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Billet de blog 5 octobre 2025

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La croisière s'amuse, disaient-ils (bis)

On se contenterait volontiers de ceux que l'on connaît déjà le mieux, d'une Sophia Aram à un Raphaël Enthoven. Mais non, il existe d'autres propagateurs de fiel par temps de génocide et je découvre une certaine Bérengère Viennot.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La traductrice et journaliste Bérengère Viennot (que je découvre) sur X le 1er septembre 2025, réagissant à l'annonce de la mise en place de la Global Sumud Flottilla et de la participation de Greta Thunberg à cette initiative : "Si les vacanciers du génocide avaient le moindre soupçon de pouvoir atteindre Gaza sans être interceptés par Israël, yen a pas un qui bougerait son cul de la rade. Ni courageux, ni téméraires."

Un propos qui suggère que les Gazaouis sont des barbares et dont on appréhende mieux la valeur et, cela va sans dire, l'élégance, lorsque l'on apprend le sort réservé par les autorités israéliennes à Greta Thunberg pour la punir de son action : l'humiliation, la torture. La fable qui veut que les activistes défiant le blocus illégal d'Israël ne se soient exposés à rien a-t-elle enfin vécu ? 

Ce tweet n'est pas isolé, comme l'on pourra facilement s'en assurer en prenant connaissance d'autres des commentaires de Bérengère Viennot en furetant sur Internet. 

On découvre aussi, lorsque comme moi on ne la connaissait pas, qu'elle s'est intéressée à la langue de Trump pour en fustiger la vulgarité, les fautes de syntaxe (du genre "yen a pas un"?) et le recours aux "sarcasmes" et aux "invectives", "signes d'un rapport dévoyé à la réalité et à la culture" (selon la présentation des Arènes, éditeur de son livre). Certes. Mais est-on bien à même de critiquer Trump lorsqu'on rédige un tweet comme celui que je viens de mentionner (c'est-à-dire lorsqu'on s'exprime comme lui et ce tweet n'est nullement une exception)?

À l'arrivée, cette commentatrice subtile s'est vue déprogrammée d'une manifestation à Douarnenez en raison de ses prises de position publiques, sur la Palestine notamment. Et bien sûr, elle s'en insurge : "C'est du délit d'opinion". 

La même réaction que Raphaël Enthoven.

Ces gens semblent s'être pensés à l'abri de tout du fait de la liberté d'expression. Et lorsqu'ils indignent à juste titre des personnes ou des organisations qui ne goûtent pas leurs sorties et ne souhaitent plus les recevoir ou jugent dérangeant qu'on leur donne une tribune ils n'ont pas l'honnêteté de reconnaître qu'ils en sont les seuls responsables. Non, ils voudraient passer pour les martyrs d'une armée de censeurs.

S'ils souhaitent moins déplaire, il y a pourtant une solution des plus simples : arrêter de dire des saloperies. Et, bien entendu, commencer par reconnaître qu'on en a dit et que c'était peu honorable ne serait pas malvenu. 

Mais certainement au-delà de leur portée. 

Frédéric Debomy

P. S. Bérengère Viennot, comme je le remarquais plus haut, suggère par son tweet qu'il y aurait eu un danger pour les équipages de la flottille à rencontrer les Gazaouis. Elle suggère même que les activistes (qui ne seraient donc qu'une bande d'hypocrites occupés à faire un genre de show) en auraient été parfaitement conscients. Suggérer qu'une population victime de barbarie est une population barbare, c'est assurément remarquable. J'ai à l'esprit cette petite fille de Gaza, apparue dans une vidéo, qui sur la plage espérait l'arrivée de la flottille et, dans l'attente, réalisait un dessin de cette arrivée espérée. On y voyait, de mémoire, une main tendue, reliant la population de Gaza à la flottille. Je ne sais ce que cette enfant a pu traverser ces deux dernières années mais nous pouvons tous imaginer que cela aurait dû lui être épargné. Avec un tweet comme celui que j'ai mentionné, Bérengère Viennot ne lui crache-t-elle pas au visage ?

P. P. S. Une confirmation du sens du tweet que je mentionne avec un autre tweet de Bérengère Viennot daté du 4 septembre dernier, relatif à une activiste de la flottille qu'une vidéo montre en train de danser : "Elle n'a pas peur du Hamas parce qu'elle sait qu'elle ne le verra jamais, et tant mieux pour elle. La dernière fois qu'une fille aussi jeune, libre et joyeuse est entrée à Gaza, c'était sous forme de cadavre démembré et violé à l'arrière d'un pick up, sous les vivats de la foule." Gaza = Hamas et tous barbares à Gaza. En bon français, une traductrice devrait le savoir, ça s'appelle du racisme. On notera aussi que de tels propos ne dissuadent pas le magazine Le Point de recourir à ses services. Mais il est vrai que Franz-Olivier Giesbert avait participé à un événement de soutien à l'armée israélienne où l'on s'amusait d'un quiz sur le nombre de Gazaouis assassinés depuis le mois d'octobre 2023.

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