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Billet de blog 1 juin 2025

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Quand les partisans d'Israël se servent de la Birmanie

Plutôt qu'instrumentaliser les Birmans, qui souffrent assez comme ça pour ne pas être en plus l'objet de ce type de manœuvres, merci pour eux, il serait judicieux de se pencher sur les raisons pour lesquelles le terme de génocide est utilisé à la fois par des juristes et des historiens.

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Dans une tribune publiée dans Libération le 21 janvier 2011, le président du CRIF (de l'époque), Richard Prasquier, affirmait (c'était même le titre de la tribune) que « M. Hessel [était] obsédé par Israël ». L'engagement de l'ancien résistant pour les droits des Palestiniens était ainsi dépeint comme une étrange fixation, qui incitait à en interroger les motifs. N'était-il pas douteux en somme que Stéphane Hessel ne voit le mal qu'en Israël et non, par exemple, dans un pays comme la Birmanie, pourtant sous la coupe d'un régime violant les droits humains ?

L'exemple choisi par Prasquier m'avait frappé : Stéphane Hessel, j'étais bien placé pour le savoir en tant que dirigeant de l'association Info Birmanie, était certes engagé pour la Palestine mais également pour la Birmanie.

Et voilà que dans son dernier texte publié sur tenoua.org, le rabbin Delphine Horvilleur évoque à son tour la Birmanie pour jeter le soupçon sur ceux qui critiquent le sort réservé aux Palestiniens par l'État d'Israël. Pourquoi n'a-t-on pas utilisé le terme de génocide pour qualifier d'autres "terrains de guerre, ou la mort de tant de civils innocents ailleurs dans le monde", interroge-t-elle ? Et parmi les exemples qu'elle donne figure le Myanmar, c'est-à-dire la Birmanie. Or le terme de génocide a été utilisé pour qualifier le sort fait par l'armée birmane aux musulmans rohingya.

Plutôt qu'instrumentaliser les Birmans, qui souffrent assez comme ça pour ne pas être en plus l'objet de ce type de manœuvres, merci pour eux, il serait judicieux de se pencher sur les raisons pour lesquelles le terme de génocide est utilisé à la fois par des juristes et des historiens qui se trouvent même être pour partie des Israéliens.

Il est évidemment plus confortable, lorsque l'on peine à sortir d'un ancrage partisan, d'éviter cette discussion de fond en suggérant comme le fait Horvilleur que l'emploi du mot "génocide" s'explique par une hostilité envers les juifs : il s'agirait d'un processus pervers de "nazification" de ces derniers.

Il n'est certes pas difficile d'imaginer qu'il se trouve dans tel ou tel coin un antisémite ravi de pouvoir affirmer que "les juifs", victimes d'un génocide, en commettent un. Cela n'autorise pas cette tentative de disqualification des voix souvent très sérieuses qui estiment approprié l'emploi du terme pour qualifier l'horreur de Gaza.

Frédéric Debomy 

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