : Manuel Valls a trouvé les mots justes. Pour la première fois dans l'histoire de la V e République, l'extrême droite arrive en tête d'une élection. Pour la deuxième fois en deux mois, la gauche au pouvoir est laminée par des Français toujours en colère. Qu'ils votent FN ou qu'ils s'abstiennent massivement (malgré un léger sursaut).
Hollande à nouveau sanctionné. Le chef de l'Etat est le grand perdant d'une soirée qui n'est pas sans rappeler celle du 21 avril 2002, qui vit Le Pen père se qualifier au second tour de la présidentielle aux dépens du socialiste Lionel Jospin. Ni le remaniement ni la nomination à Matignon d'un Valls censé redonner un cap et jouer les remparts anti-FN n'auront suffi à relancer son quinquennat. Presqu'à mi-mandat, et alors que le chômage sévit plus que jamais, voilà le président en panne sèche et la gauche en perdition.
Le FN chamboule tout. Le PS est largué, mais pour l'UMP aussi le revers est cinglant. Le pire scénario pour la droite républicaine vient de se réaliser : se faire doubler - nettement - par l'extrême droite. L'UMP, le PS et les autres partis de gouvernement se retrouvent ramenés à une même impuissance par le discours imprécateur de Marine Le Pen. Depuis qu'elle a pris les rênes du FN début 2011, sa formule, mélange de dédiabolisation et de feu à volonté sur les institutions - partis, gouvernement, Europe - fait mouche dans un pays prompt à faire valser ses dirigeants à chaque scrutin. Voilà pourquoi la patronne du FN réclame une dissolution de l'Assemblée.
Le rejet de l'Europe. C'est aussi une institution jugée trop complexe, techno, éloignée des citoyens qui a été ciblée hier. D'ailleurs, les eurosceptiques ont réalisé de bons scores au Royaume-Uni, au Danemark, en Italie... Mais c'est la France qui envoie le plus de députés antieuropéens à Strasbourg. Cette Europe est souvent jugée comme une menace pour le modèle social de la France, voire pour son identité même. Constat amer : la construction européenne ne mobilise plus du tout les citoyens. C'est au contraire la défiance qu'elle suscite, et pas seulement dans l'Hexagone. Si le FN réussit un tel score, c'est qu'il a été le seul à faire campagne sur le rejet de l'Europe, de sa monnaie unique et de ses « frontières passoires ».
Hier soir, de droite à gauche, les ténors insistaient sur l'urgence de tout changer en Europe.