Une publication sur X :
"Je regardais tranquillement Greta & Rima, saison 2 de La Flottille, ou les filles se jalousaient un pilote de drone grec … Et là, sur les réseaux des spoilers racontent la fin où apparemment, c’est Israël qui est un méchant. Merci les gars, plus la peine de regarder. Suis deg !"
Ce doit être une drôle de chose d'être Rachel Khan. Le personnage ne mérite sans doute pas que j'y revienne (et je m'épargne la plupart du temps ses sorties) mais elle provoque une fois de plus ma sidération.
S'employer à offrir de soi-même une image de juste et n'apparaître pourtant que comme un troll haineux d'une particulière visibilité, jusqu'à réduire son audience à un public de partisans inconditionnels d'un État dont l'action présente, il faut bien le dire, fait honte à l'humanité (et plus largement sans doute à un public d'extrême-droite et de la frange la plus irrécupérable de ceux qui se revendiquent de la république, de la laïcité, de l'humanisme, de l'universalisme... en se payant de mots).
Car - pour ceux qui n'auraient pas suivi - l'inquiétude de l'équipage du Madleen lorsque surviennent des drones - qui peuvent être d'observation ou d'attaque - est parfaitement légitime. Quant à savoir si Israël est le "méchant", le fait est que l'armée israélienne a menacé publiquement de s'en prendre à ce navire humanitaire décidé à défier le blocus illégal d’un État utilisant la famine comme une arme de guerre.
Rachel Khan peut bien tout expliquer toujours par l'antisémitisme supposé des militants des droits humains embarqués sur le Madleen ("Greta Thunberg dont l’idéologie environnementale se limite désormais à la propagation du climat de haine, un antisémitisme d’atmosphère planétaire", tweetait-elle hier)
et peut-être sera-t-elle encore récompensée à l'avenir de prix littéraires décernés à l'Assemblée nationale ou au Sénat, ce qui au passage nous renseigne sur le niveau intellectuel d'une partie de nos "élites" au vu de la bouillie argumentative qui caractérise un livre comme "Racée" (et, je le suppose, sa suite), il n'en reste pas moins qu'à se destiner si vaillamment aux poubelles de l'histoire elle finira en effet bien par y parvenir.
Frédéric Debomy
P.S. Rachel Khan n'est pas isolée, un journaliste de Marianne écrivant : "Le vrai gain de cette expédition est évidemment communicationnel, la mise en scène personnelle de chacun est l’objectif. [...] Ce qui compte, ce n’est pas la destination, c’est la bonne conscience qu’on se fait en chemin." Évidemment, dit-il. Ce qui est évident c'est qu'il y a d'un côté des gens qui prennent des risques et de l'autre côté des gens qui (mobilisés par leur "mauvaise conscience" ?) cèdent à la tentation facile, comme l'écrit justement un journaliste de Libération, "de se moquer depuis son canapé". J'ignore s'il faudra que le navire coule pour que la rédaction de Marianne trouve gênant d'avoir titré cet article "Gaza : Greta Thunberg et Rima Hassan sont sur un bateau, l'humanitaire tombe à l'eau". Rien de nouveau sous le soleil : ceux qui ne s'engagent pas aiment à critiquer ceux qui agissent.