J'ai commencé, en avril 2024, ce que j'appellerais un journal de l'infamie, très incomplet tant cette infamie est prégnante. En relevant d'abord un propos de Raphaël Enthoven : "Il y a une différence à faire entre des gens qui sont des civils, qui sont assassinés dans la rue par des commandos islamistes qui débarquent dans les villages pour brûler les maisons et les victimes collatérales de bombardements consécutifs à cette attaque. Il faut marquer cette différence, c'est même très important de la faire." Il fallait donc faire la distinction entre victimes civiles israéliennes et victimes civiles palestiniennes, à l'avantage des premières et en adhérant à ce mensonge selon lequel l'armée israélienne ne visait pas délibérément des civils.
Depuis, mes billets se sont enchaînés, réactions à certains de ces propos, parmi une montagne de propos, qui permettent selon moi que se poursuive le crime, des arrangements avec la vérité de pseudo-humanistes à des déclarations exprimant une haine palpable. Tous ceux que j'ai mentionnés, et d'autres encore, portent à mes yeux une responsabilité dans ce qu'un nombre conséquent de spécialistes estime être un génocide.
Les mots ne sont pas innocents : ils peuvent alerter - ce sont les mots de Greta Thunberg - comme empêcher de voir, fournir des excuses, amener à différer le moment de l'action.
S'il n'y avait pas eu tous ces gens, il aurait pu y avoir davantage d'engagement de l'État français pour que le crime cesse. Car il y aurait eu un seul message : cela doit cesser, et nos représentants, en bons politiciens, en auraient probablement tenu compte (au moins dans une certaine mesure).
Mais ce n'est pas ce qui s'est passé, en raison de toutes ces voix œuvrant à noyer l'évidence d'un appel à l'action.
Quelles que soient leurs motivations, qui peuvent être diverses et ne nous intéressent pas, ces gens, qu'ils prétendent se soucier des Palestiniens ou non, portent à mes yeux une responsabilité dans le fait que cette horreur se prolonge.
Pour moi, ils sont complices.
Frédéric Debomy